La base aérienne 104 d'Al Dhafra connaît depuis le weekend un effervescence inhabituelle, liée au
déclenchement sans préavis de l'opération Apagan. Sa capacité contractuelle de traitement quotidien de 2 avions de transport est désormais calée sur un volume de 6 à 8, sans renforts particuliers de la métropole pour assurer leur gestion au sol (1).Dans ces avions figurent d'une part ceux (A400M et C130, avions de transport d'assaut) qui partent vers Kaboul extraire des Français, d'autres ressortissants et des Afghans, et d'autre part, les avions de transport stratégiques (A310 et A330 pour l'instant) qui les ramènent en France.
Les premiers ne peuvent pas décoller vers Kaboul sans avoir pris en compte une kyrielle de contraintes : entre autres, il n'est plus possible d'avitailler à Kaboul, mais la place y est aussi comptée sur les parkings, et évidemment, le risque de prise à partie, au sol comme avant et après le décollage est évidemment bien réel. Le CAOC d'Al Udeid (Qatar) livre les créneaux de vols avec 24 heures de préavis, même si et comme souvent, les rotations sont réalisées en conduite en fonction de l'évolution de la situation. Et ce serait encore plus le cas si la situation sécuritaire dégénérait à Kaboul. Par principe, les ATA restent le moins longtemps possible au sol, à la fois parce que la place est comptée, et pour limiter l'exposition.
Pour l'instant, les avions de transport stratégique (ATS) ont rapatrié à Paris 456 civils toutes nationalités confondues, et un quatrième doit encore décoller en fin d'après-midi. Jusqu'à 250 transitaires et personnels venus de France peuvent être accueillis chaque nuit.
Le personnel de la BA104 doit gérer un flux aéronautique, le gîte et le couvert, le tout en environnement covid, mais aussi souvent la "détresse" des passagers qui arrivent de nuit, après 3h30 de vol depuis Kaboul. Selon le colonel Yannick Desbois, commandant de la BA104, la mobilisation du personnel est "générale" pour contribuer à cette prise en charge humanitaire, notamment celle des plus jeunes et des plus âgés. "Mes personnels s'investissent et font preuve d'empathie" explique-t-il.
Les pilotes de Rafale, qui ont poursuivi leur "entraînement organique" cette semaine ont également été mobilisés pour prendre en charge les civils qui arrivent de Kaboul. Ils restent néanmoins aussi prêts à oeuvrer dans leur métier d'origine en cas de besoin, avec un pod de reconnaissance, ou des armements.
(1) La base emploie 160 personnels de l'armée de l'air, renforcés par vingt autres de l'interarmées. Une trentaine de personnels ont été projetés de France : équipages et soutien des avions de transport, équipes médicales du service de santé des armées et de la sécurité civile, et équipes du quai d'Orsay.
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