jeudi 27 mai 2010

Serrer la ceinture...

... mais que reste-t-il dans la ceinture ? Les ravitailleurs C-135FR qui ravitaillent nos avions de combat -dont ceux de la dissuasion- sont entrés en service en 1964, c'est-à-dire trois ans après la naissance du ministre. Le programme de leur renouvellement, qui impacte également la capacité de projection stratégique, a déjà près de trois ans de retard. Quatre nations ont déjà choisi l'appareil conçu sur nos propres spécifications (A330 MRTT).
Peut-on rogner sur les drones ? Je n'ose plus développer le sujet, seulement pour rappeler qu'en matière d'équipement, la France est déjà passé du statut de pionnier (40 ans d'expériences) à celui de nation de deuxième rang (1). Une évolution qui guette toute la composante aérienne française : on ne peut pas avoir un des meilleurs chasseurs du monde sans les composantes qui vont avec. Pas une hallucination de journalistes : un élu, Jean-Claude Viollet, a déjà tiré la sonnette d'alarme, et pas qu'une fois, sur ce risque.
Va-t-on rogner sur les hélicoptères ? Le Puma a volé en 1967... et la France est déjà la dernière à recevoir son premier TTH90 (l'an prochain, si tout va bien). Jusqu'en 2014, la France va connaître la pire crise d'aéromobilité qu'elle ait connu, depuis que le terme a été créé par les militaires Français.
Pouvait-on gagner plus en travaillant plus la réforme ? Oui, on pouvait gagner au moins deux bases aériennes, qui ne s'avèrent pas essentielles, Dijon et Luxeuil, bases qu'il faudra fermer de tout façon. On pouvait aussi réduire le nombre d'implantations dans l'armée de Terre : implanter, par exemple, un deuxième régiment para à Castres, mieux valoriser encore la plateforme de Pau (avec bien des locaux disponibles, à l'ETAP, par exemple).
Comme il y a peu de chances que l'on prenne le risque d'une deuxième vague de restructurations accolée aussi près à la première, et aussi près de la présidentielle, et qu'on prenne le risque de "taper" dans les grands programmes (des emplois français, soutenus par un lobbying très actif), le risque, réel, est toujours là : "taper" dans les programmes de cohérence et les urgences dictées par les opérations, qui ne représentent que quelques centaines de millions d'euros. Mais programmes peu emblématiques, ou jugés en tout cas comme tels, ils seront, à n'en pas douter, les victimes prioritaires.

(1) la Grande-Bretagne vient de fêter les 10.000 heures de vol sur Predator/Reaper.