C'est un peu la photo-symbole de la fin de Sangaris : un C-17 de l'US Air Force vient chercher du
matériel français, là où il y a presque trois ans, d'autres C-17 (américains, canadiens, britanniques) déchargeaient le même matériel dans un pays instable depuis quasiment... 40 ans.
Trois ans d'opérations, c'est peu, comparé aux 27 ans d'Epérvier... mais c'est bien plus que les quelques "semaines", et "mois", annoncés en début de mission.
Qu'à changé Sangaris ? L'opération, qui n'a pas joui d'une médiatisation excessive (1), a permis d'éviter une partie des massacres, et c'est sans doute le plus plus important, et le seul point positif. L'opération aura aussi permis quelques révélations capacitaires, comme l'emploi du Fennec de l'armée de l'air, aptes aussi bien à renseigner qu'à mutualiser et sauver. Que les taskeurs du CPCO n'oublient pas trop vite cette polyvalence, dont bien peu d'hélicoptères sont aujourd'hui capables, à un prix dérisoire de l'heure de vol, et avec une empreinte logistique minime.
Pour le reste, un système humain et technique à bout de souffle a dû donner une fois de plus, et le détournement de moyens (hélicos, forces spéciales, bataillons...) auront sans doute affaibli Serval, à l'époque où il ne fallait pas baisser la garde. La liste des morts des opex s'est encore allongée, celle des blessés -physiques et surtout moraux- aussi.
Au départ de l'essentiel des troupes françaises, on ne peut que s'interroger sur la prochaine date qui ramènera l'armée française sur place (les violences n'ont d'ailleurs pas cessé).
Qu'elle ne quitte, d'ailleurs, pas complètement : une QRF reste sur place, et des drones SDTI doivent arriver avec 85 militaires, en début d'année prochaine..
(photo ECPAD)
(1) A cela plusieurs motifs probables : les accusations -fondées ou non- de viol contre l'armée française, et la mort d'une consoeure, Camille Lepage, tuée le 12 mai 2014, alors qu'elle n'était pourtant pas en embed avec l'armée française.