Un communiqué de la minarm confirme à l'instant la nomination du général Thierry Burkhard comme
CEMA. Il succèdera "après le 14 juillet" au général François Lecointre, qui aura servi quatre ans à ce poste.Cette succession était attendue depuis plusieurs mois, même si, comme à chaque fois, celui qui choisit, le présidence de la République et chef des armées, n'avait évidemment pas livré d'indices sur son choix final. A ce stade, on ignore qui lui succèdera à la tête de l'armée de terre, parmi une liste de noms qui comptait aussi aussi bien à l'origine des légionnaires que des marsouins (la piste semble-t-il la plus sérieuse). C'est aussi un marsouin qui deviendra cet été son porte-parole. Le sous-chef opérations de l'EMA pourrait également changer. Autant d'éléments qui vont accélérer les rotations de postes, notamment dans l'armée de terre.
Le général Burkhard (57 ans le 30 juillet prochain) connaît bien l'EMA, notamment son domaine opérationnel : il a servi à trois reprises au CPCO, comme officier de quart (1996-2000) après son début de carrière au 2e REP puis au sein du J3 Europe (2004-2007). Il est ensuite adjoint au conseiller communication du CEMA (2007-2008) avant de prendre le commandement de la 13e DBLE. Son régiment est alors engagé aux frontières du pays, en soutien des forces djiboutiennes.
A l'issue, il revient à l'EMACOM plutôt que de passer par la case CHEM (il est sans doute un des premiers sinon le premier CEMA à ne pas en être issu) et inaugure un style inédit dans la présentation des briefings opérationnels hebdomadaires. Il fait prendre une nouvelle dimension à la communication opérationnelle qui devient incontournable dans les rapports avec les média. La France est alors engagée en Afghanistan, puis au Sahel, avec une montée en puissance des théâtres intérieurs (Guyane, participation à la lutte contre le terrorisme). La communication opérationnelle (dont ceux qui la font sur les théâtres) et les médias sont "essentiels" aux opérations modernes, comme il rappelait encore en décernant le prix Schoendoerffer, jeudi soir.
Thierry Burkhard décroche ses étoiles en 2014, un an après avoir été promu conseiller au coordinateur national au renseignement. Il revient à nouveau au CPCO à l'issue, comme chef conduite (2015) puis chef, pour un an (2017). Inspecteur de l'armée de terre une année, il devient CEMAT à la suite du général Jean-Pierre Bosser. Il y imprime sa marque d'un entraînement plus dur et réaliste, dans une vision stratégique sans doute pensée durant son année d'IAT (si ce n'est avant) mais qui sort finalement à l'été 2020. Mais il lance aussi une prise en compte des champs informationnels qui débouchera sur une expérimentation mené en 2022 par la 11e BP afin de doter à terme tous les régiments de l'armée de terre d'un trio de spécialistes équipés et formés.
Une des rares certitudes de la période à venir est que le désengagement de Barkhane constituera une manoeuvre délicate, comme tout phase de ce type (1). Une cinquième attaque à l'IED en Côte d'Ivoire (la première meurtrière sur les militaires locaux), hier soir, à la frontière avec le Burkina Faso rappelle les dangers de cette zone, qu'emprunteront les convois du désengagement.
Ce dernier permettra aussi de faire reconditionner un certain nombre de matériels (jusqu'à quand?) placés sous pression depuis plus de vingt ans, comme les hélicoptères, les avions de transport. Les personnels aussi : la mécanique de Barkhane, bien huilée, modèle néanmoins en profondeur le principal contributeur (l'armée de terre).
Les moyens et personnels épargnés pourront ainsi être mobilisés dans la préparation à la haute intensité, une posture qui se décline dans les trois éléments, y peut-être compris, demain, dans l'espace.
Mes infops et photos sur le twitter @defense137.
(1) et sans doute du fait de très fortes élongations, d'un maintien d'éléments français sur place (alors qu'en 2012, en Afghanistan, la France a tout démontré) et d'une volonté des deux principaux groupes adverses de continuer à marquer des points contre Barkhane.