A part un cas en Irak et deux autres cette année en Libye et en Guinée, les cas de morts de militaires
français dans un aéronef qui n'est pas français, et de surcroît, exploité par le privé, sont rarissimes. Pour un avion privé, c'est même une première.
Quand l'externalisation de l'ETAP avait pointé le bout de son nez, le CEMAT de l'époque -Elrik Irastorza- avait expliqué que de son vivant, ses parachutistes ne sauteraient pas d'un avion externalisé. Il n'avait qu'à demi-raison, car c'était en fait déjà le cas pour l'entraînement des chuteurs opérationnels.
Depuis, l'externalisation a pris des pans entiers dans les armées, et, tous les jours, des aéronefs privés décollent avec des militaires à bord. A Dax, Cognac, Pau, mais aussi en opérations (je laisse respirer ceux qui, abasourdis, découvriraient cette réalité). Ce recours au privé ne veut pas dire que la maintenance est moins bien faite que dans le public. Les activités aériennes répondent à des règles strictes.
Les pertes de capacités -ou les retards pris dans la commande de capacités- ont obligé à louer au privé, et souvent, un privé qui n'est pas, de plus, installé en France et n'est pas de capitaux français.
L'exemple le plus connu est celui des locations d'avions équipés par la DGSE, la DRM, le COS.
La faute à un programme d'avions léger de surveillance et de reconnaissance qui avait été demandé à cor et à cri par plusieurs DRM successifs. Le contrat n'a été signé qu'en 2016, trois ans après la date prévue à l'origine, pour un domaine -le rens- élevé en priorité par deux présidents successifs.
La logistique aérienne a aussi fait l'objet de plusieurs contrats d'externalisation -je renvoie à la lecture régulière du blog de mon camarade Philippe Chapleau- que ce soit pour du fret ou des passagers.
Ces aéronefs -ils sont une grosse dizaine au total- sont incontournables -pas essentiels, incontournables- pour le fonctionnement quotidien de Barkhane, du fait des espaces sahéliens et des soucis de dispo des appareils des armées.
Pour l'instant, le ministère s'est surtout attaché à boucher les trous dans sa raquette, et l'appel d'offres (quand il y en a) est gagné sur les prix, donc pas, prioritairement en tout cas, sur le détail des activités de maintenance.