Contre toute attente, c'est le Gripen suédois qui s'impose au Brésil. De quoi surprendre, puisque
les Brésiliens ont toujours affirmé vouloir prendre des biréacteurs pour des raisons de sécurité des vols. Au-dessus de l'Amazonie, hors des élongations des hélicoptères de secours, il est plus prudent d'en avoir deux. Le Gripen est monoréacteur, son endurance est bien moindre, et son panel d'équipements plus réduit.
Les Brésiliens avaient aussi fixé le niveau technologique qu'ils souhaitaient acquérir, du fait de leur environnement géostratégique. Le Gripen qu'ils sont prêts à acheter n'a pas réellement vu le combat (1). Le Rafale a opéré depuis 2001 en zone de guerre en Océan Indien, en Afghanistan, en Libye, au Mali et depuis quelques jours, en RCA. Il est aussi déployé en permanence aux EAU.
A ce stade, il est difficile de comprendre l'argument qui a prévalu au renversement de choix des Brésiliens : les coûts liés aux aménagements sportifs (JO, Coupe du monde), réduisant la marge de manoeuvre budgétaire, ou l'accumulation de contrats avec l'industrie française (50 Caracal avec Eurocopter, une base navale sous-marine clés-en-main avec DCNS) qui seraient devenus difficiles à justifier en interne. Des facteurs qui avaient déjà joué des tours au chasseur français au Maroc.
(1) même si des Gripen ont assuré des missions air-air pendant la Libye. Le Gripen est en service en Afrique du Sud, en Thaïlande, ainsi que, via un contrat de location, en Tchéquie et en Hongrie. La Suisse l'a retenu au terme d'un processus qui reste encore aujourd'hui controversé.
Actualisé 23h : le GIE Rafale a diffusé ce soir un communiqué de presse prenant acte de la décision brésilienne, et constatant les efforts réalisés pour crédibiliser l'offre française par des investissements dans le tissu industriel local (avant même un achat). "Nous regrettons que le choix se porte sur le Gripen, doté de nombreux équipements d’origine tierce, notamment américaine. Il n’appartient pas à la même catégorie que le Rafale : monomoteur et plus léger, le Gripen n’est pas équivalent en termes de performances et donc de prix. Cette logique financière ne prend en compte ni le ratio coût-efficacité favorable au Rafale, ni le niveau de la technologie offerte."