Un blogueur spécialisé dans l'aviation affirme que la France a passé un cap en Libye cette semaine.
Outre les traditionnels vols de C-135FR, le Babak Taghvaee (un spécialiste des sujets sur l'aviation iranienne dont il est proche) se fait plus précis, en assurant qu'aujourd'hui quatre Rafale de Mont-de-Marsan ont volé de concert avec deux C-135 d'Istres. Il évoque aussi la présence d'un détachement du COS dans l'est libyen.
Cette équipe "des forces spéciales de l'armée de terre" aurait, selon cette source, été infiltrée le 15 février à bord d'un Faircihild Swearingen Merlin III dont elle donne l'immatriculation : N123LH. Or, c'est l'immatriculation d'un appareil exploité par CAE Aviation, l'unique fournisseur d'ISR léger de la DRM et de la DGSE.
Le site planepotter.net livre une photo très récente de cet appareil, capté à Malte, donc pas très loin, le.. 13 février.
(Photo Brendon Attard / www.planespotter.net).
Très efficace en ISR, le Merlin III a néanmoins une capacité limitée pour déployer une équipe de forces spéciales, qui même en voyageant léger, a besoin d'un minimum de volume intérieur. Mais, un tel avion est plus discret qu'un Atlas, qu'un Transall ou qu'un Hercules, pour parler de nos appareils les plus célèbres (1).
On s'en doute, de tels sujets n'ont pas, pour l'instant, déclenché une grosse production des médias sociaux de la Défense. Soit c'est vrai et il ne faut pas s'attendre à une réaction, sauf quand les photos sortiront sur les réseaux sociaux (demain ?). Si cela se confirme, ce serait bien la première fois qu'un détachement est localisé de cette façon par un média étranger (1).
Soit c'est faux, mais... il n'y a pas de fumée sans feu. Les coïncidences convergent, selon une formule bien convenue.
Même si on peut toujours s'interroger sur les sources du blogueur : pour les avions, c'est facile, pour les forces spéciales...
Depuis septembre 2014, JYLD alerte sur les dangers installés en Libye, le risque de désintégration, son collègue du Quai expliquait encore, à quelques heures de quitter, que la France n'interviendrait pas.
Bon, il a été démenti un peu par le progrès technique, depuis des mois : ce blog a notamment évoqué les récents vols de tankers, qui ravitaillent des chasseurs.
La France assure en outre un soutien précieux aux aéronefs américains, quand ils bombardent en Libye... après avoir survolé le territoire français, comme cette semaine. Cela veut dire, concrètement, que cette autorisation de survol d'aéronefs armés comprend aussi la possibilité d'accueillir les avions sur des bases aériennes en cas de déroutement.
Et que, par conséquent, le gouvernement français sait, comme le Britannique -les raids décollent d'outre-Manche- quand les Etats-Unis frappent en Libye.
Les Etats-Unis ont pourtant des bases en Italie : un allié jugé peut-être moins fiable.
(1) on se souvient qu'une équipe américaine débarquée en Libye il y a quelques mois avait dû piteusement plier bagage après un débarquement médiatisé par les... réseaux sociaux.
(2) parmi les précédents les plus connus, c'est un reporter de l'AFP qui avait localisé les positions du COS en Libye, en 2011.
Mes tweets d'actu sur @Defense137.
Mes derniers livres : Le RAID, 30 ans d'opérations (Ed Pierre de
Taillac), L'armée au féminin, préface de Jean-Yves Le Drian (Ed Pierre
de Taillac) et Commandos du Ciel, préface du général André Lanata
(Editions JPO).