Une semaine jour pour jour après la fin de l'amitié franco-australienne, et d'une belle brouille de la
France avec ses deux principaux alliés (Grande-Bretagne et USA), les deux présidents Macron et Biden se sont parlés aujourd'hui.Leur communiqué conjoint est une merveille de diplomatie, qui évite les gros mots entendus ces derniers jours, le mot Australie n'est même pas prononcé (c'est tout dire), le tout tenant dans une périphrase qui évoque une décision livrée le 15 septembre.
On apprend aussi que l'ambassadeur de France à Washington va pouvoir retraverser l'Atlantique. Alors que les consignes avaient été données de réduire la voilure avec nos plus anciens alliés (comme nous sommes les plus anciens alliés des Etats-Unis...) pour bien montrer notre profonde gourme, depuis quelques jours, quelques ambassadeurs... flottants l'avaient précédé sur place : une frégate Aquitaine a même mouillé dans le port de Baltimore, pour commémorer les 240 ans d'une bataille navale (à l'époque, on combattait les Britanniques) et un... sous-marin nucléaire, l'Amétyhyste, lui, a même relâché à Norfolk. Presque de l'humour anglais, en pleine bataille de sous-marins.
Il faut néanmoins rappeler la proximité opérationnelle entre nos deux marines, et également nos deux forces aériennes. Et les Etats-Unis se sont même fendus de remerciements, à plusieurs reprises, à l'endroit de nos forces spéciales, pour leurs actions au Sahel et au Levant.
Dans leur communiqué commun, les deux présidents réaffirment leur priorité (bien connue pour le Français) pour l'Indo-Pacifique, et l'Américain assure que "les Etats-Unis s'engagent à renforcer leur appui à la lutte antiterroriste conduite par les Etats européens dans la région du Sahel dans le cadre de leur lutte commune contre le terrorisme".
Pour qui connaît un peu les Américains, les entendre lire que les Européens auraient fait quelque chose dans le domaine de la défense, et plus encore, dans la lutte contre le terrorisme, c'est du grand énorme. Evidemment, même si on a beaucoup pesté contre les Américains ces derniers jours, à Paris, on doit être soulagé en lisant cette phrase conclusive. Car comme je le rappelais il y a quelques jours sur RFI, sans les Américains, Barkhane serait sans doute beaucoup moins fort. Les bataillons, c'est important, mais savoir où les placer, où envoyer les commandos des forces spéciales, cela l'est aussi.
Or, le renseignement aérien américain y est pour beaucoup. Les drones français et les avions de renseignement français aussi, des matériels fournis essentiellement par... l'industrie américaine. Après la passion, la raison reprend toujours le dessus.
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