samedi 7 novembre 2020

Pourquoi Barkhane rétrograde, et pourquoi maintenant

 Après une série de victoires tactiques, mais sans avoir pu modifier l'évolution stratégique ni

évidemment politique (ce n'est tout simplement pas sa fonction), Barkhane va commencer une longue réduction par palier, qui doit préparer le tunnel parallèle qui, en France, mène à l'élection présidentielle. Et un membre de la majorité le rappelle : "le président ne veut pas de défaite au Sahel"

Le principe du surge (+600) décidé par le président Emmanuel Macron était à durée et non à objet déterminé. Depuis déjà plusieurs mois, des fonctions l'ont intégré, et ont anticipé cette date décidée dès l'arrivée de l'appoint, en février.

Barkhane va donc d'abord revenir à son niveau de janvier 2020, à la prochaine relève (celle-ci est quasiment terminée). Mais des fonctions spécifiques vont aussi maigrir, y compris des fonctions de combat direct. En fait, une série d'économies est demandée pour amener à un effectif acceptable à la fois par l'opinion publique et le budget, alors que les surcoûts opex atteignent cette année un nouveau record (un peu comme en 2013-2014). 

Le contexte n'est tout simplement plus du tout favorable à Barkhane : l'opinion publique, logiquement concentrée sur le covid-19 et le bouclage les fins de mois, sur fond d'attaque terroriste en France, est très éloignée de ces réalités de... terrorisme au Sahel, peu montrée et pour tout dire, pas très compréhensible. Le budget de la défense, branché sur la force du PIB, risque de pâtir de la récession, mais aussi de choix alternatifs. Politiquement, le très fragile consensus se fissure, y compris à l'intérieur de la majorité (lire par ailleurs). Et le matériel militaire donne toujours d'inquiétants signes de fatigue : on peut des années s'échiner à user le matériel trois fois plus vite qu'en France, mais les moyens éligibles ne permettront pas de le remplacer, alors que l'enjeu, pour le matériel, est bien la haute intensité. 

Et finalement, tout le monde le sait, mieux vaut partir sur une série de victoires tactiques, que partir avec rien du tout, voire sur une aggravation. 

Evidemment, à ce stade, le mot de départ n'est toujours pas prononcé. Lors de sa première visite, quelques jours seulement après son élection, le président de la République avait rappelé que Barkhane n'avait pas vocation à rester éternellement sur place.

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