On l'imagine, aucun ministre de la défense ne cherche à rester dans l'histoire comme celui qui a réglé
les problèmes de com' de son ministère (1), il a autre chose à faire, d'autant que la filière n'emploie plus, désormais, que moins de 1000 postes, pour, évidemment, les postes identifiés officiellement comme tels.
Seulement, les problèmes s'amoncellent depuis plusieurs mois. Sans vraie évolution. Même le directeur de cabinet, le très redouté Cédric Lewandowski a reçu des éléments sur l'ampleur du problème, de l'avantage d'avoir des antennes à spectre large.
C'est si rare, il n'a sûrement pas manqué non plus d'entendre parler de l'interpellation du CEMA, par une collègue de la presse nationale, lors de ses voeux à l'AJD. La consoeure mettait en parallèle l'incroyable actualité du ministère en 2015, et l'incroyable faible nombre de reportages qu'elle avait pu faire en 2015, du fait des restrictions décidées par l'EMA, qui renvoie la balle sur le cabinet de JYLD.
Je ne peux qu'abonder sur son verdict, et d'ailleurs, l'avis semble désormais unanime dans la presse. Un collègue résume : "ils sont assis sur de l'or, ça devrait être facile pourtant".
Par delà les inévitables problèmes de casting, le dircab, qui tiendra son poste jusqu'en 2017, doit gérer l'évolution de la DICOD, directement rattachée au ministère, contrairement aux Sirpa, et le renouvellement de D1, le patron des murs. Parfois sans retenue, certains s'interrogent sur la nécessité de faire perdurer l'outil, dont l'efficacité divise. Surtout que maintenant, tout le landerneau est colocalisé au Balargone ce qui rend visible ce qui l'était déjà.
La DICOD organise surtout un point presse, qui ne sera plus hebdomadaire, pour autant qu'il survive sur une base de régularité (qui s'est nettement effilochée ces derniers mois). Au cab', certains plaident pour un point presse quand il y a quelque chose à y dire, or, c'est loin d'être systématique.
On peut s'interroger, néanmoins, pourquoi est-il si difficile de trouver des sujets pour ce point presse, alors que la DGA gère une centaine de programmes d'armement, que l'armée française n'a jamais été aussi engagée, que les hôpitaux militaires ont bien montré leur contribution au soutien des armées, mais aussi des Français. Que la plupart des journalistes qui y viennent ne savent pas ce qu'est la SIAé, le SSF ou le Plyo ?
Inutile de faire un questionnaire pour le savoir, les journalistes cherchent des informations, ce qu'ils ont souvent du mal à trouver dans ce point presse. Incroyablement, la plupart du temps, ces points presse n'ont pas de thème (et régulièrement, aussi, pas de réponses à apporter aux journalistes). Cette absence de contenu n'interroge pas que la presse (2), mais aussi en interne
A ces problèmes structurels anciens s'ajoutent aussi de vrais problèmes opérationnels comme évoqué par ce blog. Comme d'ailleurs les autres com'occidentales, la France a du mal à trouver de vrais leviers d'efficacité face à la propagande terrroriste (de Daech mais aussi celle d'AQMI), qui lui taille des croupières. Ce sont elles, désormais, qui donne le tempo de la communication de l'EMA, un peu groggy, en diffusant des images de 4x4 ouvert comme un chou-fleur, à Kidal, ou de Scalp-EG posé, comme une fleur, dans une prairie syrienne. Cette com' n'agit plus qu'en réaction, donc elle ne joue plus son rôle de com' au service des opérations.
En privé, les militaires ne cachent plus leur désarroi devant le terrain libre laissé à cette communication numérique terroriste. Régulièrement, aussi, les membres des CFM écrivent noir sur blanc qu'ils ne comprennent pas ce déficit de communication sur l'engagement opérationnel. Un rémunération, symbolique, mais une rémunération des sacrifices faits sur la vie personnelle. Un pilote de Mirage 2000 ou de Rafale a entre 180 et 200 jours de découchés, cela peut être plus pour un droniste de l'armée de l'air, ou pour des personnels du COS.
Les spécialistes de la com' -et la chaîne en compte de vrais, efficaces, réactifs et disponibles- s'interrogent aussi sur ce que sera le reste de leur carrière, puisque l'orthodoxie du "flot étroit" est de retour. En com', il y a comme pour la vraie guerre des tactiques, des stratégies et des commandos, mais tout cela ne sert pas.
Tout cela dans un monde encore calme. L'armée française n'es pas engagée dans une guerre totale, sa com' de crise n'a pas servi depuis longtemps, et ses adversaires n'ont pas encore tapé là où ça fait mal.
(1) c'est sans doute l'explication première de l'absence de vraies évolutions ces dernières années, alors que le monde extérieur, et notamment, la presse, changeait à toute vitesse.
(2) comme s'il fallait sauver le soldat point presse, des collègues sont conviés à exprimer leurs désideratas, c'est sans doute un peu tardif.
Mes tweets d'actu sur @Defense137.
Mes derniers livres : Le RAID, 30 ans d'opérations (Ed Pierre de
Taillac), L'armée au féminin, préface de Jean-Yves Le Drian (Ed Pierre
de Taillac) et Commandos du Ciel, préface du général André Lanata
(Editions JPO).