samedi 26 décembre 2020

Des tirs, deux blessés : le réveillon tourne mal à Gao

La prévoté a ouvert une enquête suite à des tirs de PA 9 mm, dans la nuit de Noël, sur la base de Gao

(2000 militaires environ) comme signalé ce matin sur mon twitter @defense137. Deux militaires du 1er Tirailleurs ont été blessés par un militaire du même régiment dans un contexte qui reste à clarifier. Le commandement se borne à relativiser l'évènement et à évoquer une sur-consommation d'alcool sans qu'on sache qui cela concernait dans les protagonistes.

Les deux blessés ont été stratévaqués hier soir et accueillis dans un hôpital militaire parisien. Un, plus sérieusement touché, a été opéré, l'autre serait moins gravement touché. Leurs jours ne sont pas en danger. On ignore ce qu'il est advenu du tireur.

Outre l'enquête de la prévôté, un tel évènement génère forcément l'ouverture d'une enquête de commandement. Comme il s'agit de forces en opérations, c'est l'EMA qui est responsable de l'emploi des personnels militaires. C'est donc l'EMA qui enquête, avec sa propre inspection, l'IdA. C'est notamment elle qui avait enquêté sur le covid-19 à bord du Charles-de-Gaulle, mais aussi sur la collision de deux hélicoptères à Barkhane il y a 13 mois. L'inspecteur actuel connaît bien l'armée de terre en opérations.

L'alcool et son accès sont strictement contingentés à Gao, comme sur les autres bases. Pourtant, la même prévoté avait, en 2019, démantelé un trafic d'alcool créé à l'initiative d'un militaire des FAMa. D'autres trafics ont été détectés, depuis la création de la PFOD, en 2013. Plusieurs commandants de base successifs à Gao ont constaté des écarts aux règlements militaires, manifestement, cela n'aura pas suffi.

Ce fait divers exceptionnel qui ne peut pas être minimisé vient percuter le storytelling qui avait été établi depuis plusieurs mois pour Barkhane, et qui doit culminer à la mi-janvier, avec l'annonce de la fin du surge, qui doit ramener Barkhane sous les 5000 militaires. Le Premier ministre sera lui à N'Djamena pour le réveillon.

Afin que cette manoeuvre de communication stratégique fonctionne, notamment dans la population française, et ne laisse apparaître que des éléments positifs, le flux médiatique (comme parlementaire) envoyé à Barkhane a été singulièrement réduit ces dernières semaines et son agenda réduit au strict nécessaire. Alors qu'il aurait dû être totalement éteint pour respecter les consignes sanitaires, ce qui n'a pas été le cas.

Mes infops et photos sur le twitter @defense137.