D'où est venu ce projet sur le cheminement de ce qui peut mener un jeune français à la Légion
? Et comment comprendre le titre ?
Le film s'adresse à la jeunesse. Il faut ramener les jeunes à la beauté et à la grandeur des militaires. Quand l'ancien légionnaire reçoit le héros de mon film, David, il lui parle de la jeunesse aux coeurs ardents (le titre du film) dont il faisait partie quand il s'était engagé lui-même à la Légion. Il y a aussi une jeunesse porteuse d'idéaux aujourd'hui. David porte ces idéaux. Et moi aussi. Quand je suis allée voir le général Maurin, COMLE, je lui ai dit "mon général, si j'étais un homme, j'aurais été des vôtres. Il a rigolé. Mais à 16 ans, j'étais déjà dans ces valeurs. J'étais allée au régiment de spahis car j'habitais Valence. J'étais pupille de l'Etat de 3 mois
à 19 ans, avant d'être adoptée officiellement à 20 ans. L'ordre et la discipline, la
mythologie du légionnaire, me faisaient rêver. Dans la quête d'idéal de mon héros, l'armée peut répondre par les valeurs qu'elle porte. Là où la société, elle,
ne répond plus. La Légion draine avec elle une mythologie qui fait rêver.
Où avez vous trouvé ces vétérans que l'on voit dans le film ? Comment avez-vous fait votre direction d'acteurs ?
Je les ai trouvés grâce au milieu associatif qui m'a beaucoup aidée : la Légion, Solidarité Défense, les Gueules Cassées, la fédération André Maginot. Et mon film a été soutenue par la Légion elle- même. Le COMLE m'a demandé de venir présenter mon projet. Dès que j'ai eu la confiance du général Maurin, petit à petit les portes des associations se sont ouvertes, j'ai été accueillie avec bienveillance et confiance. Mes films précédents, comme L'Apôtre avaient par exemple été vus Henri Pinard Legry, le président de l'ASAF qui lui aussi m'a aidé, même pendant ses vacances.
J'étais bien seule en préparation du film. J'appelais le président de
l'ASAF, et même pendant ses vacances, il me disait "je ne vous lâcherai
pas, ne vous inquiétez pas". C'est la première fois que je faisais un
film en me sentant soutenue.
En faisant ce film avec mes moyens, j'ai rencontré une solidarité extraordinaire que je n'ai jamais vue dans le cinéma. A la Légion, je n'ai croisé que des personnes qui vous donnent leur confiance et ne la reprennent pas. Je l'ai vecu. Le général Gaussères a accepté de jouer ce qu'il était, mais il a, en plus, ramené des anciens légionnaires chinois comme Hu. Il l'a vraiment fait parce qu'il avait confiance. A son tour, Hu m'a ramené un ancien d'Afghanistan. Les choses se sont faites aussi je pense car peu de films leur rendent hommage et ils ont compris que j'avais une approche bienveillante, qui parle avec exaltation des valeurs militaires.
Quelle a été votre direction d'acteurs sur ces vétérans ?
Il fallait d'abord une confiance importante. Ensuite je pouvais les amener là ou il fallait pour servir. Car il y a des situations de cinéma à jouer, quand Hu donne le clairon à David. William, le béret rouge d'Indo, joue ça comme du cinéma. Mais je leur ai laissé la liberté d'être eux-mêmes. Ils ont mis de l'esprit de camaraderie. Ils ont nourri chaque scène de ce qu'ils sont, tout en restant dans une narration cinématographique. C'était important qu'ils s'en emparent. Ce sont des témoignages authentiques, qu'ils connaissent.
Parfois ça pouvait poser des petits soucis car il faut trouver un équilibre, il faut défendre personnage écrit et raconté et fictif, et mettre un peu de sa vérité à soi pour que l'équilibre soit juste.
Qu'ont appris vos jeunes acteurs au contact de ce thème, des vétérans de la légion ?
Ils ont adoré travailler à leurs côtés. Arnaud Jouan qui joue David a adoré cette expérience et m'en a témoigné. Les militaires, l'esprit militaire, c'est très particulier car dans le cinéma, cette fidélité, cette parole donnée, n'est pas courante, on peut être trahie pour un oui ou un rien. La société civile n'est pas irriguée de ces valeurs-là. J'ai été invitée à la galette des rois de ces vétérans il y a quelques jours. En avril, j'étais à la célébration de Camerone. Si l'esprit militaire irriguait un peu plus nos société civiles, elles fonctionneraient mieux. Je parle des valeurs humaines que porte le militaire, l'esprit de camaraderie, le mérite. Je suis issue de l'assistance publique, je sais ce que ça veut dire, le mérite, se battre.
Dans la société, il n'y a pas la droiture qu'on trouve dans l'armée. Ils m'ont ouvert leur monde et m'ont fait confiance, alors qu'ils ne me connaissaient pas. Mais sur la base de mon travail précédent. Deux-trois personnes civiles m'ont aidé, mais ce sont surtout les associations qui m'ont aidée.
Le recruteur du film est-il lui-même un ancien légionnaire ?
Oui, le major H. est un vrai recruteur, il est en Polynésie actuellement pour monter une antenne de recrutement de la Légion. Il m'a beaucoup aidé pour rendre crédible ma scène de fin.
Vous ne verriez pas faire un docu sur la Légion ?
J'aurais aimé, mais avec une référence esthétique. Si c'est pour faire du docu-reportage, cela ne m'intéresse pas.
Et sur Puyloubier ?
J'en avais parlé au général Thiébault, c'est pour ca que je fais un clin d'oeil à Puyloubier dans le film. J'aimerais faire un doc sans voix narrative.
Ma référence c'est "Le Grand Silence" sur les moines des Chartreux.
Et pourquoi pas sur la Légion au combat : deux régiments s'y succèdent au Sahel...
Ma priorité est de réussir la carrière de ce film, je le veux pour ceux qui m'ont aidé à le réaliser. Mais réaliser un film de guerre, oui.
Vous expliquez souvent ne pas être aidée, comment cela s'explique-t-il ?
Je n'ai jamais obtenu de subventions du CNC pour mes films. Je voulais faire un sujet sur le syndrome post traumatique, et le scénario envoyé en août n'a pas reçu de subvention. Mais le sujet m'intéresse.
Autre chose ?
Mettez quelque chose qui a été important pour moi. Quand je suis allée à Aubagne, je pensais rencontrer un capitaine, ou le colonel. Et c'est COMLE m'a reçue. J'étais surprise et impressionnée. Et le COMLE a eu un geste qui m'a été très beau. En me raccompagnant, il m'a dit, "bonne chance pour cette mission", et il m'a serré la main. J'ai pris ce geste magnifique comme "je vous donne ma confiance et faites votre travail".
(recueilli ce midi.)
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