jeudi 25 février 2016

Une enquête de la DPSD

Jean-Yves Le Drian a fait savoir hier qu'il avait fait ouvrir une enquête qui sera menée par la DPSD
pour suspicion de compromission. Le terme de suspicion doit bien être, par principe, ajouté, car à ce stade, et c'est l'objet de l'enquête, le ministre s'interroge.
Sans doute à la fois sur la précision de certaines infos contenues dans Le Monde, mais aussi certaines déclarations, en "on" et en "off". Or on sait qu'en matière d'opérations, il ne doit y avoir qu'une seule parole actuellement, c'est... le silence.
Les relations devenues assez aléatoires entre la presse et l'EMACOM, que n'ignorent plus les lecteurs de ce blog, mais aussi ceux du Monde et quelques autres, sont, clairement, une des causes de la situation actuelle. Sans interlocuteur, sans réponse, les choses se compliquent, c'est évident, et ne rien y changer, c'est devoir lire, dans le futur, des articles peut-être encore plus pénibles.
Comme la communication d'hier ne l'a évidemment pas précisé, on peut s'interroger sur les passages qui sont le résultat d'une compromission du secret défense.
En l'espèce, le ministre s'inscrit dans les pas de ses prédécesseurs, puisque la DPSD est son service de renseignement exlusif, en charge de la protection du secret défense, une mission réelle, qui doit aussi, par exemple, se pencher sur toutes les compromissions.
On peut néanmoins rappeler que les fuites sont, par nature, extrêmement rares, puisque l'essentiel de ce qui sort du ministère le fait par accord de ce dernier. C'est souvent le cas aussi, pour ce qui est parfois abusivement présenté comme des fuites.
On peut se rappeler qu'en 2011, les personnels de l'escadron de transport 1/61 Touraine, alors en pleine campagne LMTGHOB en Libye avaient vu débarquer la DPSD, parce que le Figaro avait raconté dans ses colonnes que la France larguait du fret en Libye.
On peut penser que ce ne sont pas les aviateurs qui avaient été assez débiles pour s'épancher sur leur travail du moment, et qu'il fallait donc trouver l'origine de cette info dans des cercles parisiens, souvent assez éloignés des opérations, mais pas toujours du ministre, ou de ses collègues de travail.
On peut rappeler qu'en 2009, dans un exercice de haute volée démocratique, insuffisamment souligné à l'époque, l'auteur de ce blog (un journaliste) avait été interdit d'accès sur un site militaire, sur recommandation d'un inspecteur de la DSPD. Un excès dénoncé à l'époque par le ministère lui-même, qui avait évoqué une "erreur". Bon, ce dernier s'est trompé, cela arrive à tout le monde, mais cela interroge : qui contrôle les contrôleurs ?
On peut aussi rappeler que si le travail de la DPSD est appuyé par la loi et le ministre, le secret des sources est aussi, même en état d'urgence, une valeur démocratique et, elle aussi légale. Le secret peut-il être opposé à l'information démocratique (car le ministère n'a rien démenti sur le fond), messieurs, vous avez quatre heures !

Mes tweets d'actu sur @Defense137. 
Mes derniers livres : Le RAID, 30 ans d'opérations (Ed Pierre de Taillac), L'armée au féminin, préface de Jean-Yves Le Drian (Ed Pierre de Taillac) et Commandos du Ciel, préface du général André Lanata (Editions JPO).