Le chef des armées a annoncé ce soir que la France se tenait "prête à mobiliser" des moyens aériens et navals, pour acheminer de l'aide au Pakistan, dont 20 millions des habitants sont privés de tout suite aux effets de la mousson. Nicolas Sakozy l'écrit dans une lettre à José Manuel Barroso, rendue publique ce soir par l'Elsyée. Le président français explique par ailleurs au président de la commission européenne que ces moyens seront engagés sous la bannière de... l'OTAN (1), demandant au passage à Barroso de faire avancer un des serpents de mer européens, "une véritable capacité européenne de réaction à ce type de crise". Il conclut sa lettre en ajoutant que "la France fera prochainement des propositions en ce sens".
Dans l'immédiat, le quai d'Orsay a annoncé en début de soirée l'envoi, mercredi, d'un avion chargé de 60 tonnes de fret humanitaire.
La France dispose d'une petite capacité de projection stratégique, avec les A310, qui ne sont pas engagés, actuellement, dans des relèves de personnels, mais surtout avec les C-135FR des forces aériennes stratégiques (FAS). Ces deux moyens avaient déjà oeuvré après le séisme en Haïti, en janvier dernier.
Seulement, les besoins se situent également en termes d'aéromobilité tactique, et là, la France n'a pas grand'chose à offrir, ses douze hélicoptères positionnés en Afghanistan suffisant tout juste à couvrir les besoins. Les temps de trouver et d'envoyer des engins de métropole, l'urgence humanitaire sera passée. Les deux Transall de Douchanbe étant eux, plus facilement engageables pour du "brouettage".
Le recours à des moyens maritimes nationaux dépendra du type de moyens nécessités par le Pakistan. On se souvient qu'un BPC avait déjà été missionné pour une mission (sans déchargement) au large de la Birmanie, et qu'un TCD avait été engagé au profit de la population haïtienne, en janvier.
Les moyens navals les plus proches se situent à la Réunion, avec un pétrolier ravitailleur (et des frégates de surveillance, impropres à une mission humanitaire).
Après une période faste coïncidant avec la vente des Agosta (et non des Scorpène comme je l'ai écrit initialement), les relations franco-pakistanaises demeurent complexes. Il n'en reste pas moins que la France a récemment développé des relations en matière de contre-terrorisme avec ce pays, touché récuremment par les attentats islamistes.
C'est aussi un pays dans lequel la France ambitionne aussi de placer quelques uns de ses meilleurs produits. En tout cas ceux dont la vente ne crispera pas le voisin indien, concerné lui aussi par quelques débouchés potentiels.
(1) rappelons que les deux missions réelles assurées par la NATO reponse force ou NRF depuis sa création est précisément une assistance à une crise humanitaire au Pakistan (octobre 2005), l'autre étant la gestion des opérations aériennes suite à l'ouragan Katrina aux Etats-Unis (en 2005). Rappelons aussi que depuis le 1er juillet, la France assure le commandement de la composante maritime (MCC) de la NRF15, jusqu'à la fin de l'année 2010.