Dans un courrier qui n'avait sans doute pas vocation à être rendu public, en tout cas, pas aussi vite, le
CEMA livre son appréciation de situation de la guerre entre l'Ukraine et la Russie (qui l'a commencée). LE courrier aux officiers généraux est daté du 9 mars.Le général Thierry Burkhard, qui avait prophétisé la haute intensité dans sa vision de CEMAT (il y a plus de 3 ans, avant le CEMA en poste...) estime que l'objectif de la Russie est notamment, après la prise de Kiev et du président ukrainien, de "couper en deux les forces ukrainiennes pour empêcher une résistance coordonnée dans la durée".
"Il est clair que Vladimir Poutine a sous-estimé plusieurs points, poursuit-il : la combativité des forces ukrainiennes qui leur permet de mener une résistance efficace, la solidarité européenne extrêmement forte, l'ampleur de l'émotion internationale (à mon sens, encore surestimée tant que les horreurs de la guerre russe ne sera pas bien visible, NDLR)".
"Il est désormais dans une situation stratégique qu'il n'avait sans doute pas anticipée. Alors que l'opération spéciale devait montrer la force de la Russie, c'est l'inverse qui se produit. Cela rend Vladimir Poutine d'autant plus imprévisible (...) Tout peut arriver et nous devons y être prêts."
"Pour ce qui concerne la suite des évènements, je considère qu'en dépit de la remarquable résistance dont elles font preuve, les forces ukrainiennes, confrontées à la difficulté de tenir un dispositif étiré, sans réserve opérative, pourraient connaître un effondrement subit. La défense civile -ou territoriale- ne prendra pas pour autant fin, notamment dans les localités assiégées. La guerre pourrait durer. Dans la mesure où le deuxième échelon russe est déjà engagé, Moscou sera contraint de déployer des moyens supplémentaires. Se posera alors la question des armées russes à tenir un tel engagement de manière prolongée, ce qui pourrait ouvrir la porte à des négociations plus équilibrées qu'attendu".
"Plus que jamais, la cohésion nationale est une condition de l'efficacité opérationnelle des armées, dont la mission n'a jamais été aussi claire ni aussi essentielle depuis la fin de la guerre froide : forces conventionnelles et forces nucléaires s'épaulent en permanence".
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