jeudi 31 mars 2011

Le général Favier dit au revoir au GIGN

Le patron du GIGN, le général Denis Favier a dit hier au-revoir au groupe de gendarmes qu'il a commandé à deux reprises, cédant la place au colonel Thierry Orosco. Parmi les centaines d'invités, on notait la présence de l'amiral Prazuck, patron des fusiliers et comandos de la marine, avec qui le GIGN coopère dans le cadre du contre-terrorisme maritime (CTM) et le préfet Jean-Louis Fiamenghi, n°2 de la préfecture de police de Paris et ancien patron du RAID.
Le général Favier doit devenir patron de la région de gendarmerie d'Ile-de-France, le mois prochain.

Psy ops parisiennes (suite)

Après intervention du Sirpa Marine et question consécutive de l'AFP, le ratio de missions assuré par l'armée de l'Air vient de tomber brutalement à 50%. Selon l'EMA COM, le ratio évoqué par le général Borel correspond "à une journée spécifique", la "moyenne se situant à 50-50 , parfois 60-40" (1). Pour avoir pu mesurer de mes yeux l'activité aérienne de la base de Solenzara, je reste un peu sceptique, pour ne pas dire dubitatif sur ces nouveaux ratios qui viennent de nous être livrés, mais comme l'Education nationale me l'avait confirmé en 1990, j'ai quelques lacunes en mathématiques, ceci expliquant sans doute le cela. Et comme je n'étais pas sur le porte-avions ces derniers jours, peut-être le niveau d'activité du PACDG était-il donc égal à ce qui se passait à Solenzara. Et que les sorties de l'armée de l'air depuis le continent ne comptent pas non plus. Ceux qui y comprennent quelque chose peuvent librement me l'expliquer. (1) Le porte-parole a ajouté que la marine était majoritaire dans une récente mission de destruction d'un dépot de munitions à Garyan le 28 mars.

Un Français bien placé à Izmir

Alors que les questions d'OTAN passionnent à nouveau la presse parisienne, on ne peut que remarquer qu'un Français est particulièrement bien placé pour visualiser la manoeuvre aérienne planifiée par cette même OTAN. Comme ce blog l'avait expliqué à l'époque, le deputy commander d'Izmir (Tuquie), commandement de composante aérienne (ACC) est le général Vincent Tesnière.

Les stats (suite)

Le porte-parole de l'EMA vient de livrer l'activité des forces aériennes depuis le 28 mars. 48 missions d'attaques au sol (Rafale, Mirage 2000D, SEM) ont été menées, tout comme 10 missions de reconnaissance (Rafale, Mirage F1CR), 8 missions de détection et de contrôle (E-2C et E-3F), et 21 missions de ravitaillement en vol (C-135FR, Rafale et SEM nounous).

L'EMA donne (enfin) ses chiffres (actualisé-1)

Le chef planification et logistique du CPCO (centre de planification et de conduite des opérations) de l'EMA vient de livrer les statistiques d'activité des forces aériennes françaises, depuis le début d'Harmattan. 1.600 heures de vol de combat ont été enregistrées, depuis le 19 mars, pour 250 sorties, selon le général de brigade aérienne Jean-Jacques Borel. De même, selon cette source, 80% des missions ont été assurées par l'armée de l'Air et 20% par l'aéronavale, même si cette réalité est "fluctuante" selon ce général, en réponse à une de mes questions. "Certains jours, la majorité des missions est réalisée par l'armée de l'air, et d'autres jours, par l'aéronavale, il ne faut pas parler de quotas". L'aviateur note cependant que les temps de présence des"aéros" au-dessus de la Libye sont légèrement plus longs au-dessus de leur zone de travail. De même, et comme ce blog l'a déjà écrit, la France est bien la deuxième contributrice de la coalition, en moyens aériens, et assure 20 à 25% des missions de la coalition. En réponse à une autre de mes questions, le général Borel a estimé qu'il n'y a pas de risque de rupture dans les stocks de kits de guidage, un mal endémique dans les forces aériennes lors du Kosovo et de la Bosnie. "Ces problèmes ont été corrigés" assure-t-il.

"Le saut" : la DGGN... n'enquête pas, dit-elle

La DGGN n'a pas ouvert d'enquête après la mise en ligne d'un clip sur internet glosant une récente intervention du RAID, en banlieue parisienne, le 17 mars. C'est en tout cas ce que son porte-parole nous a affirmé formellement en début d'après-midi, contredisant nos informations.
Un intérieur de domicile est visible dans ce clip, et une voix légèrement modifiée est également audible. La moquerie, visible sur You Tube, évoque le saut d'un policier du RAID, pour maîtriser un forcené. L'opérateur, jeune, mais expérimenté avait manqué de se tuer, alors que son réglage de corde avait été, évoque-t-on en interne, modifié. Le clip commence sur la bande annonce de L'Assaut et glisse, aux deux tiers, sur ce saut (d'où le mouvement jeu de mot entre L'Assaut, et Le saut) du varapiste de la police, sur une musique moqueuse.

Six soldats blessés à Tatarkhel

Six soldats français du BG Allobroges et quatre civils afghans ont été blessés hier après l'explosion d'une voiture suicide à Tatarkhel, à l'entrée de la vallée d'Alassay, en Kapisa (Afghanistan). Les faits se sont déroulés vers 14h, et c'est l'EMA qui l'annonce, ce matin.
La Toyota blanche a fusé vers un VAB placé en protection dans un virage. Les soldats français ont été protégés du souffle et de l'essentiel des éclats par le véhicule blindé.
Les civils afghans, dont trois enfants évoluaient à proximité d'une école toute proche.
Tous ont été pris en compte par les équipes santé françaises.
Ce recours au véhicule suicide serait une première dans la zone française, même si un franàçais, l'ADC Laurent Pican (13e BCA) avait été tué, en 2007, par un véhicule de ce type, dans un convoi d'OMLT.
L'EMA n'avait pas exclu le recours des insurgés à des modes d'actions de ce type, après les défaites à répétition enregistrées par ces derniers, depuis le mois de décembre.

Bidon

C'est une image furtive, mais le résultat est là : un Mirage 2000-5 portant un bidon camouflé façon Mirage 2000N apparaissait dans les photos diffusés cette semaine par le ministère de la Défense. Sans généraliser trop vite, et comme les problème de vue sont rares dans l'armée de l'air, on peut penser que ce curieux assemblage est peut-être lié à la rareté des gros bidons de 2.200 litres.
A moins que nous en ayons promis à d'autres opérateurs de Mirage 2000 engagés dans Harmattan et qui auraient besoin d'allonger leurs pattes (1).
A cela s'ajoute une réalité statistique : la flotte de Mirage 2000C/-5 connaît actuellement un boom d'opex, avec des engagements aux EAU (trois avions) , au Tchad (trois encore), auxquel s'ajoutent le plot traditionnel de Djibouti (sept chasseurs). Rajoutons à cela un quatrième plot qui vient de s'ouvrir en Crète : on touche peut-être là aux limites des stocks...

