Alors qu'il doit annoncer en cette rentrée son choix entre Défense et Bretagne, et signer quelques
autres grands contrats, Jean-Yves Le Drian ne peut pas l'ignorer : un sondage IFOP (1) pour Sud-Ouest Dimanche le consacre comme meilleur ministre du gouvernement, pour 59% des personnes interrogées.
Outre ce meilleur chiffre de satisfaction, c'est aussi lui qui transcende le plus les clivages politiques.
Il est certes un tout peut peu moins (un point) populaire chez les revendiqués PS que ses collègues du Quai d'Orsay et de la place Beauvau, mais il émarge en tête dans les coeurs des Front de Gauche, et surtout à droite, chez les Républicains (en deuxième position directement derrière Emmanuel Macron).
Même au FN, il recueille 30% d'opinions favorables.
Pas besoin d'avoir fait de grandes études pour mesurer le succès de la méthode Le Drian : sa responsabilité directe dans le gain de la quasi-totalité des grands contrats d'armement signés depuis 2012, notamment deux (et peut-être trois dans quelques heures) contrats Rafale, appareil efficace, mais qu'aucun gouvernement n'avait su exporter jusqu'alors.
Défendu par sa bonhommie efficace et une équipe de conseillers, Le Drian a aussi réussi à s'éviter la mauvaise presse, malgré les déboires de Louvois dont il aura pris du temps à mesurer les dégâts, ou le récent braquage de Miramas dont on attend toujours les responsabilités et les sanctions qui doivent les accompagner. Sur le front des opérations, les militaires dont il a la charge sont toujours passés, malgré les limites croissantes de leurs moyens. Comme en sport, les Français détestent ceux qui perdent en opération : il n'a rien perdu, il a donc l'aura de celui qui gagne.
Sur le front budgétaire -notion sur laquelle il insiste dans tous ses discours aux militaires-, il a aussi réussi, à la Pyrrhus, à obtenir les moyens qu'il demandait. Même si pour cela, il a fallu que trois terroristes non professionnels s'en prennent à des Français ordinaires, et que les Français s'en émeuvent.
Bref, ses nombreux succès surpassent ses rares points faibles. Le résultat est imparable : les sondages l'adorent.
Reste à choisir, entre l'hôtel de Brienne -il a refusé de travailler au Balargone- et l'hôtel de région Bretagne. La responsabilité de l'Etat, ou la responsabilité de sa région d'origine. Le choix est sans doute déjà fait.
(1) sur un échantillon de 977 Français, entre le 24 et le 26 août. Méthode non précisée.