Je découvre à l'instant chez Secret Défense le texte d'un aumônier militaire qui déplore le manque de résonance, dans les médias et les blogs de défense, de l'action des hélicoptères de l'ALAT en Libye, et écrit vouloir "réparer un oubli et une injustice". Il ne fait d'ailleurs que d'amplifier un état d'esprit en partie répandu dans l'ALAT, notamment chez certains opérationnels, d'être les mal-aimés de la presse.
Je ne suis pas très qualifié, ni en oublis, ni en injustice, par contre, par contre il me semble très étonnant d'imputer aux médias et aux blogs de défense l'absence de résonance. Etant à bord du BPC, l'aumônier n'a pas pu manquer d'y constater l'absence quasi-totale de journalistes et de s'interroger sur les motifs de cette absence.
Pour rester pédagogique et même pas polémique, il faut revenir à quelques fondamentaux. Pour faire leur travail, les journalistes ont, de temps en temps, besoin de cotoyer leur matière, ici, des hélicoptères, des équipages. Quand ils ne sont pas en contact avec leur matière, ils ont aussi besoin d'informations factuelles : peut-être pour protéger l'action des militaires engagés en opérations, ces informations sont quasi-inexistantes, à Paris, sur les opérations, et particulièrement sur les hélicoptères. C'est d'ailleurs à peu près la même chose pour d'autres hélicoptéristes engagés sous d'autres cieux. Je me souviens même être resté, en décembre dernier, sans pouvoir même photographier des hélicoptères de l'ALAT à Kaboul parce qu'une exclusivité avait été négociée avec une émission de télé (qui n'a pas pas porté au final sur l'ALAT...). Quelques mois plus tôt, un seul photographe avait été autorisé à photographier le Tigre en Afghanistan. Pendant des mois (pour ne pas dire plus), c'est la préparation à l'Afghanistan des Alatmen qu'il était impossible de couvrir. Cela pose évidemment d'énormes problèmes d'accès à l'information, pour le moins.
Néanmoins, il faut être juste, quand on réussit à accéder, aux personnels, il reste possible d'évoquer l'engagement de ces engins et de ces hommes (et femmes) normalement.
Pour revenir au cas spécifique d'Harmattan, il faut reconnaître que contrairement à la base de Solenzara, voire, dit-on, au porte-avions Charles-de-Gaulle, les BPC de la marine ne se sont pas signalés comme étant faciles à rejoindre par des journalistes (2). Si l'on prend mon simple exemple personnel, malgré plusieurs demandes, on ne m'a proposer d'y grimper que le jour où... les rebelles sont entrés dans Tripoli, c'est-à-dire, deux mois et demi après le début des raids aéromobiles. Et donc, par rapport à l'évènement, trop tard. Faire un reportage sur l'aéromobilité à bord d'un BPC dont les hélicoptères ne décollent pas ou presque plus n'a aucun sens.
(1) et comme eux, et également engagés dans Harmattan, les sous-mariniers, les commandos du COS et agents de la DGSE... sans oublier les hélicoptéristes de l'armée de l'air qui n'ont pas eu, eux non plus, droit à une très grosse exposition.
(2) Paris-Match a pourtant réussi à le faire, comme l'hebdomadaire avait aussi réussi, dès le début des opérations, à se glisser, premier parmi les premiers, à bord d'un C-135FR, et du PACDG.