Comme ce blog l'expliquait hier, les embeds de candidats à la présidentielle répondent à des critères
normés. Comme ceux de la presse.Selon nos informations, le ministère des armées demande notamment aux candidats de ne pas faire de médiatisation de leur visite aux troupes pour éviter une instrumentalisation des forces armées et des militaires captés en photo ou en vidéo. Et pour tout dire, laisser un minimum de spontanéité à ces échanges : c'est tout l'intérêt de l'exercice. Ni Jean-Luc Mélenchon, ni Anne Hidalgo, ni Eric Zemmour n'avaient une connaissance intime des armées avant ce passage.
Or Jean-Luc Mélenchon avait diffusé des photos de son embarquement (à quai) sur un patrouilleur de la marine, ce qui avait déjà fait couiner en interne. Eric Zemmour, accompagné de son directeur de campagne (qui apparaît sur la moitié des photos, pas courant pour un directeur de campagne), Bertrand de la Chesnais, ancien MGAT, a diffusé cet après-midi sur son twitter 8 photos de sa visite au 43e BIMa. Donc en violation des conditions républicaines de ces visites. Même si la plupart des visages des militaires, essentiellement des légionnaires (dont des GCP), ne sont pas visibles ou ont été floutés.
A ce stade, on ignore si ces photos ont été réalisées par l'équipe du candidat, ou par la communication des FFCI (le floutage pourrait l'attester).
Afin de recadrer les visites suivantes, le cabinet de Florence Parly devrait remettre un tour de vis rapidement sur les conditions d'embed des candidats. La liste des suivants n'est pas connue, à ce stade.
Ces problématiques ne sont pas les seules de la campagne : plusieurs généraux 2S, et vraisemblablement des officiers d'active, sont, comme en 2017, allé nourrir (en numérique ou en présentiel) les équipes des candidats, ce qui pourrait être perçu comme problématique au regard du droit de réserve et de neutralité politique.
Le minarm est lui-même dans une position inédite, puisqu'il n'a pas interrompu sa communication, là où les précédents scrutins laissaient une période de réserve électorale, respectée en général (1). Une source hasarde le fait que le factuel du ministère n'est pas de la politique. Seule la ministre, qui ne goûte pas forcément la compagnie des journalistes, n'a finalement pas changé grand'chose à ses habitudes. Forcément, ses prochains déplacements et ses habituels à côtés avec la politique locale, seront scrutés.
(1) Hervé Morin se faisait par exemple conduire par des militants. D'autres payaient un prorata de valeur de billet d'avions. Mais d'autres, clairement, s'en foutaient.
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