lundi 28 décembre 2020

Les plaintes de six aviateurs ciblent des RPS présumés à Nancy

De lourdes accusations sont portées par six militaires ou anciens militaires de la base aérienne 133 de

Nancy, dans le cadre de cinq plaintes (1) au parquet de Metz déposées par un avocat de Nancy, Me Frédéric Berna. Qui se trouve être, par ailleurs, officier de réserve (dans l'armée de terre nous a-t-il affirmé). Selon l'avocat (nous n'avons pu encore entrer en contact qu'avec un seul de ses clients), ses clients disent avoir vécu des harcèlements moraux et/ou sexuels, qui selon lui sont réguliers sur cette base de chasse. Un article 40 était déjà déposé par un sixième militaire.

L'avocat explique que ses clients ne contestent pas l'aguerrissement ou les traditions, mais qu'il s'agit bien d'autre chose, répréhensible. La répétition de ces faits, et leur ampleur ont amené ses clients à d'abord informer le commandement. L'avocat assure que des enquêtes de commandement ont été conduites, et n'ont pas amené d'amélioration. Voire ont même aggravé la situation. Plusieurs militaires ont saisi Themis, évoque aussi Me Berna. Là non plus, la situation n'a pas évolué. Selon l'avocat, une partie de ses clients sont sortis en tête de leur promo lors de la formation initiale et sont jugés comme d'  "excellents militaires" (...) "Ils ne cherchent pas à nuire à l’institution à laquelle ils sont très attachés. Ils sont très désappointés de ce qui s’est passé et ne disent pas de mal de l’armée".

Un pilote, ancien JTAC et affecté au 2/3 Champagne est un de ces plaignants. Il a quitté l'armée de l'air en 2018. Son discours est posé : dans son cas, le harcèlement moral se lit dans une plainte, mais aussi dans un livre qui sort en janvier prochain, en auto-édition. Il assure avoir prévenu, avant son départ, son environnement de travail qu'il écrirait ce livre. 

Entré dans l'armée de l'air en 2007, il n'arrive à Nancy qu'en 2014 car à l'époque, les problèmes de disponibilité rallongent considérablement les cursus. C'est donc déjà un pilote aguerri au 2/2, et non un PIM au sens propre du terme : il subit pourtant l'accueil réservé aux pilotes à l'instruction qu'il décrit comme très vite porteur de harcèlement.

Alors qu'il a déjà effectué un mandat de JTAC au sein de la TF Sabre, puis un stage de CTA à Djibouti, il va avec les muds faire un detam à Djiobuti, et un autre à N'Djamena, dans le cadre de Barkhane, en 2017. A ce moment-là, l'ancien pilote dit avoir encore subi de nouvelles foudres de ses supérieurs et des brimades. Plusieurs de ses collègues lui ont apporté leur soutien, assure-t-il, sans avoir réussi à changer la donne.

Il croisera aussi à Nancy plusieurs des autres protagonistes de la plainte, deux officiers rens du 3/3 Ardennes (des femmes), un exploitant rens et un navigateur officier systèmes d'armes du 2/3. 

Contactés dès ce weekend, le cabinet de Florence Parly et l'état-major de l'armée de l'air n'ont pas souhaité répondre à nos questions ni s'exprimer sur les suites, au moins préventives, de ces affaires. Me Berna va écrire à la rentrée à la ministre afin qu'elle puisse entendre la version de ses clients de vive voix. Difficile de croire à un tel exercice, qui serait inédit, et pourtant, dans un contexte croissant de RPS, judiciarisés ou non, il devient désormais difficile au minarm de ne pas prendre en considération la parole de victimes. 

Mes infops et photos sur le twitter @defense137.

(1) évoquées dans une pleine page de l'Est Républicain ce we.