(1) on n'imagine pas, non plus, que les Mirage 2000 cédés aux Brésiliens l'aient été sans un volet de pièces, et notamment de bidons.

mercredi 30 mars 2011

"100% des missions de l'ATO ont été réalisées"

Servie par une météo clémente quand elle n'est pas excellente, et une disponibilité régénérée par ses mécaniciens, l'armée de l'air fait plus que tenir son contrat, à Solenzara. "100% des missions planifiées dans l'ATO (1) ont été réalisées" a reconnu ce matin le colonel Eric Bometon, adjoint forces de la base aérienne 126 devant quelques journalistes (2). Sans produire de chiffres plus précis, cet ancien pilote de Mirage 2000 pendant la guerre du Golfe a par ailleurs précisé que ce même ATO était généralement disponible la veille, à la suite de quoi la planification est déclinée en raids, à Solenzara. Une quarantaine de navigants sont présents pour assurer la réactivité nécessaire. Selon nos informations, les chasseurs d'Harmattan n'ont connu que quelques rares pépins mécaniques (3). Le dernier cas en date étant intervenu hier matin sur un Mirage F1CR du 2.33 Savoie, dont la trappe de train d'aterrissage ne s'est pas réfermée, après le décollage. Alors même que le chasseur et son pilote malheureux se posaient sur la BA126, un autre appareil (et un autre pilote) roulaient déjà sur les taxiways pour prendre la piste, et rallier la Libye. Ce matin, la flotte Mirage F1CR était au complet, pour assurer ses missions. (1) air task order : l'ordre aérien d'opérations. (2) depuis le début de la semaine, on trouve plus de journalistes étrangers que de journalistes français (6 contre 3, ce matin...) à s'intéresser à l'activité de la base aérienne de Solenzara. Sauf à croire que les journalistes ont été distraits ou détournés de l'intense activité de cette même base par autre chose, une chose s'impose, tout simplement : comme l'Afghanistan, la Libye n'intéresse (déjà) plus les rédacteurs en chefs parisiens... (3) une réalité bien connue : plus l'avion vole, mieux il vole.

mardi 29 mars 2011

Goddam ! Un Britannique vole dans Harmattan

Symbole vivant de l'amitié franco-britanique, un navigateur officier système d'armes (NOSA) de la Royal Air Force (RAF) opère actuellement sur Mirage 2000D depuis la base aérienne 126 de Solenzara. NOSA sur Tornado GR.4, ce flight lieutenant est en échange depuis 2009, chez les amis d'Aldo (la BR44 -et non BR66 comme je l'avais écrit- du 3.3 Ardennes) : Harmattan est sa deuxième opération de guerre avec l'armée de l'air française, après un déploiement en Afghanistan. A peine posé, mardi dernier, il avait été présenté à Nicolas Sarkozy, en visite sur la BA126. Quatre NOSA britanniques se sont déjà succédés sur Mirage 2000D. Un pilote de la RAF avait même largué des bombes depuis un Mirage 2000D, en 1999, durant "Allied Force".

Rafale Air : 100% délivré

Tous les Rafale Air ayant décollé aujourd'hui ont délivré l'intégralité de leur armement air-sol, a-t-on pu constater, aujourd'hui, sur la base aérienne 126 de Solenzara. Les Mirage 2000D n'étaient pas en reste, avec une moindre quantité larguée, cependant.
Les "pétafs", chargés de monter les armements sur les chasseurs, et de faire en sorte qu'ils puissent être largués correctement, conservent une cadence relativement soutenue. Les bombes guidées tirées sont relativement diversifiées : certaines n'avaient pas été employées depuis l'offensive aérienne contre le Kosovo, qui avait mis à genoux le régime de Milosevic, qui menaçait les populations civiles kosovares, en 1999.
Des experts du tir, en provenance de Cazaux-Captieux, conseillent les pilotes, dont certains assurent actuellement leurs premières missions de guerre. Un des commandants d'escadrons présents à Solenzara assure pouvoir comprendre leur ressenti : il était à leur place de jeune pilote opérationnel (PO), il y a tout juste dix ans, pendant "Allied Force".

Les Mirage F1CR entrent en scène

L'armée de l'air poursuit l'engagement de ses chasseurs, avec un nouveau passage de cap en début de journée. Par delà un volume encore plus important qu'hier, les capacités de reconnaissance ont été accrues par la mise en oeuvre des Mirage F1CR, équipés de pods Presto. D'une technologie plus ancienne que le Reco-NG des Rafale, Presto apporte cependant des atouts non négligeables. Les Mirage F1CR emportant également une caméra interne. Les Mirage F1CR ont été de toutes les opex depuis 1985, dont le Kosovo, déjà depuis... Solenzara.

lundi 28 mars 2011

Les chasseurs de Zara ont (presque) tous tiré

Signe d'une intense activité, les chasseurs de l'armée de l'air partis en mission en Libye ces dernières heures sont quasiment tous rentrés sans leurs munitions, sur la base aérienne 126 de Solenzara. Les Rafale ont atterri sans leurs AASM, et seul un Mirage 2000D est revenu avec ses GBU. A l'heure qu'il est, les mécaniciens s'affairent sur les avions juste rentrés de Libye, tandis qu'une équipe remplace un réacteur M88 sur un Rafale, dans le cadre d'une maintenance préventive.
Le général Hugues Hendel est venu à la rencontre de ses troupes, aujourd'hui. Le commandant les forces aériennes a constaté que le Rafale "était au rendez-vous", dans un spectre de missions bien plus large qu'en Afghanistan. Il a également estimé que les bases aériennes avaient permis de "tenir l'alerte" dès samedi 19 mars, avant la montée en puissance, particulièrement "réactive" de la base de Solenzara. Plus d'une quinzaine de chasseurs y sont stationnés (1), chiffre qui pourrait, sans la moindre difficulté, doubler.

(1) plus aucun Mirage 2000-5, partis à Suda, opérer avec leurs homologues qataris.

dimanche 27 mars 2011

Le G2 qui fait mentir Gates

Il arrive que les politiques commettent quelques simplifications, sans doute pour se faire bien comprendre du grand public -cela arrive même dans la presse...- (1). Aujourd'hui, c'est Robert Gates, le secrétaire à la Défense qui a commis une petite approximation dans une interview télévisée, en affirmant qu'aucun aéronef libyen n'avait pu prendre l'air depuis la mise en place de la ZEA, le 19 mars.
C'est pourtant ce qui est arrivé jeudi dernier, avec le Soko G2 qui a brièvement pris l'air, avant de se faire détecter par un Awacs de la coalition, puis de se faire détruire, au sol, par un AASM tiré par un Rafale français. Pour l'anecdote, c'est même le Pentagone qui nous l'a appris.

(1) Gérard Longuet a déclaré mercredi qu'une dizaine de véhicules blindés avaient été frappés par l'aviation française, là où l'EMA n'en décomptait que 5.

Premier tir belge

Les F-16 belges engagés dans l'opération Freedom Falcon ont tiré leur(s) première(s) munition(s) aujourd'hui, signale ce soir l'agence Belga. On n'a pas plus de précisions sur les les munitions employées et leur nombre. En Afghanistan, les F-16, richement équipés, tirent des GBU-12 (guidées laser).
Le tir est intervenu lors d'une des deux missions réalisées ce dimanche. Six F-16 MLU de la 349e escadrille de Kleine-Brogel participent à Freedom Falcon, depuis la base OTAN grecque d'Araxos, où ils étaient déployés, depuis le 14 mars, à l'origine, pour un exercice OTAN.

Les Français font encore parler leur poudre

Les chasseurs français ont encore frappé en Libye des véhicules blindés et un important dépôt de munitions, ces dernières 24 heures, signale le bulletin quotidien de l'EMA, sans préciser, toutefois, les appareils à l'origine des frappes, et les munitions utilisées.
On peut imaginer que des véhicules blindés sont ciblés par des AASM et des GBU-12/49, alors qu'un "important dépôt de munitions" peut avoir droit, éventuellement à des munitions plus réactives, comme un ou plusieurs Scalp-EG.
Les chasseurs ont concentré leur activité dans les régions de Zintan et Misrata, sous la couverture d'un E-3F et d'un Hawkeye, et le soutien de quatre ravitailleurs des forces aériennes stratégiques (FAS).
Hier, dix chasseurs ont été engagés dans des opérations distinctes. Les appareils de l'armée de l'air ont rejoint leur base de Solenzara avant 22 heures.
Ce dimanche, les forces aériennes ont mobilisé huit chasseurs. Hier comme aujourd'hui, c'est la marine qui a effectué les missions de reconnaissance.
Le plot crétois a aussi apporté son concours avec une "mission conjointe" franco-qatarie. Ce plot est désormais à son effectif définitif, avec neuf Mirage 2000-5, dont six qataris.

