jeudi 3 novembre 2016

L'insoutenable réalité du MCO aéro

Les mauvais chiffres ont été planqués pendant des mois, hier soir, ils étaient de sortie, de quoi
abasourdir même les rares qui sont sensibilités au problème. Hier, le débat budgétaire en commission élargie sur le PLF2017 (3h30 à partir de 21h30) à l'assemblée nationale a permis d'embrasser les réalités du MCO aéro, et elles inquiètent, quand elles ne sont pas intolérables.
Parmi les réalités qui donnent le tournis, un Caïman Marine neuf tout juste sorti des chaînes et "incapable de voler, ceci est inacceptable" tonne le député de Lorient et rapporteur Marine, Gwendal Rouillard. Dix des 17 livrés sont en MCO chez les industriels concernés, ce qui ne veut pas dire que les sept autres sont aptes à voler. Ils peuvent être en maintenance sur leur base d'appartenance. Au moins deux doivent être aptes à voler pour des missions SAR à Lanvéoc-Poulmic et Le Havre, et deux autres sont en mer.
Le même constate que sur 22 ATL-2, la moitié sont à l'AIA de Cuers, en entretien. La visite qui devait prendre 18 mois en prend 36.
L'Atlas n'a pas plus la forme : avec 11 appareils livrés (donc un de plus), il n'y en a toujours qu'un à deux aptes au vol. Au passage, le ministre retranche d'un appareil (passage de 6 à 5) le nombre qui doit être opérationnel dans la configuration tactique (terrains sommaires, aérolargage, autoprotecftion ravitailleur)... d'ici la fin de l'année.
Le Tigre, qui avait déjà le bonnet d'âne, avec 20% de dispo en 2014 continue sur lancée. Une VP dure 383 jours au lieu des 180 prévus selon François Lamy, le rapporteur Terre. La dispo moyenne, dans l'ALAT, n'est que de 38%. Comment une arme, une des rares qui puisse prétendre à la foudroyance, peut travailller dans ces conditions ? Peu de dispo = peu d'entraînement = risque accru de sécurité des vols = retards dans la progression des jeunes.
Personne ne peut prétendre découvrir cette situation, en tendance au moins, car tous les chiffres connus hier, n'avaient pas forcément été livrés dans le débat parlementaires (ce qui interroge, néanmoins, sur l'information livrée aux députés pour analyser le budget). Lors d'une ses premières visites aux forces spéciales, le CEMAT l'avait embrassé en une après-midi... en 2014. Les personnels du 4e RHFS lui avaient repercuté la quasi-impossibilité à s'entraîner en France, toutes les heures se faisant en opex. Or, encore plus que les autres, cette unité vole de nuit, une réalité à laquelle on ne s'entraîne pas... pendant une opération réelle. L'accidentologie des dernières années mériterait d'être scannée avec ce filtre d'un entraînement insuffisant, et les rapports  d'accident -on les attend toujours- n'auraient peut-être pas les mêmes conclusions.
Le ministre a dit "confirmer tous les chiffres" brandis par les députés, mais n'avait pas sur lui l'instantané des dispos de flottes demandé avec entêtement par l'obstiné François Cornut-Gentille. Sans aller aussi loin que lui dans les conclusions, constatons que ces chiffres feraient sans doute tache dans les capacités des armées à mener des opérations, et, à peine moins grave, dans les prospections actuelles pour exporter du Caracal et du Caïman. Un tableau tellement sombre qu'il aurait fallu s'interroger sur les priorités budgétaires à donner au domaine hélicoptères, qui auraient fini, sans aucun doute, à faire de l'ombre à d'autres, peut-être finalement pas si stratégiques.

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