Dans une semaine tout juste, le ciel de Toulouse vrombira du bruit de turbines d'avions de transport.
Pas forcément beaucoup d'Atlas à attendre (entendre ?) dans la ville du constructeur européen, mais des Transall (français et peut-être allemand) et du C-130J américain.
C'est l'exercice Acynonyx qui rameute ces moyens aériens dans une ville qui a perdu sa base aérienne en 2009. Cet exercice présenté comme associant l'armée de terre et de l'armée de l'air figure bien dans la liste de la première, mais pas de la seconde, ce qu'il faut décrypter aussi à l'aune de priorités pas tout à fait identiques.
Dans l'armée de terre française, la brigade parachutiste est une brigade de l'urgence, et fournit l'échelon national d'urgence (ENU, ex Guépard, qu'on appelle aussi... Acynonyx). Dans la refonte de l'armée de terre, le CEMAT n'a pas voulu aller trop loin, en évitant d'associer les hélicoptéristes et les paras, dans une brigade d'assaut par air, à l'instar de ce que les Britanniques avaient monté. Et qui fonctionne.
Mais on le sait, tendanciellement, la France perd ses avions de transport tactique les uns après les autres sans en gagner plus avec l'Atlas, puisque cet appareil ne peut larguer, avec une foule de papiers à signer avant, que 30 paras, et d'un seul côté en plus. Bref, pas le nirvana, quand un Transall des années 50 en largue deux fois plus.
Or, le calendrier de retrait des Transall a bien été fondé sur le fait qu'un jour l'Atlas finirait par tenir les promesses contractuelles. Une approche sans doute un peu crédule, qui place aujourd'hui la France dans une situation très délicate : elle n'a plus, dans les faits, assez d'avions pour pouvoir réaliser une opération aéroportée majeure. Elle avait déjà eu bien de mal à trouver en 2013 douze avions dans la perspective du double largage Gao-Tombouctou. Cinq ans plus tard, même en faisant les fonds de tiroirs, en fracassant les alertes gouvernementales, il ne serait pas possible de refaire un Kolwezi. C'est terrible à entendre, et pourtant c'est vrai.
Parallèlement, pourtant, l'armée de terre a bien occupé le terrain. Elle a mis en place une machine logistique pour pouvoir lancer quand même un Kolwezi depuis Toulouse, avec les installations idoines. Et même si les avions ne sont plus stationnés sur place, ils peuvent encore aller "tanker" sur place. Pour une armée de terre appelée à devenir (rester ?) la première d'Europe, les paras peuvent présenter un atout non négligeable (1). Reste à payer, et à trouver les avions pour les larguer.
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(1) pour autant, évidemment, que l'enjeu opérationnel en vaille la chandelle. Un para était mort et une vingtaine blessés lors de la dernière OAP majeure de Barkhane, en juin dernier.