Comme ce blog l'avait alors révélé, le CEMA n'a pas fait part d'un optimisme débordant face aux
députés qui ont reçu 5/5 son "droit d'alerte". Il a notamment cité le faible niveau de disponibilité des hélicoptères, rappelant leur âge (1).
Sur le front des restructurations, le général De Villiers a estimé à 2,5 millions d'euros les économies en frais de fonctionnement après une la fermeture d'une base aérienne, chiffre qui tombe à 2 MEUR pour un régiment (pourtant deux fois plus petit en effectifs). Il a aussi milité pour des annonces rapides concernant les dernières années de restructurations : "Considérant les conséquences familiales, personnelles et professionnelles de ces décisions, j’estime également indispensable que les annonces relatives à la période 2016-2019 interviennent avant la fin de cette année, ou au plus tard en début d’année 2015".
Le CEMA reconnaît aussi qu'il manque 200 MEUR dans les caisses pour l'infrastructure, ce qui obligera -de fait, encore plus- à réduire l'empreinte au sol. Dans ce domaine, il n'a pas caché sa vision : " Les régiments ayant été dépossédés de leur soutien, il ne faut pas descendre en deçà d’une taille critique. C’est tout le débat : faut-il dissoudre des régiments pour procéder à des rassemblements ou les maintenir en supprimant des compagnies ? De ce que je peux observer, je conclus qu’il vaut mieux rassembler et aller vers des structures bataillonnaires plutôt que de diminuer la taille des régiments."
Sur l'opérationnel, qui est le premier front de l'EMA, le général de Villiers a livré quelques indicateurs qui auraient pu s'incarner aussi ailleurs : "en l’espace de vingt-cinq mois, une chirurgienne de trente-deux ans a participé à cinq opérations extérieures, de deux à trois mois chacune, en parallèle de son travail en hôpital militaire ; sur le plan des matériels majeurs, nos hélicoptères s’usent très vite au Sahel, avec pour résultat un taux de disponibilité réduit parfois à moins de 50 % de l’ensemble du parc. Il nous faut prendre en compte cette usure des personnes et des matériels".
Comme pour lui répondre, le député Nicolas Dhuicq a estimé pour sa part que les "opérations extérieures se développent à un rythme effréné. Il ne me semble nullement nécessaire d’envoyer des drones en Ukraine : ce n’est pas là que se situe la menace. Ils seraient bien mieux employés face aux islamistes."
(1) le CEMA a donné un âge de 30 ans pour les Puma, dont les plus vieux avoisinent néanmoins plutôt les 40... La corrélation entre l'âge et la faible disponibilité n'est néanmoins pas systématique, si l'on observe celle des flottes Tigre et Caracal.