Les forces françaises à Djibouti (FFDJ) ont apparemment sauvé les meubles et évité le pire, si l'on en croit
des informations convergentes qui arrivent de Paris et de Djibouti depuis quelques heures. Difficile donc de croire que le chef des armées, qui pourrait même y faire relâche prochainement, pourrait éviter le sujet avec son homologue djiboutien. Et rassurer tout le monde (enfin), car le simple fait de prononcer le mot de Djibouti (ou de l'écrire) file un gros coup de stress à certains parisiens (je ne cite personne).
Tout était plutôt mal parti sur ce sujet douloureux : un conseil de défense d'octobre avait bien prévu de ratiboiser les effectifs de cette base stratégique pour la France (qui semble être la seule à ne pas le savoir...). Des 1900 actuels, on serait donc tombé à 950, comme ce blog l'avait en son temps révélé. Deux députés ont remis une couche il y a quelques jours, et ce coup de collier parlementaire semble avoir littéralement sauvé la base. Dans un bureau de l'EMA, en tout cas, on le croit.
Je le crois aussi.
Il est vrai que les deux parlementaires ont fait circuler leur rapport à temps : il devait être rendu en septembre, mais avec un administrateur semble-t-il hors pair, ils ont gagné près de deux mois. Gwendal Rouillard est l'héritier politique du ministre de la défense à Lorient, mais aussi un hollandais historique : nul doute qu'il a trouvé les bonnes cases courrier pour faire passer son travail. Yves Fromion est un vieux routier de la commission de la défense : leur travail commun a donc, de fait, été pris très au sérieux et non partisan.
L'idée d'un effectif palier, à 1300 semble convenir à tout le monde (il pourrait peut-être même le dépasser), d'autant plus que comme cela avait été le cas pour d'autres (1), le site a été rattrapé par l'actu : Yémen, Somalie, terrorisme à Djibouti importé de Somalie, on n'a que l'embarras du choix. A 1300, les FFDJ serait donc une base lyophilisée qui gardera l'essentiel de ses capacités. Restera plus qu'à lui verser de l'eau (le Guépard et la chasse des EAU) en cas de gros dur : comme partout ailleurs, il faudra donc garder la piste intacte, et prier pour que les bad guys n'aient pas des missiles ou des armes lourdes (2). Car même avec l'Atlas, quand la piste est fermée, elle est... fermée.
Sans évidemment me substituer à la parole présidentielle, qui va en fait surtout plus au sud labourer des terres moins meubles (3), à La Réunion et à Mayotte, on peut le dire, la base de Djibouti est sauvée.
(1) rappelons encore qu'Alain Juppé avait envisagé de fermer la base française à N'Djamena.
(2) sur ce plan, vraiment, aucune crainte, les affaires en Libye, ou plus récemment en Ukraine, ou encore une vieille affaire rwandaise nous le rappellent, les missiles sol-air, c'est vraiment pas facile à trouver.
(3) étrangement, on demande moins d'efforts d'effectifs aux FAZSOI, qui pourtant, n'ont pas été mobilisées dans les dernières opérations... sauf via leurs deux navires, pour Atalante, et la lutte contre la pêche illégale. Pourquoi, dans ce cas, ne pas le dire franchement et en tirer les conséquences, en transférant le 2e RPIMa à Djibouti et en l'interarmisant avec les composantes du 5e RIAOM...