L'opération française en Centrafrique entre dans sa deuxième semaine. Plus de 1600 militaires sont
mobilisés (l'EMA concède que des dépassements ponctuels sont possibles comme je l'ai indiqué ces dernières heures), sans compter le réseau des bases pré-positionnés (Tchad en premier lieu, Gabon) et les bases et régiments-mère, en métropole. Voici, en quelques clichés transmis par l'ECPAD, quelques réalités de cette opération qui va durer, et qui coûtera peut-être plus que les deux vies déjà fauchées.
Pas d'opération sans transport stratégique. La France reste, sur ce point, moins bien équipée que la Russie, le Canada, la Grande-Bretagne, les Emirats Arabes Unis, le Qatar. Bref, la France n'est pas la championne d'Europe du sujet. Et ca fait 20 ans que ca dure : les An-124 sont loués pour les théâtres africains depuis au moins le Rwanda (1994).
A Istres, chargement d'un An-124. Les mêmes qui avaient déchargé les avions revenant d'Afghanistan, ceux partant pour les opérations en Libye, et ceux partant pour Serval sont aussi aux premières loges et à toute heure pour charger ceux de Sangaris.
A Bangui, un Casa 235 qui fait maigrichon avec ses cinq tonnes de fret. Mais c'est la seule flotte qui ne soit pas en tension dans le transport. Dans quelques mois, l'armée de l'air aura plus de Casa que de Transall...
Les frags ancien modèle semblent majoritaires sur les troupes visibles dans les premiers jours.
La disparité des équipements, et la superposition de matériels de trois générations différentes est souvent la règle à Bangui : ce tireur Minimi opérant dans Bossangoa dispose d'une double dotation, mais pas d'optique de tir. Il dispose aussi de briques Félin, dont le casque, et de poches caractéristiques de la période afghane.
Les quartiers de la capitale centrafricaine comme ici ceux de Bossangoa sont très compartimentés, avec un faux air de village afghan. Les progressions sont de fait assez risquées.
Les contacts avec la population permettent de redonner de la confiance et de capter du renseignement. Mais la Centrafrique de 2013 est passée en mode règlement de comptes, les risques d'intoxication sont donc possibles. Y compris pour tenter de faire du bilan sur les Français.
Un C-17 de la Royal Air Force à quelques dizaines de mètres des Banguissois massés en bordure d'aéroport pour y obtenir une sécurité minimale. Leur nombre croît tous les jours.