jeudi 16 septembre 2021

Un(e) mort qui tombe à pic

Il n’y a jamais de mauvais moment pour annoncer la mort d’un chef terroriste, particulièrement celui-là. Sans expliquer pourquoi c’était l’heure ce matin, la ministre des armées a confirmé la mort du n°1 de l’EIGS (le 17 août), lors d’une conférence de presse commune avec le directeur général de la sécurité extérieure et le CEMA. 
La mise en concurrence, par le gouvernement malien, de ses prestataires de sécurité intérieure (avec une perspective d’irruption du groupe de mercenaires russe Wagner) mais aussi le KO australien connu hier ont sans aucun doute précipité l’annonce ce matin de la mort du chef terroriste. 
Un ennemi décrit par le menu par la ministre (qui lui a attribué « 2000 à 3000 morts civils depuis 2013, essentiellement musulmans » et la mort de Français, notamment, en 2020, les humanitaires d’Acted) puis Bernard Emié (qui a rappelé la cruauté de l’intéressé, tout en rappelant aussi le fait qu’EIGS détient encore un otage allemand). Cette neutralisation impacte l’EIGS, déjà matraqué depuis 2020 par l’opération Barkhane, et totalement décapité par des neutralisations et captures de ses cadres. 
Pourquoi un mois de décalage entre la mort et l’annonce ? Les vérifications nécessaires, pour éviter de rééditer la résurrection d’un chef terroriste neutralisé par une revendication trop rapide. Aussi, sans doute, se donner le temps d’exploiter les ressources récupérées sur place, une pratique que le DGSE a brièvement évoqué. C’est le ressort essentiel de la TF Sabre sur place, plus largement de l’opération Barkhane. Un travail de bénédictin rentable quasiment à chaque fois, ce qui oblige aussi à une certaine mesure dans les actions de feu. 
Plusieurs frappes aériennes et opérations au sol se sont déroulées du 17 au 20 août dans la forêt de Dangarous, recensée comme étant une zone d’accueil de l’EIGS. C’est une de ces frappes aériennes qui aurait neutralisé le chef de l’EIGS le 17 août, alors qu’il se déplaçait à moto avec un autre terroriste. Une frappe complexe, qui n’a pas été attribuée, entre les drones Reaper (français et/ou américain) et les chasseurs Mirage 2000 de l’armée de l’air. Ce qui confirme le statut prééminent des moyens 3D dans l’attrition des groupes armés terroristes. Les volumes déployés sur place ne devraient d’ailleurs pas être concernés par les réductions lancées par le chef des armées, cet été.

Mes infops et photos sur le twitter @defence137