samedi 9 novembre 2019

Et pourtant ils ne viennent pas

C'est connu, la France connaît un chômage massif (même si certains secteurs embauchent), et à en
lire les sondages produits de façon récurrente par la DICOD, les Français adoreraient leurs armées.
Pourtant, ils ne s'y précipitent pas massivement, et n'y envoient pas non plus leurs enfants. Pour la deuxième fois en deux ans, un montant significatif du titre 2 (trois chiffres, en millions d'euros, pas une paille !) n'est pas utilisé, car les armées ne... trouvent pas de candidats !
Les armées ont été pourtant imaginatives : des séquences payées avec des influenceurs web (un poste budgétaire intégré désormais d'ailleurs au budget de certains événements), un évènement entier dédié au recrutement des jeunes (la fabrique défense, pour laquelle les industriels voient la sébille passer avec insistance dans un mauvais remake de L'Avare) mais qui ne se concentre surtout que sur le haut du panier (où on déborde de candidats), des documentaires TV à la chaîne, comme on n'en a jamais vu... Ce ne sont pas les leviers qui ont manqué ces temps derniers.
Les armées mettent aussi des primes à l'embauche, quelle que soit la forme : la marine augmente le nombre de bourses, l'armée de l'air verse des gros chèques sur des spécialités en tension. Même les postes d'officiers, désormais, sont touchés, ce qui en dit long sur le déficit du moment. En consultant la bourse des postes de l'armée de l'air, on est frappé par des postes qui n'ont toujours pas trouvé preneur, et qui témoigne d'une vraie crise de l'engagement. La marine précise, pour sa part, ne pas avoir de mal à recruter (en tout cas moins en 2019 qu'en 2018, où 400 postes n'ont pas trouvé preneur sur 3800). Par contre, la marine reconnaît un défi actuel dans la fidélisation, ce qui touche en fait les trois armées : après y avoir goûté, on ne souhaite pas forcément rester, surtout en entendant le doux chant des sirènes du privé... ou voir les difficultés familiales pointer le bout du nez.
Le vivier éligible se restreint aussi en qualité, ce qui constitue un double tassement de la ressource (qualité et quantité). Là aussi, la marine a donc mis de l'eau dans son vin, en ouvrant du recrutement local de contrat court (2 ans) dans l'aéronavale, qui était pourtant un de ses produits d'appel historiques.
Difficile, dans ce cas, pour celles des trois qui paie le moins bien, l'armée de terre, d'y trouver son compte. Ses personnels de mêlée sont aussi recherchés par les deux autres composantes (du fait des besoins accrus en protection-défense) et elle n'a pas vraiment de leviers financiers pour attirer le chaland... Alors que les autres professions en tenue recrutent elles aussi massivement du fait des départ à la retraite en police, gendarmerie...
Le phare constitué par la Légion Etrangère, une valeur sûre, permet de tenir un certain niveau. Mais la volonté d'y intégrer plus de Français pourrait aussi jouer contre le reste de l'armée de terre. Elle est un modèle d'intégration, d'efficacité, et possède un fonctionnement spécifique qui pourrait attirer plus de Français que prévu.

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