mardi 16 novembre 2021

Renseigner n'est pas jouer

La France va entrer ce matin, sauf report, dans le club très fermé des pays détenant des capacités de

recueil électromagnétique basées dans l'espace. Un titre dont elle peut légitimement se gargariser, en Europe, puisqu'elle est la première. Un petit lanceur franco-italien Vega envoie la constellation Ceres dans l'espace, avec un tir prévu à 10h27 heure de Paris. 

Il faudra plusieurs mois avant que Ceres soit totalement opérationnel.

Pour la direction du renseignement militaire (DRM), plus largement la communauté des services, c'est un grand pas de franchi après 20 ans d'expérimentations qui avaient des noms de fruits et de jeunes filles chantées par Gainsbourg. 

Depuis l'espace, aucune autorisation de survol à demander, et la totalité du globe est couverte.

C'est donc bien plus rapide qu'avec un aéronef, un navire ou des moyens terrestres de guerre électronique, tous moyens que la France, puissance globale, détient encore.

Pour quelques mois, car la filière est aussi en souffrance. Annoncée comme la grande priorité des gouvernements successifs depuis 15 ans, le renseignement n'a pas toujours les moyens qu'on croit. Il suffit de s'y intéresser, en données ouvertes, et on découvre une situation très contrastée, qui tranche souvent avec les pitchs triomphants.

Dernières déconvenues, largement développées dans un récent dossier d'Air & Cosmos, le renseignement aérien a connu deux gros coups durs, l'annonce du retrait accéléré des Gabriel (attendu en 2022, près de cinq ans avant la date prévue), et les soucis de vision des Vador.

Pour les Gabriel, le problème ne sera pas résolu. La France perd donc en richesse de compréhension, et en capacité d'entrée en premier. Voilà pour le volet stratégique. Mais elle perd aussi dans sa capacité à lutter contre le terrorisme sur le segment tactique.

Pour le Vador, c'est presque plus simple.

Mais la France va devoir à nouveau casser sa tirelire, pour remplacer les boules Star Saphire neuves d'un avion livré il y a un an et qui sont limitées (ce qu'on savait avant de les monter sur l'avion). Une belle leçon de gestion des derniers publics : en voulant faire des économies de bouts de chandelle, on arrive souvent au résultat inverse. Et en plus, dans l'intervalle, il faut faire sans les capacités, voire en louer. Pas une gestion très avisée des euros des Français.

Mes infops et photos sur le twitter @defense137.