Kiné et TOP pour les pilotes

Ma consoeure Elisabeth Pineau de Reuters le révèle, depuis le PACDG sur lequel elle a réussi à embarquer : la quarantaine de pilotes présents à bord du porte-avions bénéficient de la présence d'un kinésithérapeute pour "soulager leurs muscles". A Saint-Dizier, dans l'armée de l'air, on m'a expliqué mardi que les pilotes avaient un autre recours, les techniques d'optimisation du potentiel (TOP), terme générique qui fait appel notamment à la sophrologie. L'armée de l'air a massivement investi dans ce concept, en formant, notamment, des moniteurs de sport. Les TOP ne concernent pas que les navigants : le CPA20 de Dijon y a également recours, par exemple.
Le premier emploi opérationnel des TOP a été initié depuis plusieurs mois en Afghanistan, au profit du DETCHASSE.
L'opération Harmattan présente une donnée différente, puisqu'une partie des missions a été effectué depuis les bases d'attaches des appareils, ce qui peut présenter un risque de distorsion psychologique, avec la séquence suivante : les équipages quittent leur familles le matin, assurent leur mission de guerre, et rentrent chez eux le soir (1). Mais, pour le colonel Michel Friedling, commandant la base aérienne de Saint-Dizier, aucun problème de ce type n'avait été constaté à la date de mardi dernier, notamment parce que les équipages de Rafale -désormais pour partie à Solenzara- avaient fait le choix de dormir sur base, pour participer aux acitivités de planification des missions, quand eux-mêmes ne volent pas.

(1) cette séquence serait responsable d'un certain nombre de désordres -notamment en matière de sécurité des vols- dans les équipages de drones américains engagés en Irak et en Afghanistan, alors que ces "navigants", eux, restent aux Etats-Unis.

samedi 26 mars 2011

Une urgence en chasse une autre

Du fait de son engagement dans l'opération Harmattan, la base de Saint-Dizier a dû rendre la main, en matière de permanence opérationnelle (PO), la semaine dernière. C'est le 1.12 Cambrésis, qui arme déjà une P.0, qui a repris le mandat au vol.
Pour épargner deux Mirage 2000-5, la P.0 de Lann Bihoué, armée par le 1.2 Cigognes, avait déjà fermé, il y a quelques jours. Ces petits évènements, qui peuvent sembler anodins, convergent tous vers la même conclusion : on manque de chasseurs en état de vol. Le rapporteur air à la commission de défense, Jean-Claude Viollet (PS), l'avait déjà signalé, avant le débat budgétaire 2011, sans que cela n'émeuve.
Un signe de plus pour le confirmer, la formation a été suspendue quelques heures, à Saint-Dizier, cette semaine, faute d'avions disponibles. Les vols ont repris, sur Rafale, dans l'après-midi de mardi... Car, comme c'est aussi le cas à Landivisiau, il est difficile d'hypothéquer l'avenir, alors que deux nouvelles unités seront bientôt mises sur pied sur Rafale : la flottille 11F (cet été), et le régiment de chasse Normandie-Niemen (en 2012, avec une montée en puissance progressive dès maintenant).
Pour dire les choses plus crûment encore, les forces aériennes -armée de l'air comme marine- tiennent leurs contrats opérationnels, mais sans gras.

La réserve de la DPSD

Comme d'autres commandements et directions interarmées, la DPSD emploie également des réservistes. Selon des sources convergentes, une "centaine" seraient engagés dans des missions de protection du secret-défense, et notamment dans les DOM-TOM. Un effort à relier aux évolutions organiques de la maison, expliquées à plusieurs reprises sur ce blog.

Libye : sondages terminés

Les trois sondages que j'avais mis en ligne samedi dernier sont terminés. 81% des 2.003 internautes qui ont répondu estiment que les occidentaux, dont nous sommes- ont trop attendu pour faire parler la force. 88% des 1.885 réponses assurent que les évènements confortent le partenariat franco-britannique dans la défense. Et 78% des 2.349 votants estiment que la France a raison de participer à cette coalition.

L'aviation française continue son carton

Deux "pétafs" de la base aérienne 113 de Saint-Dizier apprêtent un Rafale en partance pour la Libye, mardi. 400 mécaniciens, à l'ESTA, et une cinquantaine, sur les pistes, veillent sur la cinquantaine de Rafale de la base (crédit : Jean-Marc Tanguy).

Une semaine tout juste après le début des opérations aériennes en Libye, l'aviation française poursuit son effort pour faire respecter la résolution 1973 du conseil de sécurité de l'ONU. Elle demeure le deuxième contributeur en moyens de la coalition.
Les forces aériennes françaises poursuivent l'abrasion de l'aviation libyenne. Plusieurs frappes ont été menées ces dernières 24 heures, détruisant au moins cinq nouveau G2 Galeb et deux hélicoptères de combat Mi-35. Selon l'EMA, ces frappes ont eu lieu dans les régions de Zintan et Misrata : ces aéronefs "se préparaient à mener des opérations dans la région".
On ignore quels aéronefs sont à l'origine de ces tirs, et les munitions employées.
Ce 26 mars, 21 aéronefs français, dont 16 chasseurs ont pris l'air pour intervenir en Libye : deux patrouilles (à deux appareils) de Mirage 2000D, deux de Rafale air, deux patrouilles mixtes Rafale/SEM, une patrouille de Rafale Marine en configuration "Reco" et un binôme de Mirage 2000-5, déployé depuis la Crète. Le tout, soutenu par quatre ravitailleurs et un AWACS.
Le PACDG a par ailleurs effectué son premier ravitaillement à la mer (RAM), grâce au pétrolier ravitailleur La Meuse.

vendredi 25 mars 2011

La lettre d'insultes de l'année

Internet désinhibe, comme le démontre le mail que je viens de recevoir, en plusieurs morceaux, d'un internaute qui se présente comme un adjudant des troupes de marine, ancien du 8e RPIMa : "monsieur, je viens d'entendre votre déclaration sur l'affaire d'uzbeen. On m'avait dit de vous du bien. En fait, vous êtes un gros con jargonneur. Je vous crache à la gueule.Vos ouvrages viennent de rejoindre la poubelle. Vous mériteriez la même chose." Quelques minutes plus tard, nous passons un palier supplémentaire : "c'est ça, prends nous pour des cons. Parce que bien sûr, vous êtes le seul à comprendre. Nous avons PARFAITEMENT compris ce que vous avez dit. A vomir. Et je vous crache toujours à la gueule. Quant à l'esprit critique, c'est l'argument toujours imparable qu'on nous ressort à chaque fois. Pitoyable."

