La direction du renseignement militaire emploie 2000 hommes et femmes, civils et militaires, mais
peine toujours à recruter, alors que son budget et ses effectifs doivent encore progresser dans les années qui viennent. 10% de ses postes restent encore non pourvus, détail préoccupant qui avait déjà été évoqué par ce blog (1).
C'est ce sous-effectif structurel que devait notamment concourir à réduire une demi-journée d'ouverture à la presse ce matin, sur la base aérienne 110 de Creil. Plusieurs centres d'expertise faisaient leur réclame, piégés entre la nécessité de recruter et de ne rien dire (un mélange qui donne rarement de bons résultats).
Lors de séquences précédentes initiées par les DRM précédents (et qui visaient elles aussi à recruter), les médias avaient pu visiter les différents centres, notamment visualiser des images de Syrie, ou encore, de la prise d'otages du Ponant.
Rien de tout cela cette fois-ci, puisque la quasi-totalité des matériels et matériaux présentés ne pouvaient pas être photographiés, ni même évoqués au motif sacro-saint du rens. La possibilité d'interviews était également très encadrée.
Les réalités de sous-effectif sont néanmoins différentes, d'une partie de la DRM à l'autre. Le DRM reconnaît des difficultés à recruter des traducteurs de tamashek, une langue parlée au Sahel, essentielle pour décoder les écoutes.
Par contre, assure-t-il, pas de problèmes pour trouver des analystes, sortis tous droits de Sciences Po ou des forces.
Comme pour faire écho à son chef, le patron du centre d'expertise en recherche humaine, un pur produit de la filière, assure qu'il ne connaît pas de problème de recrutement pour alimenter ses équipes de terrain, qui viennent en appui des forces conventionnelles ou des TF du COS, Hydra au Levant, Sabre en BSS. Ces personnels ultra-pointus, issus déjà des unités de recherche humaine ou du COS, ou provenant directement des unités conventionnelles (des personnels issus des commandos parachutistes de l'air conventionnels, et des escadrons de protection ont été recrutés sur la dernière séance en date) sont, il est vrai, pour l'essentiel déjà animés par leur passion pour la mission de collecte et d'exploitation des indices tactiques. Et il ne constituent qu'une section, à l'effectif non dévoilé. Les principaux pré-requis sont le brevet TAP et la capacité à s'adapter aux unités assistées -donc ne pas être un boulet pour un groupe action du COS par exemple-.
Le centre Geoint (ou CRGI), mis sur pied avec bite et couteau par l'ancien DRM, le général Christophe Gomart, a désormais pris sa vitesse de croisière en matière d'effectifs. Au premier carré de 30 pionniers s'est ajoutée une cinquantaine de membres, qui doivent encore être complétés dans les années qui viennent. La rançon du succès et d'une idée devenue incontournable depuis.
(1) la DGSE et la DRSD connaissent également des difficultés à consommer leurs budgets RH, malgré le bureau des légendes). Une réalité qui doit amener à la prudence, car certaines des dernières ponctions réalisées par Bercy sur le budget des armées avaient été précisément justifiées par leur incapacité à dépenser l'argent prévu pour les recrutements.
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