La France est peut-être en train de se dire qu'elle s'est liée les mains pour de vrais mauvais motifs.
Car une des premières opérations au feu du drone Reaper, mis en oeuvre par l'escadron drone 1/33 Belfort aurait pu, dans la nuit de mardi à mercredi être menée plus promptement et avec une économie de moyens.
Selon l'EMA, il aura fallu en effet une patrouille de Tigre et une autre de Mirage 2000D (et quasi-forcément un tanker) pour venir à bout "d'une dizaine" de combattants au sol, au Mali. Là où un Reaper armé (deux bombes guidées, quatre Hellfire) aurait fait le même travail.
Si l'on en croit l'EMA, les combattants, au sol, venaient de procéder à un tir de roquette(s) de 122 mm. C'est ce qui a décidé les capacités aériennes en vol à passer en mode neutralisation, guidées par le drone. Cet engin peut extraire les coordonnées via sa tourelle, nec plus ultra de ce qui peut se faire en la matière.
Le drone aurait porté les mêmes armements, voire des plus modernes (le Tigre déployé au Mali ne peut pas tirer, en plus, d'armement guidés...), cela aurait donc été pareil, et moins risqué pour les occupants des aéronefs pilotés (1). On faisait en plus l'économie des heures de vol des jets et des Tigre.
D'après l'EMA, seulement cinq heures se sont écoulées entre le moment où les adversaires ont été décelés et leur neutralisation définitive. Une poignée de secondes auraient suffi, avec le drone armé, déjà sur place.
Cette opération a été vraisemblablement exportée dans le domaine public car elle met en avant le drone Reaper, acquis en urgence opérations, et la complémentarité des moyens interarmées. Mais sans doute pas les économies qui auraient été possibles.
Avec bientôt quatre fois moins de moyens au sol -ils ne sont plus que 1600 militaires français au Mali même-, la France devra de plus en plus recourir à ce mode opératoire réactif (2). Avec des chasseurs de moins en moins nombreux, des tankers et des Tigre qui n'ont pas la grande forme, l'armement des Reaper deviendra vite obligatoire. Déjà un dossier pour le prochain ministre, assurément.
(1) un pilote de Gazelle a été récemment blessé par des tirs d'ALI.
(2) devant les stagiaires de l'école de guere (dont une majorité de ressortissants de l'armée de terre), un ponte de l'EMA a d'ailleurs récemment été cinglant, rappelant que les moyens aériens et les forces spéciales avaient été en permanence en pointe, pendant Serval.