Un CV bien chargé

C'est le CV Benoît Rouvière, 45 ans, qui sera reconnu comme premier pacha de l'Aquitaine (FREMM n°1), mardi, à Lorient. Il avait déjà, le 29 mars, assuré le commandement de l'équipage de conduite de la FREMM. C'est son troisième commandement, après le BH Borda (1998-1999) et de la FS Prairial (2007-2008).
Ce spécialiste des armes, issu de Navale (1986), a officié dans ce domaine sur le Jean Bart (1993-1995). puis le PACDG (1999-2001). Affecté à Alfan, il avait participé à la planification de l'activité aéronavale au sein de l'état-major embarqué sur le PACDG, pendant la mission Agapanthe, après le 11 septembre 2001.
Il avait également été engagé (1995-1998) dans le développement du SAAM (Aster) destiné au Charles-de-Gaulle, avant d'être promu officier de programme du deuxième porte-avions (2003-2005). Il a été ensuite affecté à l'inspection générale des armées (2005-2007) puis à l'EMM, comme officier correspondant d’Etat-major (OCEM) pour le système de forces « engagement – combat » (2008 – 2010).

Un grand E dans le top 10

C'était dans la nuit du 2 février 2011. Un des SGTIA du BG Richelieu avait capturé un chef insurgé de premier ordre (1). Le dernier numéro de RAIDS, qui arrive dans les rayonnages nous en apprend plus sur le pedigree de "Big E", grâce au reportage d'Arnaud Beinat, déroulé sur 11 pages. Ce personnage n'était rien de moins qu'un des membres de la liste des 10 insurgés les plus recherchés par les Américains, en Afghanistan.
Richement illustré avec des photos présentant des marsouins méconnaissables, le reportage du confrère permet également de lever un vrai-faux doute, puisqu'on découvre des JVN récupérées aux insurgés. Ils ne sont pas nyctalopes, comme l'hypothèse avait couru, mais seulement bien équipés, et parfois plus qu'on ne le pense.

Raids, 100 pages, 6,75 EUR.

(1) rappelons, comme ce blog l'avait révélé, qu'un gros poisson avait aussi perdu la vie avec une trentaine de ses hommes, fin décembre lors des combat furieux qui avait mené à la mort du commando de Trépel, le SM Jonanthan Lefort.

Familles, patriotes, photographes : tous suspects ! (actualisé)

Le manque de discernement des services de sécurité pourrait parfois prêter à sourire, si, de temps en temps, il ne prenait pas un tour tragi-comique. Des dizaines de personnes, et notamment des familles qui sont venus voir les leurs quitter le tarmac de Landivisiau, de l'autre côté du grillage, dimanche, ont dû prestement décamper sous l'injonction de marins de la base aéronavale. "Des fusiliers marins sont arrivés avec l'ordre de faire dégager tout le monde et de relever les noms des spectateurs ainsi que le numéro de leur voiture... explique l'une des personnes qui a eu a subir cette désagréable attention.
"J'ignore bien sûr quel est le personnage qui a eu cette idée, que je trouve particulièrement lamentable. Voilà comment sont traités des citoyens français qui viennent encourager leur armée ! D'autant plus que la plupart des spectateurs étaient des parents proches de ces pilotes ou des personnels embarqués sur le Charles-de-Gaulle… Attitude déplorable des autorités, et qui n'est pas nouvelle. Ce n'est pas ainsi que le soutien aux armées pourra se développer en France".
L'attitude est assez étonnante, la marine n'ayant pas la réputation de faire aussi peu de cas de ses familles, et des Bretons.
Des spotters qui photographient régulièrement les avions décollant de la base de Reims ont vécu une expérience similaire, la semaine dernière, et ont eu droit, eux, à la gendarmerie de l'air, qui s'est montré apparemment plus diplomate, mais a aussi demandé à ces photographes éclairés de plier bagage, pendant qu'une énigmatique patrouille de Mirage F1CR prenait l'air (bigre, quel secret...).
Prenez garde, donc, en regardant les images et films de l'ECPAD diffusés sur vos télés, peut-être sont-ils, eux aussi, classifiés.
Pour sa part, le Sirpa Marine estime qu'il "n'y avait pas de famille(s)" à cet endroit-là, par ailleurs "interdit par panneaux car situé dans une zone dangereuse". Un "goûter" avec les familles avait aussi été organisé dans les locaux des flottilles, ajoute-t-on.

Des fuites, des fuites, oui mais des....

Puisque les origines des fuites et le travail de la presse passionnent, intéressons-nous à la façon dont des médias américains ont pu savoir aussi rapidement comment des avions français avaient cloué au sol un Soko G2 ? Vite, vite, une enquête ! Mettons le Pentagone sur écoute !

Des clous !

Parler de la guerre quand la guerre se déroule est toujours un exercice périlleux, pour les communicants. Comme pour les journalistes.
Derrière les point presse, et derrière nos posts, des aviateurs et des marins du ciel sont au première loges, au-dessus d'un territoire hostile. Ne l'oublions pas, ce qui est arrivé à un F-15E de l'US Air Force peut arriver, à tout moment, à un Rafale, un Mirage 2000D, un SEM.
Cette réalité peut amener à rendre prudent, dans la restitution des évènements.
Néanmoins, on l'a vu samedi dernier, une frappe d'AASM a été connue dix minutes après avoir réalisée, en Libye. Dix minutes. Le Rafale a frappé, dix minutes plus tard, un SMS informait le porte-parole de l'EMA. Qui l'a dit à la presse, en direct. Alors que les avions n'étaient pas encore rentrés à la maison. Personne ne s'est ému de cette compression du temps.
Alors que la précision et la réactivité des posts, sur ce blog, intrigue, notamment à la DPSD, je m'interroge, moi-même. Pourquoi un service de renseignement directement rattaché au ministre enquête, une fois de plus, sur un journaliste ? Le président l'a lui-même dit, inutile d'écouter les journalistes, puisqu'ils écrivent tout de suite ce qu'ils savent ?
Pourquoi cette même DPSD ne s'est-elle pas inquiétée d'autres situations bien plus passionnantes ? Mon confrère Jean-Dominique Merchet s'est posé la question, pour un réserviste de l'armée de l'air, par exemple.
Je préviens, et je le dis très publiquement, pour que les choses soient bien claires, dans toutes les têtes : j'ai été victime, en décembre 2008, d'un terrible erreur de jugement de cette même DPSD, qui a gravement compromis... ma réputation professionnelle. J'attends toujours que cette erreur soit réparée. Et je ne laisserai plus rien passer.

Plot franco-qatari de 2000-5 en Crète

Des Mirage 2000-5 français vont être colocalisés dans les heures qui viennent, si ce n'est déjà fait, en Crète, avec des avions du même type apportés par le Qatar. Le ministère de la Défense avait annoncé l'idée, ce blog l'avait colocalisé dans l'île, dès le début de la semaine : nous y sommes donc maintenant.
Le choix du stationnement était de toute façon limité, étant donné le fait que les avions qatariens, qui visent à protéger un territoire de taille réduite, n'ont pas de capacité de ravitaillement en vol. Il faut donc procéder avec le carburant disponible dans les bidons... et ne pas s'aventurer trop loin en Libye.
Un Mirage 2000-5 dispose d'un peu plus de trois tonnes et demie de carburant en interne. Si on y ajoute jusqu'à trois bidons (deux de 2.200 litres sous l'aile et un de 1.800 litres en point 0 soit 6.200 litres), tout en gardant une capacité allant jusqu'à six missiles Mica, on peut donc afficher une belle endurance... théorique.
Car on explique souvent que lorsqu'un avion emporte deux bidons, le deuxième finance, en quelque sorte... la traînée générée par le premier, même si c'est légèrement plus compliqué. Avec trois bidons...
On peut imaginer, en tout état de cause, que des terrains de déroutement sont prévus. Il suffit de regarder une carte : le terrain (égyptien) de Marsah Matrouh, qui accueille des... Mirage 2000 égyptiens, pourrait, en cas de souci de carburant jouer ce rôle... discrètement.

