C'est un sujet tabou qu'ont levé les magistrats de la rue Cambon, reste à savoir s'il fera partie des
restructurations qui doivent être annoncés dans quelques poignées d'heures. La Cour des Comptes explique en effet dans son rapport consacré au MCO qu'une partie du déficit de disponibilité des matériels de l'armée française s'explique aussi par un nombre notoirement élevé de dépôts de matériels, ce qui nuit à l'efficacité du système. Ils recommandent ainsi, ce qu'ils ont peut-être entendus à l'EMA, de réduire leur nombre de 18 à 4 d'ici 2019.
Une mesure drastique, qui aurait l'intérêt non seulement de réduire la main d'oeuvre (de plusieurs centaines), mais aussi de dégager de grosses sources d'efficacité (ce qui fait consensus). Ce sujet est sur la table depuis des années, n'hésite-t-on pas à reconnaître en interne, mais les implications sociales -il y a des militaires, des civils... et des élus- concernés par cet épineux dossier- l'ont fait reculer à plusieurs reprises.
On ne l'a pas expliqué aux rédacteurs, la technologie RFID, pronée par le nouveau CSOA, mis en place par l'EMA, permettra aussi de mieux suivre les flux de pièces.
Les magistrats n'hésitent pas non plus à énoncer cette vérité déjà bien connue : en donnant de la visibilité de charge aux AIA, on leur permettra de consolider leur dimension industrielle (c'est le "I" de AIA). Sujet qu'ils ont étonnamment évité de traiter, on peut aussi s'étonner de la multiplication des acteurs pour effectuer les mêmes tâches, données qu'on retrouve sur les flottes Puma, Tigre, Caïman par exemple : les AIA, le privé, et même parfois l'armée de terre doublonnent les compétences.
Le rapport rappelle aussi une vérité bien connue : les armées doivent limiter les bases de stationnement de matériels, notamment aériens (ce qui coûte le plus cher en MCO). Le processus est en cours, et les annonces de restructurations de l'armée de l'air devraient bien confirmer que cette donnée a été bien intégrée.
Dans ce texte on trouve aussi une demande pour réduire les effectifs des structures centrales chargées de la gestion du MCO, qui n'ont pas réalisé d'effort, et même, ont parfois renforcé leur périmètre. La SIMMAD, elle, a déjà engagé une réduction de son personnel.
C'est aussi traditionnel, la Cour distribue des bons points -l'EMA a manifestement de bonnes idées, vu de la rue Cambon-, mais le ministère peut améliorer ses pratiques, et mieux contrôler ses contrats et achats, une lacune connue depuis des années, sans embauche de personnels spécifique à ces tâches. Et même Bercy, dans sa réponse aux magistrats, en rajoute une louche en direction de la Défense.
Bref, pour ceux et celles qui manquent de lecture, ce rapport est à mettre sur le haut de la pile.