Elle n'a jamais hébergé plus de huit chasseurs, parfois un Atlantique et un avion de
renseignement Gabriel, n'employant guère plus de 400 militaires -beaucoup d'aviateurs, mais aussi des ressortissants de l'interarmées, dont des personnels des services et directions- : la base aérienne projetée de Jordanie ou BAPJ, sigle préféré très tôt à H5, son nom dans l'organigramme jordanien, s'est avérée particulièrement rentable.
Si la première frappe a bien été réalisée par un Rafale parti des Emirats Arabes Unis, la BAPJ a vite pris sa vitesse de croisière, pour devenir le coeur de la force d'intervention française contre Daech. Pratiquement les trois quarts des munitions françaises tirées contre l'hydre terroriste ont décollé d'ici. En 2016, un millier de munitions ont été larguées par l'aviation (une année record dans les annales de l'armée de l'air), puis un peu moins de 500 en 2017. Le total de l'année 2018 n'est pas encore arrêté, et pour cause, encore 13 frappes ont eu lieu la semaine dernière. Ces chiffres hebdomadaires qui ramènent à ceux du pic de la bataille de Mossoul sont expliqués par l'EMA par une demande de CAS et une météo favorable dans la zone d'Hadjine. C'est beaucoup, alors que les Français ne sont pas les seuls acteurs aériens du domaine.
Mais ils sont très actifs. Il y a quelques semaines, ils ont très largement participé au freinage d'une attaque de Daech, qui avait profité de mauvaises conditions météo, misant sur l'incapacité des aéroefs de la coalition à frapper. Les JTAR (demandes d'appui) auraient été assez nombreuses, dans ces quelques jours. En fait, en décembre, les Français ont réalisé quasiment le tiers de leurs frappes de l'année, battant le record d'octobre. Le chiffre 2018 sera néanmoins inférieur à celui des années précédentes.
Grâce à un positionnement idéal (un des meilleurs de la région, pas loin de la Syrie et de l'Irak), la BAPJ peut réagir en une poignée de minutes. Les quatre Rafale sont en permanence prêts à décoller entre deux missions, les pleins d'armement et de munitions faits. La zone visée est vite ralliée, et un Rafale peut tenir 12 heures en l'air, de quoi offrir une permanence en cas de besoin des troupes au sol. Et surtout, l'activité tient 365 jours par an, 24h sur 24. Pas de no-fly-day, la piste offre son potentiel par tous les temps, sauf aux gros porteurs, ce qui explique que les tankers du "Bretagne" ont dû aller coucher ailleurs dès le départ de Chammal.
Bref, la mécanique aérienne française tient la route : c'est celle que Florence Parly a choisi d'honorer ce 31 décembre (une semaine après un premier passage prévu du CEMAA), en y réveillonnant avec des parlementaires et des média, après avoir réalisé d'abord un premier stop diplomatique avec les autorités locales, à Amman.
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