La meilleure visualisation du volume de moyens engagé par l'armée de l'air au profit de l'opération
Hamilton permet de mesurer l'énorme effort de l'aviation française cette nuit-là.
En effet, ce ne sont pas six mais huit tankers qui étaient en vol, cette nuit-là. Deux appareils ont, comme prévu, rebroussé chemin après avoir ravitaillé les copains une première fois. Etrangement, ces deux avions des forces aériennes stratégiques n'avaient pas été comptabilisés jusqu'à maintenant dans les bilans officiels. Cela donne à ce raid un dimension historique : tout simplement, jamais autant de tankers n'avaient été mis en vol simultanément pour une opération partant de bases-mère.
Si l'on se réfère à la flotte totale de tankers (14), dont trois appareils sont en moyenne en maintenance industrielle, deux sont déployés à Barkhane (un a manifestement dû être rapatrié pour Hamilton), et l'appareil d'astreinte pour la police du ciel, on peut mesurer que la disponibilité était incroyablement excellente dans les jours précédents. Un coup de chapeau, ou de casquette est vraisemblablement à adresser aux mécanos du GRV Bretagne. Et évidemment à Murphy, dont la loi était manifestement en vacances aux Bermudes.
Les éléments photographiques officiels distribués le 14 avril permettent de visualiser trois biplaces différents des Forces aériennes stratégiques, or cinq Rafale étaient engagés en vol. L'armée de l'air a lancé neuf missiles sur la Syrie, pas besoin d'avoir fait de grosses études pour mesurer qu'une fois de plus, les FAS ont été à la pointe des bilans de tirs (5 ou 6 missiles donc).
A l'heure où l'Allemagne, moins occupée en opérations et mieux dotée budgétairement, compte les dérives de chasseurs capables de voler sur moins d'une main, la France était plutôt donc dans une bonne période, avec neuf chasseurs en vol dans Hamilton (et deux Awacs, soit 50% de la ressource de l'armée de l'air). Auxquels il faut ajouter des Rafale et des Mirage 2000-5 en spare pour Hamilton, une douzaine de chasseurs qui étaient en entraînement aux Pays-Bas, huit autres en astreinte en police du ciel, quatre à Djibouti, 10 (Rafale) en zone Chammal, et 8 en zone Barkhane (Mirage 2000D et 2000C). Soit entre 50 et 60 chasseurs directement disponibles en opérations ou en entraînement interallié, hors formation initiale ou entraînement en escadrons, et avions de relève pour les opex. Un niveau de mobilisation exceptionnel.
Bref, et malgré les ponctions des dernières années, les problèmes de standards de parcs et l'âge des tankers, l'armée de l'air a tenu son rang, il y a trois semaines.
Le seul grain de sable, le missile qui n'a pu quitter son Rafale après les tests de pré-lancement. Un problème qui était déjà arrivé au moins un fois à un Mirage 2000D, en 2011, lors des premiers tirs sur la Libye comme ce blog, qui existait déjà à l'époque, l'avait signalé. Mais la problématique est différente sur Mirage 2000D et Rafale, donc le missile avait vraisemblablement été conservé sous l'avion.
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