Depuis que la France intervient en Syrie, la question de l'ouverture d'un plot resco est lancinante.
Même si elle l'était déjà depuis que des monoréacteurs (les Mirage 2000) ou l'ATL-2, peu adapté, survolaient l'Irak depuis plus d'un an.
Pour ces équipages, un seul salut, les cours de CSAR, et l'intervention de moyens américains basés dans plusieurs bases de la région. Mais cette même CSAR n'a pas sauvé un pilote jordanien de la capture puis du brasier : trop loin.
Pour boucler ce réseau maillé de plots CSAR, la base jordanienne H5, occupée par les Français est plutôt idéale. Les Français aportent depuis septembre 2014 tout le spectre aérien : capacité des frappes en CAS et en AI, guerre électronique, ISR (sans drones, mais avec vecteurs pilotés), manque donc la fameuse CSAR.
La France est pourtant à l'avant-garde et le niveau de ses équipages, relevé. Elle a missionnée une unité dédiée, l'escadron 1/67 Pyrénées. Sa formation s'est faite en 1993, et deux ans plus tard, l'armée de l'air a perdu ses derniers pilotes en opérations, le 30 août 1995.
A l'époque, le plot CSAR était trop loin, et les hélicoptères, trop limités en endurance et en capacité d'emport.
L'armée de l'air a donc dans la foulée lancé un programme dédié le Cougar Mk2 Resco, le Caracal actuel.
19 ont été produits pour le Pyrénées (8), l'armée de terre (8), et la DGSE (9). Dans le lot, plusieurs ont été endommagés à des niveaux divers en entraînement (1) ou en opérations (3), en l'espace de deux ans.
Sur décision peu inspirée du CEMA de l'époque, le Pyrénées en a affecté deux au sein de l'armée de terre, qui manquait de pilotes, de mécaniciens et d'hélicoptères. Il lui en reste donc six à Cazaux, pour en déployer deux à N'Djamena (depuis l'été 2014), deux servant à la formation et à la relève, le solde étant en entretien court ou long, selon les périodes.
Pour ouvrir un plot resco à H5, il faut donc soit démonter le plot de N'Djamena tout de suite, ou ne pas le relever. Barkhane manque déjà cruellement d'hélicoptères et l'EMA n'est pas chaud bouillant pour ce transfert, avec la proximité de Boko Haram (1).
Problème, depuis le mois de juin, le Pyrénées est aussi une unité du COS, il doit donc pouvoir aussi lui fournir des capacités, tout en cotisant au pot commun des forces conventionnelles (mandat de N'Djamena) et en étant capable d'armer un plot CSAR avec les machines servant en fait en France à la formation.
Le plan d'équipement de la Resco prévoyait, au début des années 2000, 14 machines. On en est donc très loin. La perspective que l'armée de l'air puisse récupérer les Caracal de l'armée de terre (qui va recevoir des Caïman à la place) n'est pas pour tout de suite.
L'alternative de court terme, c'est de faire appel aux Puma Resco (également déployés au Sahel ces deniers mois). Malgré leur âge, ils restent dans le coup, pour autant que l'on imagine une prise de risque plus importante. Et qu'il n'y ait pas trop de monde à récupérer.
Dans ce contexte où les rotors de l'armée de l'air sont très demandés (2), l'escadron d'hélicoptères 1/44 Solenzara est en train de monter en gamme, afin de préparer le transfert des Puma de Cazaux, et donc, à terme (peut-être plus tôt que prévu), la participation aux opex. L'histoire du Pyrénées à partir de 1990 en quelque sorte (3).
(1) le Pyrénées vient d'ailleurs de démontrer sa capacité au ravitaillement en vol en opérations, lors d'une projection dans le nord de la zone Barkhane.
(2) Un Fennec reste missionné en RCA, où ces appareils ont montré toute leur plus-value, la première étant la dispolyvalence, contraction de disponilité et polyvalence.
(3) depuis cette date, le Pyrénées et son ESH ont participé aux opex suivantes : guerre du Golfe (1991), alerte CSAR en Italie pendant la Bosnie (1993-1997), Albanie (1997), Kosovo (1999-2000), RDC (2003), Haïti (2004), Afghanistan (2006-2012), Côte d'Ivoire (2006-2007), Tchad/RCA (2007-2008), Libye (2011), Mali (2013), Tchad/Niger (depuis 2014), RCA, Medor (2015).
Un Carcal du Pyrénées dépose un commando Marine, lors de SOFINS 2015. Photo JM Tanguy
Un Puma Resco à Madama. Il fut utilisé notamment par le 2e REP pour les opérations Kunama. Le tapis de sol évite de faire voler trop de sable, les arrimages évitant les destructions de matériel qu'a connue l'armée de terre. Photo JMT
Un Caracal du Pyrénées lors de la répétition du 14 juillet. Photo JMT