A Paris, l'EMA parle d'un entraînement lié à la coopération bilatérale, mais à Chypre, la venue de deux
Rafale de la 4e escadre de chasse n'est pas passée inaperçue. A Ankara sans doute, non plus.Les deux appareils sont, de fait, venus spécialement de Saint-Dizier, arrivant hier, et doivent réintégrer la Haute-Marne demain. Le tanker C-135FR de la 31e ERTS est, lui, reparti dès hier.
Le séjour peut bref, mais par les temps troublés qui courent, dans l'est de la Méditerranée, tout passage est forcément scruté et décrypté, sous forme de messages, souvent multispectraux. Même si évidemment, les gros coups de serpe effectués par le covid-19 dans le livre Bleu facilite ce genre de programmes, et apporte de l'expérience du vol longue distance nécessaire aux FAS.
Pour les Turcs, les Français viennent de faire quelques chose qu'ils ne font pas souvent (1). Dans ma mémoire, c'est même la première fois qu'ils le font avec des Rafale de l'armée de l'air, sous cette forme. En outre, ce ne sont pas forcément des Rafale lambda : les Rafale de la 4e escadre de chasse sont en charge de la dissuasion nucléaire, on les trouve aussi régulièrement sur les ouvertures de théâtre, et sur toutes les missions complexes. Ils ont frôlé Chypre lorsqu'ils sont venus, par exemple, frapper en Syrie, lors de l'opération Hamilton, dont la réalisation a reposé sur le même couple Rafale de la 4e EC et C-135FR de la 31e ERTS.
Ils sont arrivés sans vraiment prévenir (le déplacement n'avait fait l'objet d'aucune annonce), et repartent aussitôt : c'est un rappel que Paris peut projeter rapidement un module de chasseurs : il y en a en permanence d'alerte pour ce type de scénarios dans tous les escadrons de chasse de France, depuis des lustres (2).
C'est ce qui a permis, par exemple, de frapper Gao au débotté en janvier 2013.
Donc, sans sur-interprétation, mais sans sous-évaluation non plus, ces trois avions ont délivré un message.
C'est aussi rappeler qu'il ne faut que quelques heures et des tankers à des chasseurs pour rallier cette partie de la Méditerranée, très troublée (3). A ce stade, les avions sont venus et repartis, il ne faudrait pas beaucoup de temps, et seulement une décision, présidentielle, pour qu'ils restent. Pour autant, évidemment, que les Chypriotes le demandent.
(1) le groupe aérien embarqué l'a fait lors de ses passages dans la région ces dernières années, particulièrement en début d'année, puisque l'activité de Chammal consommait peu de moyens.
(2) le CEMAA l'avait rappelé face aux parlementaires, la montée en puissance de la flotte Phénix va permettre de projeter plus rapidement des modules Rafale. 12 Phénix pouvant, avait-il annoncé, projeter 24 Rafale dans le Pacifique en 48 heures. Et Chypre, c'est bien plus près.
(3) Rappelons à ce égard la projection aller-retour de Jaguar dans les années 80, déjà dans cette zone.
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