mardi 17 mai 2022

Le minarm en perd sa voix

Depuis le départ de Jean-François Bureau, la ministère de la défense aura eu du mal à trouver sa voix

(voie ?), expérimentant des journalistes, des communicants, et parfois, des ocni (objets communicants non identifiés).

Les résultats sont connus, et dans le passé proche, pour l'absence de résultats. L'association des journalistes de défense avait d'ailleurs écrit une lettre ouverte, en 2020, pour protester contre l'évolution négative de ses rapports avec la com du minarm (un inédit).

Pour Florence Parly, prise au dépourvu par cette crise non attendue, la sortie de crise était arrivée sous la forme d'un ingénieur en chef de l'armement que pas grand'chose ne prédestinait à cela (ce qui peut parfois donner d'excellents résultats, cf le porte-parole de l'EMA de 2010-2013).

Hervé Grandjean n'était pas légionnaire parachutiste, lui. Ingénieur de l'armement donc, un statut qui n'est pas systématiquement associé du don de la parole, de la parole pédagogique, et encore moins vers la presse.

Pourtant, cet atypique a su rapidement trouver son public, dépassant en plus le cénacle (limité) de la presse qui suit les actus du minarm. La popularité de son compte twitter en dit beaucoup.

A mi-chemin entre Jamy, Antoine de Caulnes, et le fameux Jean-François Bureau des débuts, Hervé Grandjean a donc créé un style inimitable, qui a trouvé sa cible. Permettant ainsi au minarm de retrouver une position plus enviable que celle de la crise du printemps 2020.

L'explication est sûrement à trouver chez l'intéressé, mais peut-être plus encore, par la relation qu'il a créée avec la ministre, dont il fut le conseiller industriel, et déjà, animateur de offs avec les journalistes.

Sans doute une des raisons de son choix comme carré magique pour reprendre la main après la crise AJD.

HG n'éclaire pas son départ pour l'heure. Il est vrai que c'était prendre un risque (toujours calculable) de faire encore un an équipe avec un(e) autre ministre. On lui prêtait un projet (sans doute factuel), de miner la DICOD et d'en récupérer un tiers de l'effectif. Un projet qui n'avait pas, curieusement, les faveurs de tous les acteurs de l'écosystème opérationnel.

Proche du président de la République lors de la campagne 2017, HG peut avoir en tout cas des éléments de réflexion sur la personnalité qui succèdera à FP. Comme il peut aussi avoir d'autres opportunités, et tactiquement, c'est toujours mieux de partir sur des bons résultats que sur des résultats encore impossibles à deviner d'ici 2023.

Pourquoi un an de plus ? C'est intimement lié à son ancien job de conseiller industriel, qui l'empêche de briguer un poste dans le privé pendant trois ans après ses fonctions au cabinet de la ministre. Pendant très longtemps, on a entendu que c'est Naval Group qui lui servirait de DZ. Assez raccord avec une connaissance assez intime qu'il a du groupe et d'une passion pour le flottant (il a commencé à Val de Reuil, un des centres d'excellences de la sous-marinade). Il a clairement modelé sa ministre dans ce sens : Naval Group est une ses sociétés les plus régulièrement visitées par la ministre. Malgré un poids relatif limité dans le système français (tous les sites de Dassault Aviation n'ont pas eu autant de visites par exemple).

Il est improbable que ce départ du porte-parolat soit lié à un poste dans la défense, puisque c'est impossible. Ce sera donc soit un autre poste dans l'administration (pas besoin de commission), soit un poste dans le privé hors domaine armement (il faut quand même un avis de commission), soit une année sabbatique, puisque HG n'a pas souhaité s'engager sur une élection. A suivre, donc.

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