Depuis ce matin, des avions spécialisés (ravitailleurs, renifleurs, awacs) sont à l'oeuvre au large ou
sur la route de la Syrie, ce qui précède souvent chasseurs et bombardiers. Côté français, il faut faire dans la modestie, car face à un pays qui n'est ni la Chine, la Russie (ou une quelconque puissance moyenne), il y a du répondant en face. Il est donc prudent d'y aller sur des oeufs d'autant que face aux S-300 et S-400 :
. La France n'a plus de capacités de brouillage offensif depuis le retrait du Jaguar (2005),
. La France n'a plus d'armement antiradar depuis le retrait du Jaguar (2005). Ces deux déficits capacitaires ont été régulièrement notés sans que rien ne soit fait pour y remédier, ces systèmes sont pourtant "différenciants" et permettent l'entrée en en premier, y compris en autonome. Ce qu'oublient régulièrement les jolis briefings et documents parlementaires.
Certes, son allié américain est légèrement mieux outillé.
Certes, l'armée de l'air a, en contrepartie, fait du progrès, et détient des missiles de croisière dotés d'une charge brisante, et d'un mode de guidage redondant. En plus, sur les Scalp-EG, il y a du stock, ce qui n'est pas encore tout à fait le cas des missiles de croisière naval (MdCN).
Le porte-avions n'est pas de la partie : il n'est pas capable de repartir en opérations avant le début 2019.
Les sous-marins français ne sont pas dans le coup non plus, en tout cas pas pour frapper. Les SNA Rubis n'ont "que" des Exocet, certes avec une petite capacité anti-terre, mais pas, a priori, dans la bulle recherchée. Le premier sous-marin capable de tirer, comme ses homologues britannique et russe, des missiles de croisière est encore dans son berceau. Et sa livraison n'est pas attendue... tout de suite (je préfère cette formule à une date qui n'a pas cessé de reculer).
Il faut aussi le rappeler au passage, les frégates qui portent ces MdCN cumulent plusieurs soucis : un équipage réduit vivant dans un navire mal stabilisé, et dont les silos doivent se partager entre Aster et MdCN. Un passage un peuu bas d'un avion frappé de l'étoile rouge a, comme a rappelé mon confrère Jean Guisnel, mis en valeur l'intérêt de ne pas tout miser sur le même cheval. En outre, les stocks de MdCN ne sont pas pas très élevés, la faute aux dividendes attendus de la paix, en début de décennie.
Bref, il ne faudra pas tirer trop sur la gâchette. En outre, ce sera le baptême du feu pour cet engin pas supersonique, donc interceptable. Un missile intercepté n'arrive pas au but, mais en plus, il peut s'écraser sur un site civil. Un Scalp-EG, lui, avait préféré une verte prairie, lors d'un tir précédent.
Certes, il est toujours possible de ne rien faire. Mais comme écrit à plusieurs reprises sur ce blog, Emmanuel Macron a une autre vision de son rôle que son prédécesseur. Il n'y a donc jamais eu doute sur le fait qu'il appuiera sur le bouton rouge.
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