Angénieux simule

La filiale de Thales a investi dans la simulation, l'an dernier, avec un plateforme de 200 m2 qui permet de reconstituer les théâtres opérationnels, et donc, de figurer la tenue des équipements optronique. Angénieux, qui vient de fêter son quart de siècle d'existence, en décembre dernier, a cumulé les records, avec le gain de pas moins de trois... Oscars, pour son travail en matière d'optiques utilisées par le cinéma. C'est aussi, plus prosaïquement, le fabriquant de quelque 60.000 jumelles de vision nocturne Lucie, dont près d'un tiers rien qu'en France, et de plusieurs milliers en Allemagne et en Grande-Bretagne.
Angénieux a aussi été sélectionné par Sagem pour le Félin, après que la JVN retenue à l'origine par le maître d'oeuvre ait connu quelques déboires.

jeudi 24 mars 2011

Un Soko abattu par un AASM

Une patrouille de Rafale de l'armée de l'air a abattu un chasseur Soko en Libye, ce matin. L'EMA vient de le confirmer, alors que le Pentagone, et la chaîne ABC l'annonçaient depuis ce matin.
L'appareil a été détecté en l'air par un E-3 de la coalition, qui a taské une patrouille de Rafale Air. L'appareil libyen a été abattu au sol alors qu'il venait de se poser sur la base aérienne de Misratah, avec un ou plusieurs AASM.
24 appareils, pour l'essentiel de l'armée de l'air ont été mis en vol aujourd'hui. Deux patrouilles de Rafale Air, une patrouille de Mirage 2000D, et deux patrouilles mixtes Rafale Marine/SEM ont été engagés.

Averse de Scalp : à Hun ?

Selon RFI, c'est la base de Hun qu'ont frappé les chasseurs français cette nuit. La radio ne précise pas comment elle a obtenue cette information, évoquant à l'antenne des "recoupements". Cette base, qui serait effectivement dans la zone décrite de façon allusive par l'EMA comptait, avant le conflit, des Mig-25 et des Tu-22. Très étendue, elle présente l'avantage d'être située au nord de la ville de Hun, loin de toute population civile.

Effort herculéen du COTAM

Pratiquement 300 tonnes de fret et sans doute un peu de passagers ont été transportés, depuis samedi, par les aéronefs de la force aérienne de projection, pour permettre les opérations aériennes en cours. Les aéronefs de la base aérienne d'Orléans -donc, a priori, le 1.61 Touraine- auraient fourni à eux seuls les 2/3 de l'effort, le solde étant fourni par Evreux. Ce qui, vu la charge moyenne du Transall (7 tonnes) représente de belles norias.
Le fret consiste essentiellement dans des pièces aéronautiques, destinées aux avions, et évidemment, aux armements dont tout le spectre n'est pas toujours disponible sur les bases de départ des avions.

Le cap des 100 sorties franchi

Quoiqu'une certaine opacité règne parfois sur certaines statistiques de vol françaises, il semblerait bien que le cap des 100 missions ait été franchi dans la journée d'hier, par nos forces aériennes. On ignore si ce chiffre inclut ou non l'activité de l'aéronavale. Cette dernière consommerait un tiers de ses sorties en ravitaillement en vol, avec, si l'on en croit les derniers rapports, des Rafale Marine.

Le nombre de Scalp tirés pourrait être important

La réticence de l'EMA à évoquer le nombre de missiles Scalp tirés cette nuit pourrait être lié à la grande quantité larguée. D'autant plus que l'on apprend que marine et armée de l'air ont toutes les deux lancé ce type d'engin cette nuit, une première, dans des opérations de guerre.
Deux patrouilles de Rafale et une patrouille de Mirage 2000D étaient en l'air cette nuit, ce qui peut donc générer jusqu'à dix Scalp-EG en vol, mais plus probablement huit.
Selon les détails livrés par l'EMA sur cette mission de frappe de précision nocturne, deux ravitailleurs C-135FR ont été engagés, avec un E-3F et les six chasseurs Mirage 2000D et Rafale portant les munitions. En outre, un Rafale Marine a été utilisé comme plate-forme de ravitaillement en vol.

Une base aérienne Scalpée cette nuit (actualisé)

L'EMA confirme que l'armée de l'air a bien utilisé des missiles Scalp-EG cette nuit, ce que nous vous annoncions dès ce matin à 5 heures. L'objectif serait une base aérienne libyenne située "à l'intérieur du pays", à 250 km au sud, qui n'est pas la base de Sebha. On ignore, cependant, combien de missiles ont été tirés, et par combien d'avions. L'EMA vient seulement d'affirmer qu'il ne "communiquerait pas sur le nombre d'armements délivrés". Cette base pourrait servir "de base de repli" pour les avions du colonel Kadhafi, ou de "point d'entrée pour des mercenaires".
Il est rare, cependant, qu'un Scalp-EG soit tiré seul, et a fortiori, contre un objectif aussi imposant qu'une base aérienne.
Cette nuit, des patrouilles de Rafale et de Mirage 2000D ont été mises en oeuvres par l'armée de l'air dans le cadre de ces frappes de précision contre l'appareil militaire libyen.
Depuis samedi, c'est la première fois que les avions d'attaque de l'armée de l'air s'éloignent autant de Benghazi.

Des insurgés à la commission

"Ce n'est plus tenable !". Pas encore une bronca, mais il ne manque pas forcément grand'chose pour qu'on y arrive : l'absence du ministre de la Défense, déjà constatée avec et par la presse, étonne aussi à la commission de défense, y compris dans les propres rangs de Gérard Longuet. Ce dernier n'a, de fait, reçu que le bureau de la commission, puis quelques élus sur le sujet des drones.
Certains députés commencent à trouver le temps long. D'autant plus que les sujets d'actualité ne manquent pas : politique industrielle, engagement des troupes, et depuis samedi, une opération aérienne et maritime majeure dans laquelle les moyens français sont en première ligne.
Si l'on en croit l'agenda de la commission, aucune activité n'y est prévue jusqu'au 31 mars, quand elle auditionnera les... aumoniers militaires !

Le moral pas top disent les écoutes

Les soldats libyens ont le moral dans les chaussettes. Ce sont les "écoutes" réalisées par la France qui tendent à l'accréditer, a déclaré ce matin le ministre de la défense, sur Europe 1, pendant que son confrère des affaires étrangères parlait, lui, sur RTL.
Les fameuses écoutes laisseraient entendre que les troupes pourraient être amenées à changer d'avis sur leur engagement. Il ne doit pas y avoir d'artilleurs et de tankistes dans le lot puisque les canons du colonel K., eux, continuent à tonner.
Sujet qu'on essaie en général d'éviter, comme celui, plus vaste encore du renseignement, les écoutes sont évidemment un élément de température non négligeable pour mesurer l'état d'une armée adverse (1).
On ignore comment le ministre a eu pu être aussi affirmatif, puisque, soyons naïf, aucun moyen d'interception de communications n'est officiellement déployé dans cette zone. Notons cependant que des aéronefs (AWACS, avec ses ESM), un ATL-2, voire un Gabriel qui pourrait s'être perdu, ou même, des frégates de la marine, disposent de moyens de guerre électronique plus ou moins développés. Les plus simples permettent seulement de cartographier les émetteurs d'une zone, tandis que d'autres sont conçus pour les interceptions elle-mêmes. Et certains ont les deux...

(1) et pas connaître les sources des journalistes : le président l'avait dit lui-même il y a quelques mois, cela ne présente aucun intérêt, puisqu'on lit tout ensuite dans la presse.

