Ce devait être l'annonce phare du 14-juillet, l'agenda com de Barack Obama oblige notre propre président à précipiter l'annonce du début des troupes françaises, en phase avec le calendrier américain.
La formulation, particulièrement ambigüe, démontre comment la com américaine a pris la nôtre de court (1).Car depuis 2007, la France n'a pas cessé de renforcer, les effectifs... étant même multipliés par trois. Et touts les "renforts" n'ont pas fait l'objet de communiqués.
Avec une lecture orthodoxe, si on calquait les déclarations, la France devrait donc épargner un tiers de ses troupes d'ici l'été 2012, soit 1.400 militaires. Il faudrait, de surcroît expliquer pourquoi, en l'espace d'un an, ces 1.400 militaires ne sont plus utiles. Il va falloir former des interprètes chez nous, car le sujet ne me semble pas évident.
Certes, on m'objectera certainement que l'armée afghane a fait des progrès spectaculaires, qu'elle n'a donc plus besoin de ses formateurs (400 postes épargnés environ), que ces aviateurs à Kandahar ne travaillent que très peu au profit de la task force La Fayette (190 postes épargnés) et que finalement, ce GTIA en Surobi peut rentrer à la maison car finalement, la Surobi est aussi calme que les Champs-Elysées (800 postes épargnés). Avec la facilité désarmante d'un haut fonctionnaire, on arriverait ainsi à 1.400 postes et on se serrait ainsi épargné un Grenelle de l'Afghanistan.
Seulement, ce descriptif qui aurait pu remplir une page deux ne tient pas.
Le GTIA Sud a déjà en partie effectué la bascule sur la Kapisa (et ce, depuis des mois). Où le volume de troupes suffit à peine à faire régner le calme et à contrecarrer l'action insurgée. Il ne sufit que de voir la litanie des morts depuis six mois pour comprendre que loin de se calmer, les insurgés ont remis une louche. Qu'il s'agisse de leur part d'une pure action psychologique pour nous faire partir plus tôt que prévu. Ou que ce soit la manifestation de leur force. Rappelons seulement que le gouvernement de Kaboul n'est pas toujours extrêmement considéré, à moins de 60 km de la capitale, et peut-être pas toujours pour de mauvaises raisons.
Ces digressions, brèves, nous ramènent néanmoins à la réalité. Il sera très difficile de trouver des effectifs français non nécessaires. Et d'autant plus alors que les Américains vont réduire la voilure -lançant un mouvement général de repli-. Il sera d'autant plus difficile de trouver des hélicoptères, des chasseurs en vol -aujourd'hui, en 12 minutes chrono, vous avez à disposition une base de feu volante-.
Bref, dans un tel environnement, avec un bon volume d'appui, la France connaît néanmoins en 2011 son pire premier semestre.
Peut-on se résoudre à éviter les pertes, comme les Italiens l'avaient fait, en se calfeutrant dans Tora, en 2008, à réduire l'activité ? Un 18 août, on a vu le résultat.
Loin de s'améliorer, la situation de l'Afghanistan risque bien de s'aggraver, et nos troupes y paieront forcément leur écot. Un intéressant sujet de page deux.
(1) voilà ce que dit le communiqué : "Compte tenu des progrès enregistrés, elle (la France, NDLR) engagera un retrait progressif de renforts envoyés en Afghanistan, de manière proportionnelle et dans un calendrier comparable au retrait des renforts américains. Ce retrait se fera en concertation avec nos Alliés et avec les autorités afghanes."