lundi 30 août 2021

Apagan, une RESEVAC atypique

Apagan est une RESEVAC atypique a plus d'un titre. C'est le cas d'abord parce que la plupart des 2834

civils évacués en douze jours ne sont pas des Français (142, avec en plus une soixantaine de ressortissants d'autres pays), mais des réfugiés du pays d'origine de l'évacuation, 2630 Afghans, envers qui la France a finalement respecté sa parole. Un volume qui excède très largement les évaluations qui avaient pu être entendues à l'origine : on évoquait alors "quelques centaines". La France ayant déjà, depuis son retrait des opérations de terrain en 2012, et encore cette année, permis l'arrivée en France de ses anciens et actuels PCRL (personnels civils de recrutement local, des interprètes, mais pas seulement) et leurs familles. Il en reste encore probablement sur place.

C'est aussi rare si on réfère à la plupart des précédents, cette évacuation-ci est intervenue en environnement interallié, et la France y est resté en profil bas, à tous les sens du terme. Les Etats-Unis ont assuré jusqu'au bout la sécurité de l'enceinte. Manifestement, Paris s'était donné aussi la possibilité de renforcer sa cotisation au dispositif à Kaboul, y compris en faisant partir des éléments de l'ENU. Cotisation qui, tous services confondus (côté minarm), n'a finalement pas excédé la centaine dans la capitale afghane, un effectif presque résiduel pour une RESEVAC, puisé dans les forces spéciales (c'est classique) et les forces prépositionnées (lire par ailleurs). Un niveau réduit qui s'explique par le fait qu'il n'y a quasiment pas eu d'opérations hors des limites de l'aéroport. 

Autre élément atypique, la RESEVAC s'est faite de bout en bout, sans recours à des moyens civils, qui auraient pu oeuvrer depuis les EAU (ce qui était exclu par contre, à Kaboul). Le choix de cette formule est sans doute dicté par un ensemble de facteurs : l'environnement covid-19, des facteurs sécuritaires (des doutes pouvaient subsister sur le profil de quelques civils) et humanitaires peu compatibles avec du transport civil. Avec un à deux avions Airbus A310 et Phénix consommés chaque jour, Apagan est arrivée au bon moment dans le cycle des relèves, sans durer trop longtemps. Quelques semaines plus tard, l'impact n'aurait pas été le même.

Le bout en bout pouvait aussi s'avérer rassurant, à tous points de vue, pour les autorités émiriennes, qui ont été plutôt proactives par ailleurs, déjà en autorisant ce transit. Par contre, cette formule obligeait à finement prévoir les rotations entre les avions arrivant de Kaboul, et ceux partant pour la France, puisque les capacités d'accueil sur la BA104 étaient limitées.

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