C'est le scénario catastrophe redouté par Paris, qui, interrogé sur le sujet, niait encore l'évidence ces
derniers jours. Bamako a autorisé le déploiement du groupe Wagner sur son sol, une manoeuvre qui a bien commencé. "Il se manifeste par une présence et des activités que nous avons commencé d'observer (Paris, qui n'a pas de moyens militaires à Bamako, n'explique pas comment il peut être aussi péremptoire), la présence d'opérateurs de Wagner sur place, des activités de préparation opérationnelle et de logistiques plus importantes. Et par ailleurs l'implication de moyens militaires russes dans ce déploiement engagé" explique une source gouvernementale. Une autre source gouvernementale ne sait pas chiffrer les volumes déployés, ni le nombre de rotations d'avions russes. Mais assure par contre qu'un "camp est en construction" sur l'aéroport de Bamako.Une situation que Paris déplore aussi dans un communiqué commun (qu'on peut juger très tardif) avec les pays suivants : Allemagne, Belgique, Canada, Danemark, Estonie, Italie, Lituanie, Norvège, Pays Bas, Portugal, République Tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Suède. La plupart sont présents militairement au Sahel, dont une bonne partie dans la TF Takuba (qui pourrait donc exploser, ou voir les relèves s'assécher) et dans la Minusma. On l'a vu, les Etats-Unis ne signent pas cette déclaration. Et pour cause, elles ont déjà fait cette déclaration il y a plusieurs jours. L'Europe est donc une fois de plus à la traîne.
"Nous regrettons profondément la décision des autorités de transition maliennes d’utiliser des fonds publics déjà limités pour rétribuer des mercenaires étrangers au lieu de soutenir les forces armées maliennes et les services publics au bénéfice du peuple malien. Nous avons connaissance de l’implication du gouvernement de la Fédération de Russie dans la fourniture d’un soutien matériel au déploiement du groupe Wagner au Mali et appelons la Russie à adopter à se comporter de manière responsable et constructive dans la région (...) Nous ne renoncerons pas à nos efforts pour répondre aux besoins de la population malienne."
Le combat continuerait donc aux côtés des FAMa et au Mali, ce qui n'est pas forcément très compatible avec la présence de Wagner. "Une coordination étroite" entre les signataires se poursuivra dans les semaines à venir évoque la source gouvernementale.
Le communiqué des pays évoque aussi le soutien aux déclarations de la CEDEAO du 12 décembre 2021. De nouvelles sanctions risquent donc de tomber contre les responsables de la junte malienne (ils y en a déjà 240 d'après Paris).
La présence de Wagner amène un risque supplémentaire supplémentaire dans les opérations. En opérations, tous les combattants à peau blanche se ressemblent, surtout aux yeux des locaux. Une assimilation des actes de Barkhane, de Takuba et de Wagner est donc fort possible, ce qui pourrait encore alimenter le sentiment anti-français. De même, le risque de tirs entre les différentes entités est aussi possible. Tout comme le dévoiement de procédures comme celles apprises aux GATA : Barkhane pourrait-il se retrouver à devoir réassurer des FAMa encadrées par Wagner ?
Enfin, il est désormais difficile de persister à former une armée malienne (EUTM, Takuba) sur des savoirs-faire qui seront vraisemblablement détricotés par Wagner.
Pour Paris, "le déploiement en cours de Wagner répond davantage" aux autorités de transition à assurer leur maintien qu'à assurer la sécurité des Maliens.
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