L'état-major des armées (EMA) a annoncé hier soir le lancement d'une opération d'évacuation de
ressortissants (RESEVAC) en Afghanistan, initiée "sur ordre du président de la République". D'après cette source, la première rotation doit avoir lieu aujourd'hui même entre les émirats arabes unis (objectif qui a été maintenu ce matin par la minarm), où la France dispose d'un ensemble de bases (FFEAU) totalisant 700 militaires, et Kaboul.Deux avions de transport d'assaut (ATA) ont quitté la France hier soir et ce matin très tôt. Ces appareils autoprotégés, un Atlas et un C130, assureront les liaisons entre les FFEAU et Kaboul. Puis des Phénix se chargeront de les rapatrier en métropole.
Le tempo sera donc tendu -mais réalisable, les ATA partant avec plusieurs équipages- pour assurer cette première rotation aujourd'hui, avec une situation qui peut évidemment évoluer à Kaboul durant le vol aller. Les terrains de déroutement ne sont pas légion dans la région : rien qu'en Afghanistan, seul celui de Kaboul est encore jugé fiable. Le risque d'invasion des pistes par des civils, ou plus évidemment encore, des combats sur l'aéroport, sont patents.
Le président de la République doit en personne évoquer l'Afghanistan, ce soir, lors d'une intervention : c'est ce qui explique vraisemblablement la communication décidée hier sur Apagan. Toutes les RESEVAC n'ont pas bénéficié, par le passé, d'une telle exposition.
Seulement, le temps est aussi très compté : les avions français vont arriver sur un aéroport qui était déjà très embouteillé ces derniers jours. Et évidemment, les taliban sont déjà dans la ville, la fragile équation de la RESEVAC française repose donc sur le temps que tiendra l'aéroport, protégé par les forces américaines. L'aéroport n'est pas qu'une simple enceinte, mais aussi un volume aérien.
Si aucune RESEVAC n'est facile au préalable, celle-là démarre, clairement, sur des bases particulièrement complexes.
Selon l'EMA, des éléments des FFEAU vont participer à la RESEVAC. Ces opérations sont réalisées au moins une fois par an par les forces prépositionnées françaises, dans le monde entier. La France possède une expertise de ces RESEVAC, acquise par des opérations à répétition dans les années 90 et 2000 (principalement en Afrique).
Cette opération-ci est en quelque sorte simplifiée par le fait que plusieurs vols (dont le dernier officiel du gouvernement, en juillet) ont été organisés depuis l'offensive des talibans. On ignore, à ce stade, le nombre réel de personnes à évacuer.
Cette RESEVAC à Kaboul intervient 20 ans après l'arrivée des premiers français venus, à l'époque, aider les Afghans à déloger les talibans du pouvoir. 89 militaires y ont perdu la vie, entre 2004 et 2012.
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