C'est au moment de l'évacuation de l'ambassade de Kaboul, en août, que la question des plaques
commémoratives des militaires morts en Afghanistan de 2004 à 2012 s'est posée. Depuis plusieurs jours, la situation s'était tendue à l'ambassade, une évacuation par hélicoptère avait été envisagée, puis annulée, après des tirs.Alors que le RAID va quitter le site, dans un convoi qui permettra d'évacuer près de 400 civils, un des policiers décide de ne pas laisser les plaques, étonnamment toujours en place. Et d'autant plus qu'il connaît un des militaires dont le nom figure sur ce mur. Hors de question de la laisser en place.
Avec son couteau tactique, il commence à en détacher une, puis une autre. Il est rejoint par d'autres. Il y a eu 89 morts, 89 plaques, une sacrée masse qui ira remplir d'abord un des 4x4 utilisé par l'unité dans Kaboul, puis un des Atlas qui est rentré en France, par la suite.
Les plaques ont été évidemment restituées par le RAID. Un jour, un militaire est venu les chercher, dans un véhicule, et sans tambour ni trompette, elles sont parties, ailleurs. Un épisode vécu amèrement par plusieurs opérateurs, qui imaginaient un peu plus de solennité venant des armées, à qui ils avaient ramené une part d'elles-mêmes.
Quelques enseignements. Par delà de grandes déclarations et invocations (qui peuvent être sincères), on le voit, la mémoire reste régulièrement sous le radar. Personne ne s'était apparemment soucié du sort de ces plaques, pourtant maintes fois évoqué. Sans ce policier, que serait-elles devenues?
J'ai eu l'opportunité d'aller dans d'autres ambassades. D'autres hébergent aussi des mémoriaux de ce type, et c'est sans doute très bien que les personnels diplomatiques n'oublient pas ces morts. Néanmoins, quand il faudra peut-être quitter d'autres ambassades, évitons, cette fois, de se faire aussi surprendre sur ce point.
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