Depuis le début de l'année, la France moissonne les contrats d'armements. Avec 60 Rafale en
commande auprès de l'Egypte et de l'Inde, c'est la Pologne, un des rares pays d'Europe qui augmente ses dépenses de défense qui vient faire son marché en France : la confirmation doit tomber dans l'après-midi.
Comme ce blog a pu l'expliquer à plusieurs reprises, la vente des Caracal est liée à une fabrication locale. Il est donc difficile d'intégrer la totalité des 3 milliards d'euros du marché -s'il va jusqu'au niveau des 70 engins envisagés- dans les exports français. Mais cela reste un joli pactole, qui peut en annoncer d'autres dans un pays qui cherche aussi des missiles (comme l'Inde) pour aller sur des sous-marins (comme l'Inde)...
C'est aussi une démonstration flagrante que la France peut sans difficulté fabriquer des appareils à fort contenu technologique chez le client. Alors que les incertitudes pèsent sur celle des Rafale en Inde, c'est aussi une forme de démonstration.
Le contrat est attendu pour septembre prochain, et les livraisons, pour 2017. Une partie des appareils sera produite en France, avant que la chaîne ne puisse fonctionner en Pologne.
Dans un second temps, la Pologne pourrait guigner des activités sur le futur drone MALE franco-allemand. Et à Paris, on n'exclut même pas une prise de capital d'Airbus.
La France n'avais rien pu placer jusqu'alors dans le pays. Seul Airbus avait vendu ses petits avions cargos Casa, tandis qu'Agusta Westland caressait l'espoir de rafler le jackpot, en s'installant sur place, après l'Américain Sikorski. La Pologne avait aussi acheté des F-16 et des C-130 américains.
C'est donc le dernier arrivé qui raffle la mise, avec une chaîne d'assemblage pour les hélicoptères et les turbines. La Pologne deviendrait ainsi le premier pays à faire reposer sa flotte de première ligne sur cet unique hélicoptère polyvalent, qui remplacera les plus vieux Mi-8, 14, 17. Le Brésil avait aussi commandé 50 Caracal, qu'il assemble désormais sur place.
La France a été plus modeste pour elle-même, commandant 19 machines pour l'escadron Pyrénées (8), la DGSE (3) et le 4e RHFS (8). Aucun appareil n'a pu emmagasiner un tel bilan en aussi peu de temps : mis en service en 2006, il a été déployé au Tchad, en RCA, en Somalie, au large de la Libye, dans la BSS et peut-être encore ailleurs... C'est une des bête de somme des forces spéciales, qui l'ont encore utilisée pour la libération de l'otage néerlandais.
Sans aucun doute grâce à l'efficacité de son ministre de la défense et de ses conseillers -transparents par nature mais bien réels-, la France a réussi le tour de force de contourner à la fois les soucis rencontrés en Afrique par l'engin -attaquée par l'herbe à chameau-, et la fâcherie polonaise liée aux Mistral russes -qui ne menacent pas la Pologne, mais c'est un symbole puissant-. Sans doute grâce à la bonne compréhension des attentes polonaises : un amitié qui se traduise aussi par un dialogue franc et direct sur ce sujet douloureux, et des forces françaises présentes sur le sol polonais, avec de la chenille et de la roue-canon.
Si, en plus, le Caracal était le meilleur des trois appareils, pourquoi s'en priver ?
Actualisé : Jean-Yves Le Drian se rendra en Pologne le 7 mai prochain, pour rendre visite aux militaires français deployés en Pologne avec Leclerc et VBCI. L'après-midi, il a ssistera à Gdansk aux cérémonies de la victoire alliée contre l'Allemgne.