Les scènes de violence d'hier, à Paris et en province sont aussi la traduction d'un déficit de moyens.
La mobilisation a été clairement insuffisante, à la fois le résultat d'un choix et... d'un non-choix. Afin de ne pas s'en prendre aux gilets jaunes "authentiques", les autorités disent avoir temporisé à plusieurs reprises (explications déjà livrées lors des actes précédents). Ce qui a permis aux casseurs de pouvoir, en toute impunité, consolider leurs positions, autour de l'arc de Triomphe mais pas que.
Mais à Paris comme au Puy-en-Velay (où la préfecture s'est embrasée), on trouve aussi le résultat d'un clair manque de moyens. Même si certains policiers et gendarmes étaient de service hier là où ils devaient être de repos, les forces mobiles n'ont plus le format et les équipements que les contestataires (ou les... politiques) leurs prêtent. La gendarmerie mobile notamment a été dépecée littéralement ces 10 dernières années, et un seul EGM avait été recréé lors du quinquennat précédent (le 20/1 en septembre 2016). Le manque de moyens avait déjà été noté à plusieurs reprises, notamment lors des violences dans les banlieues (qui pour l'instant restent calmes), en 2005 et 2007.
Ces EGM doivent en plus, contrairement aux CRS, assurer des sécurisations et maintiens et de l'ordre outremer, notamment là où il est le plus problématique (Guyane, Mayotte, Nouvelle-Calédonie où les EGM envoyés en refnort pour les élections rentrent juste).
Si les contestations prennent encore de l'ampleur et durent non plus un samedi mais tout un weekend voire plus, on voit assez mal comment les autorités vont répondre par autre chose que l'état d'urgence, qui ne règlera pas de toute façon les comportements ultraviolents, tout au plus raisonnera-t-il les manifestants pacifiques de ne pas sortir.
En terme d'équipement, tous les canons à eau ne sont pas non plus en état de fonctionnement. Et ils ne marquent pas. Par contre les fabricant de grenades, notamment le Français, sont à la fête. Or on le sait aussi, les conditions ne sont pas favorables : l'aérologie sur la place Charles de Gaulle, très aérée, ne permet pas de considérer qu'un grenadage, même massif, puisse être considéré comme une solution viable.
Le recours à des militaires, évoqué hier sur ce blog pour libérer des policiers et gendarmes en garde statique, n'est pas non plus une vraie solution car la plupart des sites ne sont pas actuellement sécurisés par des personnels qui pourraient être ré-engagés dans du maintien, voire du rétablissement de l'ordre, une discipline désormais technique (1). Seule la garde républicaine est théoriquement concernée : elle protège les palais nationaux, et la remplacer par des militaires pourrait constituer un message historique qui ne serait pas forcément correctement décodé.
En tout état de cause, comme le terrorisme qui n'a pas disparu, ces ultra-violences ne vont pas faire de Paris une ville très touristique en cette fin d'année.
Mes infops et photos sur le twitter @defense137.
(1) pour preuve, le bilan des journées de manifestations.