Au moins cinq survols de drones ont été constatés par les autorités au-dessus de Paris, cette nuit. Rien
n'indique que d'autres n'aient pas eu lieu, les jours passés, et n'aient pas été détectés. Selon les premiers éléments diffusés ce matin, ont notamment été survolés l'ambassade américaine, la Tour Eiffel, les Invalides, Bastille, Concorde.
Dans ces lieux on trouve donc des secteurs touristiques et sensibles. Et peut-être même un symbole, puisque les Invalides logent à la fois l'organe qui assure les écoutes de sécurité gouvernementales, et le SGDSN. Ce dernier a dû prendre en compte -un peu tardivement- cette problématique des mini-drones, après les premiers survols détectés au-dessus des centrales nucléaires, en octobre dernier. Depuis, des survols ont été détectés au-dessus de l'Elysée puis de l'Ile Longue.
Le SGDSN a notamment diffusé, via l'ANR, un appel d'offres pour un petit contrat d'études visant à développer une stratégie globale antidrones. La modicité de l'épaisseur de l'enveloppe budgétaire ne permet pas d'envisager une réponse très hardie... même si parfois, de bonnes idées ne coûtent pas forcément cher.
Comme pour compliquer la tâche des autorités, aucune revendication d'aucune sorte n'a été diffusée.
Comme je le rappelais ce matin sur LCI, ces survols qui sont restés pour l'instant non violents -rien n'a été largué, et le drone ne s'est pas écrasé sur ces sites- ressemblent à ce que la France avait connu dans les années 80 avec le Baron Noir, puis, dans un registre différent, avec le groupe AZF. Dans les deux cas, on n'a jamais interpellé le moindre auteur, et leurs actions se sont interrompues.
Mais évidemment, dans le contexte terroriste, ces survols sont une démonstration plutôt incitative, puisqu'illustrant un état de carence évident.
Dès les années 2000, le ministère de la défense s'était penché sur la problématique de drones utilisés comme outil terroriste. L'inquiétude portait alors sur des attaques kamikazes lors d'évènements internationaux sur le sol français. L'armée de l'air anime d'ailleurs une thématique sur la défense anti-drones, au sein de son centre d'expertise drones de Salon-de-Provence, et via le Centre d'expertise aérienne militaire (CEAM) de Mont-de-Marsan.
Néanmoins, une bonne partie des opérations de recherches se situent néanmoins au sol, car si le drone vole, c'est bien au sol qu'il finit par se poser, et c'est là que se situe aussi son pilote. La capacité de ces petits drones à décoller et à se poser simplement rendant quasiment illusoire -mais pas impossible- toute possibilité de les détecter et les détruire par un aéronef en vol.
A l'instar de l'armée de l'air, la marine a, ces dernières années, néanmoins renforcé ses capacités en la matière.