C'est sans doute la réforme que la minarm aurait dû mettre sur le haut de la pile. Hier, le minarm
reconnaissait que le statut des 2S (ou de la campagne présidentielle?) avait ses "zones grises" et qu'il faudrait se pencher sur le sujet. Qui s'en chargera ? Un vieux serpent de mer, comme la réforme de la chaîne communication des armées. Trop tard pour s'y mettre, aussi près de la présidentielle !Car ce n'est pourtant pas la première fois pourtant que les problèmes se posent. De l'obligation de neutralité des 2S, des consignes de neutralité et de discrétion des candidats à la présidentielle lors de leurs visites dans les unités militaires. Mais cette fois, le minarm, et le président lui-même sont bien ennuyés par ces acteurs bien turbulents, qui ne suivent pas les consignes données et les règles.
Le principal concurrent du PR, Eric Zemmour, est conseillé par un ancien MGAT. On dit que le président vit assez mal ces militaires qui pondent des tribunes, et maintenant, conseillent ses propres adversaires. Cela pourrait tendre des relations déjà assez délicates avec la communauté militaire, pas toujours convaincue par les sorties orales perçues comme rigides et tranchantes du président. C'est évidemment oublier que le même a pourtant amené un niveau de ressources inédit. A une époque où peu de ses concurrents se hasardaient à faire de telles promesses.
Tout n'est pas parfait : le bilan d'Emmanuel Macron dans la défense, et de sa ministre reste à écrire. Mais les chefs militaires fonctionnent souvent à l'affectif, se concentrant souvent sur les déclarations d'amour, plus que sur les preuves. Là où, inversement, les militaires de base, habitués à une certaine dureté dans le propos, voient, eux, les bilans réels et pas les déclarations.
D'autres militaires, d'active ou du 2S sont d'ores et déjà inscrits, voire très actifs dans les différentes écuries. Ils semblent nombreux chez Zemmour, attirés par un discours séductif. Mais pour l'instant relativement vide de propositions dans la défense. La seule réalisation tangible de cette équipe, c'est un compte Twitter (les militaires avec Zemmour) pour l'instant lui aussi vide de contenu défense, il se contente de relayer le contenu des autres twitter du même genre de la Zemmourie. La stratégie des réseaux sociaux de cette dernière est plutôt efficace, même si peu développée : les comptes de la sphère du candidat se retweetent et se followent les uns les autres. Basique, mais cela marche. Et parfois on y trouve même des idées. Voire des arguments, mais il faut chercher longtemps. Le programme défense est attendu. Il faudra voir les différences avec celui du RN. Ou de celui de Nicolas Dupont-Aignan, le seul à vraiment avoir diffusé ses idées comme révélé ici même. On ignore qui a signé ce programme, même si certains détails sont signants.
Dans l'entourage de Valérie Pécresse, un groupe de travail défense concentrerait plusieurs anciens chefs d'état-major. A sa tête, un pur civil. Et bientôt, un porte-parole officiel, le député LR Jean-Louis Thieriot, qui connaît bien la marine. Il aurait autour de lui des pointures parmi les rares qui travaillent sur ce sujet chez les LR. Le programme défense tarde à sortir chez les LR, et ne semble pas, pour tout dire, figurer dans les priorités de la candidate.
Qui n'a eu qu'une interaction défense depuis son intronisation de candidate : devant le mémorial opex, où se trouvait opportunément une patrouille Sentinelle.
Il est probable qu'il y en aura d'autres. La chiraquienne Pécresse peut, d'ailleurs, être la surprise de la campagne dans ce domaine défense, du fait de l'équipe nommée plus haut. Une réunion d'état-major de la candidate avec évoqué ce matin le sujet du porte-parole défense, qui serait désigné en fin de semaine. Les grandes manoeuvres semblent se poursuivre autour de la nomination du porte-parole, mais aussi de son rattachement. La V1 évoquait une rattachement direct à la candidate, mais Michel Barnier a déjà la sécurité et les affaires étrangères. La défense aurait sa place dans ce pôle. Au point de rebattre le choix du porte-parole ?
Au RN, qui compte traditionnellement de nombreux soutiens chez les militaires et gendarmes, mais aussi des 2S déclarés, le directeur de cabinet... est un saint-cyrien, qui a quitté l'armée de terre. Marine Le Pen devrait dire ses priorités défense en février, ou en mars, au moment d'une immersion dans les armées, sans doute dans l'armée de terre. Sans rire, son entourage explique qu'elle, en tout cas respectera les consignes données par le minarm au candidats. Donc pas de media pour la visite, pas de photos sur twitter, et des média pour la présentation du programme.
Chez LREM, au moins un 2S (armée de terre) figure dans le collectif animé par Fabien Gouttefarde qui s'est présenté à l'AJD comme en charge de trouver des idées tranchantes. Mais cette équipe n'est en fait qu'une des équipes planchant sur le sujet. La vraie est pilotée bien plus discrètement, et elle aussi comporte au moins un ancien officier général. Et donc, on le sait suite à une bien étrange fuite interne, deux députés LREM, la vice-présidente de l'assemblée nationale, Laëtitia Saint Paul (qui siège aux affaires étrangères), elle-même militaire en disponibilité (capitaine de l'armée de terre). Et l'ancien infirmier commando Jean-Michel Jacques. Interrogé par ce blog, le morbihannais ne nie pas en être, mais sans détailler quoi que ce soit.
Stratégiquement, le programme défense du candidat Emmanuel Macron ne doit évidemment pas faire le moindre cm2 d'ombre au président en exercice et vice-versa. Cela a conditionné déjà une bonne partie de la stratégie Sahel des derniers mois. Et sans doute l'annulation du réveillon, qui a énervé sur place bien des militaires. D'autant plus que les opérations (terrestres) ont été mises en standby dans la perspective de cette venue. Dans l'attente du positionnement réel des autres candidats à la présidentielle, et de la consistance de leur programme, les équipes LREM et du candidat fourbissent leurs arguments. A suivre, ici même, dans les jours à venir.
Mes infops et photos sur le twitter @defense137.