Ce petit malin a grillé la plupart des grosses écuries politiques du moment, et pas des moindres (LR,
LFI, Zemmour), qui ont remis à janvier la présentation de leur programme défense. Mais un petit malin a donc grillé tout le monde sur la grille de départ : c'est l'inattendu Nicolas Dupont Aignan. Son programme pèse un bon 15.000 signes, soit un bon papier de presse magazine, avec néanmoins une petite austérité en matière d'iconographie.Mais le document, consultable facilement sur le site du candidat est plutôt pédagogique (quasiment pas de sigles), ce qui compense la limite qui précède.
Le premier élément visible est la cible des 2,5% du PIB. Le candidat prévoit le recrutement de 40.000 militaires sur cinq ans pour atteindre 250.000 en 2027. A cette date, le budget atteindre 56 milliards d'euros. Après 53 en 2026, et 50 en 2025 (chiffre déjà visé par Emmanuel Macron).
Le texte comporte néanmoins quels raccourcis : "de l'avis même de nos chefs d'état-major, les armées françaises sont aujourd'hui un outil de gestion de crise efficace mais ne sont pas prêtes pour la guerre".
On ne sait pas encore quand ce programme a été rédigé (ni même mis en ligne) mais au plus tôt après la trahison australienne, qui fait l'objet du point numéro 2 du programme.
Afin d'asseoir l'indépendance technologique et l'auto-approvisionnement, et particulièrement dans le nucléaire, le candidat veut "adapter" les moyens de l'ONERA (un choix audacieux, on parle rarement de l'ONERA, et encore moins dans les programmes présidentiels).
La marine est, comme chez Zemmour, gâtée : un second porte-avions, au coût manifestement pas très bien cerné "6 milliards d'euros au total sur sa durée de vie de 40 ans"). C'est le rêve de quelques marins, les PANG seront deux. A mon sens, il vaudrait mieux régler d'abord le sort des frégates et NDA est du même avis. Le nombre de frégates de premier rang est doublé, une tendance à la mode (idem que nos alliés britanniques) mais le candidat n'explique pas où il ira chercher ces marins embarqués, alors qu'il n'est déjà pas très simple d'attirer puis de conserver ceux d'une marine sous-capacitaire en frégates. C'est le signe que par delà le déclaratif, le ou les rédacteurs du programme n'ont pas forcément cotoyé la marine de trop près ces derniers temps.
Le candidat veut aussi porter la force opérationnelle terrestre (le coeur opérationnel) à 100.000 soldats au lieu des 77000 actuels (c'est la Légion qui avait amené en proportion et en qualité le meilleur effectif). Je ne sais pas où il ira les chercher, vu les difficultés à trouver déjà les 77000 et le reste de l'armée de terre. Surtout que le sacrifice suprême ne fait pas partie du rêve de tous ceux qui poussent les portes d'un CIRFA.
On trouve aussi dans ce texte les habituelles mesures normatives qu'on trouve déjà dans les documents budgétaires (ou leurs pendants législatifs...) : "nous veillerons à améliorer le MCO afin de rompre avec le manque de disponibilité chronique de certains matériels". Ce qui suit oublie d'expliquer comment l'équipe s'y prendra.
Chiffre précis par contre sur la chasse, avec un objectif de 250 Rafale en 2030 : il faudra mettre le paquet, budgétairement, mais aussi prévoir rapidement un surcroît de PN (qu'il faudra former d'ici 2030) afin d'éviter qu'il y ait plus d'avions que de personnels navigants.
Un retrait du programme Euromale est aussi annoncé : "trop coûteux, mal défini et faisant une part trop belle aux intérêts allemands". A la place, un drone français (le FrancoMale ?). Mais tout n'est pas à jeter dans la coopération européenne : NDA garde le programme de missile franco-britannique FMAN/FMC de MBDA.
Sans surprise, le candidat veux mieux protéger les pépites de l'industrie nationale. Y compris au besoin "en faisant entrer l'Etat au capital de ces entreprises pour qu'elles demeurent françaises".
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