Un Scalp-EG tiré hier

L'armée de l'air a tiré hier au moins un Scalp-EG sur un objectif qui n'a pas encore été dévoilé : cette arme est néanmoins réservée, en général, aux objectifs stratégiques et ou particulièrement durcis.
La charge Broach, qui avait fait l'objet d'études particulièrement poussées, est connu pour sa capacité à foudroyer les bétons les plus rétifs.
Officiellement, aucune frappe française n'était intervenu dans la journée d'hier. Mirage 2000D et Rafale sont capables de tirer ce missile tirable à distance de sécurité : le premier ne peut en emporter qu'un, tandis que le second en emporte deux.
La France avait commandé 500 Scalp (dont 50 pour la marine), c'était à l'époque une des premières commandes pluriannuelles qui scellait, de facto, l'alliance franco-britanniques dans le domaine des missiles.
Une trentaine de Storm Shadow, nom britannique du missile, avaient été tirés par la RAF, en 2003, contre l'Irak de Saddam Hussein. Huit ans plus tard, les aviateurs britanniques ont récidivé, avec quelques tirs effectués depuis samedi.

mercredi 23 mars 2011

Les avions français ont tiré...

Apparemment aucun tir français n'a été rapporté en Libye, à l'heure où sont écrites ces lignes (22h13). Les seuls tirs effectués par des chasseurs français l'ont été en Afghanistan, lors d'une opération conjointe avec des avions de l'ISAF, apprend-on.

Grève de point presse (actualisé)

Ils l'avaient promis quotidien "en fonction de l'actualité", mais au bout de quatre points presse quotidiens, la Défense n'a pas tenu son exercice de fin d'après-midi, aujourd'hui (1). Sans, d'ailleurs, la moindre explication (une panne de pupitre peut-être...).
La raison est peut-être à trouver dans l'apparition annoncée, demain, du ministre de la défense, dont mon confrère Jean Guisnel reconaissait avec raison, hier, qu'on ne l'avait pas encore entendu, depuis samedi. Quatre jours de silence d'un ministre de la défense en pleine guerre, ca peut sembler long, en effet.
Mais d'autres silences semblent à peine plus inexplicables : alors que cette guerre est uniquement aérienne (2), les responsables de l'armée de l'air semblent comme tenus à distance de la presse. Les bilans d'engagement de nos forces aériennes seraient-ils à ce point excellents qu'il ne faille pas les évoquer ?

(1) aucun compte-rendu d'activité, pourtant annoncé à 19h, n'a non plus été diffusé.
(2) je viens d'entendre sur une télé une énormité : un confrère nous dit qu'on ne peut pas gagner une guerre du ciel. Il était sans doute occupé à autre chose il y a dix ans, quand une coalition aérienne avait mis Slobodan Milosevic à terre.

La prodef de la BA113 renforcée

Signe que les autorités n'excluent rien, la protection-défense de la base aérienne 113 a été renforcée depuis le début d'Harmattan, même si, sur place, rien de particulier ne l'indique. Sans plus de commentaires ni détails, le commandant de la base, Michel Friedling assure seulement être préparé à tout.
La BA113 est, de par son caractère nucléaire et par la présence de deux escadrons de Rafale, une des mieux protégées de France, bénéficiant d'effectifs très importants de fusiliers-commandos.
Plusieurs fois par an, les bases aériennes s'entraînent à des situations de crise, attaques terroristes comprises, dans le cadre d'exercices Basex. Un signe qui ne trompe pas : mêmes les aviateurs de l'état-major ont tombé la tenue bleue pour le kaki...
Le ministre de l'intérieur, Claude Guéant, a pour sa part réuni hier les spécialistes de la lutte contre le terrorisem : UCLAT, DCPJ et DCRI.

mardi 22 mars 2011

L'oeil de Paris, c'est lui... (actualisé)

Le VAE Labonne, avec l'amiral Locklear, qui pilote Odyssey Dawn depuis le Mount Whitney (crédit : Africom)

AFRICOM, le commandement américain en charge des opérations en Libye diffuse ce soir cette photo d'un amiral français, le vice-amiral d'escadre Jean-Pierre Labonne, présenté comme le représentant national français (ou senior national reprentative) dans l'opération menée contre la Libye. Le rôle du SNR est en quelque sorte celui d'un missi dominici du CEMA : il applique ses directives, et veille notamment à la bonne application des ROE françaises.
Ce patmariste (ATL1) a notamment été numéro 2 d'Atalante, en 2008, après avoir été secrétaire général adjoint à la mer.
La TF473 -le GAN- est quant à elle commandée par le contre-amiral Philippe Coindreau, un patmariste d'origine, qui a commandé l'opération européenne Atalante au large de la Somalie, à l'automne 2010. Il avait également participé en 1999 à l'opération Trident, à bord du Foch (1) : les opérations aéromaritimes vers la terre ne lui sont donc pas inconnues.
Le CA Coindreau devait initialement reprendre la mer en mai, avec le PACDG, pour une sortie d'une quinzaine de jours, l'un et l'autre auront finalement, pris un peu d'avance...

(1) dans le CAOC de Vincenza opérait un officier de marine qui a fait du chemin depuis puisqu'il commande désormais l'aéronavale.

Un oeil sur la "reco"...

Difficile de ne pas faire le lien : alors que deux Rafale de la 12F survolaient la Libye avec autant de pods Reco-NG, l'armée de l'air rapatriait de Solenzara sur Saint-Dizier deux Rafale eux aussi équipés du même type de pod. Les deux appareils se sont posés sur la BA113 vers 16 heures, ramenés par deux pilotes engagés samedi lors des premiers vols sur la Libye.
La mission "reco sur la Libye" a-t-elle glissé de l'armée de l'air vers la marine ? On le saura sans doute plus précisément dans les jours à venir mais il est certain que, décollant du porte-avions, les Rafale s'épargnent le transit des avions basés à terre, et donc, augmentent le temps passé au-dessus du territoire. C'est aussi confier une mission durable au GAE, alors que les possibilités de CAS s'amenuisent, comme l'a constaté lui-même le porte-parole de l'EMA, ce soir, lors du point presse quotidien (1).
Le PACDG dispose de tous les équipements pour recevoir en vol la production de Reco-NG, et l'interpréter. Et même, la rediffuser à des tiers.
Depuis samedi, les Rafale de Saint-Dizier avaient conduit quotidiennement une mission de reconnaissance, depuis leur base haut-marnaise, soient des vols de plus de sept heures. Des missions aussi endurantes n'étaient vraisemblablement pas intervenues depuis la fin du Mirage IVP, en 2005, et la dissolution du 1.91 Gascogne.

(1) auquel je n'ai pu assister, étant sur le transit retour Saint-Dizier/Paris.

Les ravitos du "Bretagne" les plus engagés (actualisé)

Un C-135FR du Bretagne avec ses Mirage 2000N (crédit : Jean-Marc Tanguy).

