C'est le porte-parole de... Greenpeace qui l'annonce, l'armée de l'air a déployé un radar sur le site de
fabrication du réacteur EPR, à Flamanville. Ce type de déploiement n'est pas une première en soi, puisque des radars ont été régulièrement déployés à proximité de sites sensibles, à partir du 11-septembre.
C'était encore le cas lors des commémorations du 70e anniversaire des débarquements de Normandie et de Provence, même si, à l'époque, on n'est évidemment pas allé crier sur les toits que des Crotale-NG couchaient dans les marais salants d'Hyères.
Ces dispositifs sont rodés, et d'ailleurs efficaces, si l'on en juge l'interception d'un ULM tractant une banderole, à Notre-Dame de Lorette, ce 11-novembre.
Mais les hélicoptères Fennec de l'armée de l'air réalisant cette mission souffrent d'une optronique pas toute jeune (pas l'âge de la DS, mais celle de la CX...). Ils sont aussi utilisés en opérations outremer (Guyane, RCA, Gabon, Côte d'Ivoire) pour lesquelles la priorité est logiquement donnée.
Pour couvrir au plus près les besoins des centrales, l'état-major a dû faire feu de tout bois : comme en 2003-2004 pour AZF, on a rameuté les moyens aériens de l'armée de terre. C'est la Dépêche qui a révélé comment des Gazelle étaient chargées de veiller sur un site du sud-ouest, trop éloigné du Fennec Air posté dans cette même zone de défense qui compte aussi quelques zones sensibles.
Cette simple anecdote démontre bien comment les formats sont taillés au plus juste, et n'intègrent pas les problèmes de disponibilité (récurrents, et croissants avec l'âge), ni les situations de crise. En cas d'accident nucléaire ou de crise météorologique, il ne faudrait pas compter massivement sur les hélicoptères des armées. Leurs équipages (désormais segmentés en trois populations, au sein de l'armée de terre) ne sont plus suffisamment formés pour cela, surtout s'il fallait voler de nuit. Et il n'y a tout simplement pas assez d'hélicoptères pour réagir en nombre et dans la durée. Les moyens du ministère de l'Intérieur sont concernés, eux, par de fortes réductions de périmètre, et le gabarit des engins limite en outre la capacité d'emport.
Il faudra donc, comme en 2005 aux Etats-Unis après Katrina, qu'on rencontre cette situation de crise, qui viendra forcément, qu'on se lamente sur les carences des armées (en fait, l'incurie de l'Etat), et ensuite, peut-être, obtenir un programme d'hélicoptère interarmées (HIL) repoussé pour l'instant aux calendes grecques.
Tellement repoussé que l'EMA en est réduit, en urgence, à étudier une nouvelle répartition des Fennec en service dans les armées. Déshabiller Denis pour habiller Bernard, en quelque sorte.