Comme souvent en matière d'aviation VIP et de train de vie gouvernemental, les compteurs media
s'allument ou au contraire, ne montent pas suffisamment dans les tours.
Première réalité, Edouard Philippe n'est pas allé en voyage d'agrément en Nouvelle-Calédonie, territoire qui sera concerné par un référendum d'autodéterminiation au second semestre 2018 L'ambiance y est déjà lourde, et les gendarmes ont dû y envoyer récemment des VAB surblindés qu'ils utilisaient en Afghanistan, car leurs VBRG sont traversés comme du gruyère par les armes de grande chasse qu'ils ont en face d'eux.
Ce déplacement s'est fait avec une délégation de 60 personnes (on n'a pas le détail) dont sa protection personnelles (SPPM) qui ne peut pas le quitter. Vu le trajet (plus de 20 heures d'avion), il fallait un long courrier militaire ou faire voyager la délégation en vol civil à l'aller et au retour.
Le Premier Ministre explique qu'il a dû modifier ses plans au retour, car le président de la République partait en Algérie en voyage officiel (avec l'A330 présidentiel), et une autorité de l'Exécutif devait être présente sur le sol français. Cela se discute en 2017, à l'heure du satellite. Et le ministre de l'Intérieur est régulièrement seul aux commandes, l'été.
Il fallait aussi un avion plus confortable que l'A340 de l'Estérel (qui pourtant avait apparemment suffi à l'aller...) . C'est là que déboule l'avion loué à 350.000 pour faire le Tokyo-Paris et arriver à l'heure présentée comme nécessaire à Paris (il aurait pu être possible de réajuster le voyage en Nouvelle-Calédonie également, pour rentrer dans les clous de l'agenda gouvernemental).
Il faut le rappeler, les deux A340 de l'armée de l'air ne sont pas de la première jeunesse mais ne sont pas des poubelles volantes non plus. A l'avant de l'avion, des sièges inclinables sont disponibles pour une bonne dizaine de voyageurs, et ces sièges ont d'ailleurs accueilli, par le passé, des dos de président, avant que l'Airbus A330 présidentiel n'arrive en dotation, sous Nicolas Sarkozy. Et bien des voyages officiels, par le passé, ont été menés dans des conditions encore plus dégradées.
Il faut aussi le rappeler, le Premier Ministre gère le parc gouvernemental (les six Falcon) mais a aussi un droit de regard sur les A340 et A310 qui peuvent être inclus dans les voyages officiels quand l'A330 n'est pas disponible. Ou qui peuvent constituer des spares.
A Matignon, on possède donc une expertise solide de la façon de gérer les moyens aériens publics, mais aussi... leur coût. Leur maîtrise a d'ailleurs été engagée depuis plusieurs années. Car toutes les dépenses de transport sont assurées par l'armée de l'air, qui doit être remboursée par ceux qui ont commandé l'avion. Ainsi, l'A340 de l'Estérel qui a volé à vide entre Tokyo et Paris pourrait bien se retrouver sous forme de facture de fin d'année, en plus des 350.000 EUR du Tokyo-Paris privé.
Il y a aussi une facture humaine : comme la plupart des unités de l'armée de l'air, l'Estérel n'a pas de gras. Pour assurer le déplacement en Nouvelle-Calédonie, il a fallu au moins deux équipages (si ce n'est plus) entaillant un potentiel humain pour rien, puisque l'avion a rallié Roissy quasiment vide, là où il aurait pu ramener des familles, des militaires en France. Cet avion aurait pu aussi assurer une relève sur un théâtre d'opérations, la première vocation de ces avions.
Dernière facture, enfin, dans l'opinion publique. On sait les Français très sensibles à ces questions. La suite dira jusqu'où.
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