Solides quadragénaires, "soutiers" de toutes les missions (1), les ravitailleurs C-135FR des forces aériennes stratégiques (FAS) sont aujourd'hui les aéronefs français les plus engagés dans l'opération Harmattan -ils sont aussi les aéronefs les plus vieux de nos forces aériennes-. Depuis le début de cette dernière, le GRV "Bretagne" engage six ravitailleurs chaque jour, ce qui représente 50% de la flotte totale.
Aucun type d'aéronef ne connaît un tel engagement. Le Caracal arrive bon deuxième, avec 1/3 de la flotte totale (la moitié si on intègre l'engin basé à Kaboul...).
N'oublions pas que la flotte de C-135FR compte également d'autres engagements : celui, historique, de la dissuasion nucléaire, mais aussi, des opex. Un appareil est également déployé au Tchad, et un autre aux EAU, pour appuyer les opérations en Afghanistan.
Etant donné la disponibilité parfois chaotique de la flotte, on peut mesurer l'effort ainsi consenti par les FAS : on peut même estimer que six appareils constituent le plafond d'engagement des FAS. Il ne faut même pas exclure que ces dernières aient dû, pour tenir un tel niveau, "dépoiler" les opex, et réduire à la portion congrue le versant historique de leur mission.
Harmattan rappelle la nécessité de disposer de ravitailleurs pour les opérations aériennes modernes. Gageons que personne ne l'oubliera, quand il s'agira de hiérarchiser les priorités budgétaires à venir, et que, tout espoir est permis, le programme MRTT sera (enfin) lancé (2).

(1) symptomatique de l'anonymat dans lequel sont plongés ces avions pourtant essentiels, je n'ai vu aucun C-135FR dans les photos que la Défense envoie chaque jour à la presse. D'où la photo d'archives qui illustre ce post...
(2) Un des plus belles hypocrisies que j'ai entendu ces derniers mois déplorait que les Américains n'achetaient pas les MRTT d'Airbus, des MRTT que nous-mêmes n'avions pas jugé prioritaires dans nos propres acquisitions.

Les ailes françaises n°1

Les forces aériennes françaises, sont désormais les premières contributrices de moyens de la coalition réunie pour faire respecter la résolution 1973 de l'ONU. Si l'armée de l'air maintient sa participation constatée de ces derniers jours, la France alignera aujourd'hui 41 aéronefs de combat dans cette opération, dont 22 de l'armée de l'air et 19 de la marine (1).
Rappelons que pendant le Kosovo, Foch compris, la France engageait une centaine d'appareils de combat, mais qu'à l'époque, l'armée de l'air avait encore près de 500 chasseurs, ce qui n'est plus du tout le cas.
On ignore dans quelle mesure ce niveau peut encore augmenter. Et notamment, si les Mirage 2000-5 qui seront déployés avec leurs homologues qataris (2), vraisembablement en Crète, comme je l'évoquai dès dimanche soir, seront puisés dans le dispositif actuel, ou pris en renfort.
Il n'est pas impossible, dans tous les cas, que des moyens -aéronefs et/ou pilotes- soient prélevés sur les théâtres pour apporter une capacité à durer. En l'espèce, pour les Mirage 2000C/-5, des EAU (où la France maintient trois appareils).
Un signal qui ne trompe pas : l'armée de l'air a fermé son plot PO de Lann-Bihoué, ce qui lui a économisé deux précieux chasseurs pour d'autres tâches.

(1) j'ai retiré, dans ce décompte, les trois hélicoptères (2 Caracal et un Puma Reco) assurant le plot CSAR sur le PACDG. Ce chiffre ne tient pas compte des aéronefs de soutien, notamment les Transall et Hercules, très mobilisés depuis samedi dans la logistiques des opérations (rechanges, munitions, etc.
(2) on ignore les capacités de chasseurs et pilotes qataris au ravitaillement en vol. Dans tous les cas, une base proche de la ZEA de Benghazi semble logique : donc la Crète, ou Marsah Matrouh, en... Egypte.

L'armée de l'air puissance CAOC

Une idée de ce que peut être l'intérieur d'une structure de pilotage d'une opération aérienne : dans le JFACC de la NRF12, cornaqué par la France (crédit : Jean-Marc Tanguy).

Seuls deux pays ont la capacité à piloter des opérations aériennes complexes, la France et la Grande-Bretagne. Cette capacité, incarnée par un CAOC (combined air ooperations center) sera peut-être amenée à entrer en scène, si le volume de forces aériennes le nécessitait, ce qui ne semble pas être encore le cas, au stade actuel.
Le hasard fait parfois bien les choses puisque le commandement de la défense aériennes et des opérations aériennes (CDAOA) a déjà, à plusieurs reprises, mis en oeuvre des CAOC dans le cadre de sa contribution à la Nato Response Force (NRF). A une époque où beaucoup dissertaient sur l'interopérabilité, certains moustachus -au propre comme au figuré- la mettaient même, donc, en oeuvre. Cet effort, qui pouvait, à l'époque, apparaître un peu théorique, a cependant été soutenu, sous l'impulsion des généraux Jean-Patrick Gaviard (1) et Patrick de Rousiers (2).
Pour l'anecdote, sur l'une de ces "manips", un CAOC avait même été mis en place à... Solenzara !
Le CAOC de Vincenza, pendant le Kosovo, gérait un millier de sorties par jour. Le CAOC français n'a pas cette capacité : cependant, à deux, Grande-Bretagne et France ont la capacité -ce qui serait un beau symbole, un de plus- à gérer la manoeuvre aérienne.
Ce qui semble commencer à gratter un peu sous les bras, notamment nos amis italiens, qui réclamaient, hier, l'entrée en scène de l'OTAN, pour piloter la manoeuvre. Une histoire de sous, ou d'égo. Ou les deux.

(1) On a revu le général Gaviard, samedi, sur une chaîne d'information continue. Il était patron des éléments français lors de l'offensive aérienne au Kosovo, puis commandant du CDAOA. Ce spécialise des affaires otaniennes a, depuis son départ de l'armée de l'air, conseillé l'OTAN.
(2) son successeur au CDAOA, aujourd'hui inspecteur général des armées air. L'actuel patron du CDAOA, et, à ce titre, un des hommes forts d'Harmattan, est le général Gilles Desclaux. Le "pilote" en charge, au niveau de l'EMA étant, officiellement, le chef du CPCO, le général (Terre) Didier Castres. Même si, dit-on, le CPCO compterait également quelques aviateurs aguerris dans la gestion des opérations aériennes, récemment promus.

lundi 21 mars 2011

L'armée de l'air a encore frappé

Un Mirage 2000D de l'armée de l'air a frappé une cible au sol en Libye, en fin d'après-midi. Il s'agirait, à nouveau, d'un véhicule blindé de l'armée régulière libyenne, touché à 100 km au sud de Benghazi.
On n'a pas de précision sur la munition employée, mais jusqu'à maintenant, ce sont des GBU-12 (guidées laser) qui ont été utilisées par les 2000D.
Ce type d'appareil est également capable d'employer des GBU-49 à guidage mixte (GPS/laser).
Cinq véhicules blindés libyens ont donc, d'après les bilans produits par l'EMA, été frappés depuis l'entrée en scène de l'armée de l'air dans le ciel libyen, samedi.

Le président à Solenzara demain (actualisé)

Le président de la République -et chef des armées- sera demain sur la base aérienne 126 de Solenzara, dont l'effectif monte en puissance -au moins 12 appareils ce soir-. On n'a pas plus d'indication sur son emploi du temps : vu le créneau de sa visite, il devrait, en tout état de cause, assister à des mouvements d'avions, peut-être un retour de mission du théâtre libyen.
Le chef des armées devrait être accompagné de son ministre de la défense, et du général Palomeros, CEMAA (1).

(1) Ce dernier devrait poursuivre dans l'après-midi à Istres son tour des bases aériennes engagées dans l'opération Harmattan. Il était notamment, il y a deux jours, à Saint-Dizier.

Les Belges s'engagent

Les F-16 belges, abonnés des missions en Afghanistan, sont entrés en action aujourd'hui en début d'après-midi. Quatre appareils ont été engagés pour faire respecter la zone d'exclusion aérienne au-dessus de Benghazi, en coordination avec un AWACS non identifié, dans l'ouest de la Crète, écrit l'agence Belga.
Les F-16 sont partis d'Araxos (Grèce) où ils sont revenus.

