Le BPC Mistral sera en mesure d'évacuer des ressortissants, en face de l'Afrique du Nord, d'ici la fin de la semaine, mais l'histoire, qui fait bruisser les rédactions depuis ce matin, est, en fait, bien plus complexe.
Parti lundi de Brest, le BPC Mistral et son fidèle binôme, le Georges-Leygues, longent ce soir les côtes du Portugal et passera cette nuit le détroit de Gibraltar, direction... Toulon, où il doit arriver le 4 ou le 5. Ce crochet s'explique par le fait que le BPC a quitté le port-base sans les hélicoptères, la semaine dernière. Il accueillera donc à Toulon deux Puma et deux Gazelle, au moins, ainsi qu'un fort complément de moyens santé : des équipes humaines, mais aussi du matériel. Le BPC est un hôpital flottant, quasiment, de fait, un rôle 3.
La suite est encore très obscure : il n'est pas sûr, en fait, que le BPC recueille les quelques 800 ressortissants égyptiens prévus en Libye même. D'abord parce qu'ils n'y seront peut-être plus.
Mais aussi, peut-être, parce que les conditions en Libye ne permettront plus une telle évacuation.
Ces ressortissants pourraient, plus sûrement, être récupérés en Tunisie. Actuellement, les garde-frontières tunisiens limiteraient l'entrée des flots de réfugiés.
Dès lors, dans l'hypothèse où ces ressortissants pourraient effectivement être récupérés, des personnels consulaires égyptiens, qu'il faudra bien récupérer quelque part pouraient être chargés d'assurer le bon embarquement des ressortissants. Ils figureraient, en quelque sorte, le CRER qu'on traite désormais dans toute bonne RESEVAC.
Une fois les ressortissants embarqués, il ne resterait, alors, "plus qu'à" les déposer en Egypte, et le BPC poursuivrait son chemin.
Mais ce scénario bien huilé comporte encore un très grand nombre de blancs. Récupèrera-t-on les ressortissants dans un port, ou avec des CTM : la cadence d'évacuation, et les conditions de sécurité ne sont pas tout à fait les mêmes...
Le quai d'Orsay entend en effet affrêter des avions civils pour évacuer ces ressortissants, qui seraient 5.000, coincés entre Libye et Egypte. Pas sûr que les compagnies aériennes se précipitent pour le job, et même qu'il y ait une piste pour effectuer le travail. Le BPC (1) pourrait alors être amené à faire des rotations entre une zone sécurisée et la zone chaude, ce qui compliquerait un peu la donne.
On ne connaît pas non plus les réactions du pouvoir libyen à cette gestuelle française : à Paris, on dit, pas de guerre avec la Libye, et en face de cette dernière, la France place un BPC et une frégate...
Pas sûr que le colonel Kadhadfi perçoive toute la subtilité de la politique française.
(1) ou des ATT, si on en trouve...