Zara gonfle, le PACDG opérationnel demain

Le PACDG devrait être glissé dans le cycle opérationnel demain, et ses aéronefs survoleront donc la Libye. Par ailleurs, l'EMA confirme la rapide montée en puissance de la base aérienne avancée de Solenzara, avec déjà 12 chasseurs sur place : 4 Mirage 2000-5 (1), 4 Mirage 2000D et quatre Rafale.
Soit l'équivalent des chasseurs engagés quotidiennement, depuis samedi par l'armée de l'air.
Ces appareils pouvant être renforcés à tout moment par d'autres appareils venus du continent.
Cet engagement réactif mais encore mesuré de l'armée de l'air pouvant s'expliquer par la volonté de se placer dans une position de durer le cas échéant plusieurs mois. Et, vu les les engagements actuels de notre force aérienne -25 chasseurs déployés outremer-, il est prudent de déployer les justes moyens nécessaires. Ni plus. Ni moins.
Notre aviation a accumulé, depuis samedi, 400 heures de vol et 55 sorties. Selon l'EMA, aucun tir ne serait intervenu depuis ceux de samedi.
Quoiqu'on ne dispose que d'éléments partiels sur les autres aviations alliées, l'armée de l'air semble être la plus régulièrement déployée au-dessus de la Libye, depuis samedi. Et semble être la seule à gérer la ZEA de Benghazi.

(1) des chiffres qui ne semblent pas inclure les spares.

Crash program pour deux pupitres


Les spin doctors ont parlé : les deux porte-paroles, de l'EMA et de la Défense doivent parler et répondre aux questions debout, lors des points presse quotidiens sur l'opération Harmattan. On a donc, en urgence, trouvé deux pupitres blancs désign. Belle réactivité, puisque pour une demande tombée à 10h30 ce matin, les deux meubles trônent dans la salle Koenig, ce soir, à 17h30.

Des Danois transitent par Reims (actualisé)

Trois F-16 danois ont transité par la base aérienne 112 de Reims (Marne). Ce stop and go est vraisemblablement lié à un ravitaillement préalable à une mise en place sur une base dans le sud de l'Europe.
Ces appareils ont déjà été déployés en opérations extérieures, notamment en Afghanistan.

Les marins du ciel bientôt prêts

Les pilotes du groupe aérien embarqué ont réalisé hier soir quelques appontages sur le PACDG, pour se remettre en jambes et non se "requalifier" terme que j'ai employé, et qui, me dit-on, n'existe pas.
Cette activité nécessaire après plus d'un mois sans appontage réel s'est déroulée de nuit -ce qui sous-entend que donc tous les pilotes, ou en tout cas une majorité seraient des "hiboux"- à proximité de terrain de déroutement. Les pilotes s'étaient entraînés la semaine dernière à des appontages simulés sur piste (ASSP) à Landivisiau.
La marine estime avoir réussi un tour de force, en sortant son porte-avions en soixante heures, là où cinq jours (120 heures) sont, dit-elle, nécessaires. Au début de la crise, l'EMA avait signalé que le PACDG serait disponible en 72 heures.
Selon le décompte réalisé hier soir par l'EMA, 2.600 marins seraient engagés dans l'opération Harmattan, si l'on compte le groupe aéronaval et les deux frégates positionnés devant Benghazi (Jean Bart, Forbin).

dimanche 20 mars 2011

Le GA du PACDG "justement dimensionné"

En réponse à notre question sur le format réduit du groupe aérien du PACDG, l'état-major des armées estime que le GAE est "justement dimensionné", du fait de la génération de forces internationales actuellement en cours. Tout en constatant que ses chasseurs SEM et Rafale sont à même de traiter les missions confiées de CAS et d'interception d'avions libyens.
Comme il fallait aussi s'y attendre, ce choix est également lié à la volonté de pouvoir entretenir les flux de formation de pilotes. C'est d'autant plus vrai que la flottille 11F doit passer, dès cet été, sur Rafale.

Le Qatar déploie quatre Mirage 2000

Le ministère de la Défense, qui disait hier qu'il ne commenterait pas les déploiements des autres nations a changé d'avis. Il vient de signaler l'engagement de quatre "Mirage 2000-9" sur une base non localisée. Mais sur laquelle ils seraient localisés avec des moyens français. Donc, peut-être, sur une base française.

"Ils sont les bienvenus"

Etrange, étrange. Le point presse quotidien du ministère de la Défense accueille aujourd'hui, dans ses travées, un représentant de la direction de la communication de la société Sagem. "Ils sont les bienvenus" commente-t-on à la DICOD. Plus que les journalistes ?

Dans le ciel de Landi...

Les deux premiers Rafale de la 12F se sont envolés dans le ciel de Landivisiau (Finistère-Nord), vient (14h23) de m'annoncer un internaute. Huit Rafale, au total, devraient prendre l'air, pour rallier le PACDG, partir de Toulon, lui, vers la Méditerranée.

Un demi-GAE sur le PACDG

Un des neuf Rafale F1 sous cocon à Landivisiau. Les marins du ciel le disaient, les parlementaires le disaient, quelques... journalistes l'écrivaient même : le temps perdu dans la gestion de ce dossier place l'aéronavale dans une situation inextricable, qui ne sera pas résolue, au mieux, avant 2015-2016 (crédit : Jean-Marc Tanguy).

Le porte-avions Charles de Gaulle, qui a quitté le port de Toulon n'emporterait qu'un groupe aérien embarqué (GAE) modeste. L'AFP évoque un groupe aérien d'une vingtaine d'appareils, dont une quinzaine de chasseurs seulement. Des informations plus anciennes, datées d'hier, évoquaient un GAE formaté sur huit Rafale, 6 SEM, 2 E-2C Hawkeye, 2 Dauphin et une Alouette pour la mission Pedro, ainsi que deux Caracal et un Puma, pour la CSAR. Soit le chiffre particulièrement modeste de 22 appareils, un niveau historiquement bas que nous pressentions déjà cette semaine.
Lors de la dernière mission Agapanthe, le PACDG emportait 22... chasseurs : 10 Rafale et 12 SEM. Que s'est-il passé pour que les avions mobilisables soient en nombre aussi réduit, pour opérer en Libye ?
Les Rafale Marine sont particulièrement rares dans l'aéronavale, alors même que c'est l'appareil particulièrement adapté à la mission libyenne. 30 Rafale ont été livrés, mais trois ont été perdus, et dix autres attendent modernisation. Il n'en reste que 17 : enlevez les avions en réparation et ou en attente de pièces, ceux nécessaires à la formation (pourtant heureusement intérarmisée depuis l'an dernier...) : il n'en reste que huit, et ils seraient donc sur le pont du PACDG.
Ces avions devront à la fois assurer la protection aérienne du PACDG -qui ne peut reposer sur la seule FAA d'accompagnement- et participer à la ZEA et aux frappes au sol. Beaucoup pour seulement huit avions...
Les SEM ne sont pas disqualifiés pour autant, mais leur rôle sera réduit, et peut-être optimisés pour la mission nounou, tout en restant capables d'assurer l'appui feu avec des GBU-12 (laser) et GBU-49 (laser/GPS).
Le PACDG peut théoriquement embarquer un groupe aérien d'une petite quarantaine d'appareils, même si ce total n'a jamais été atteint. Son engagement dans les opérations en Libye peut se retourner contre lui : avec un groupe aérien aussi faible, problème qui perdurera, pour les Rafale, encore un bon bout de temps, les opposants au deuxième porte-avions risquent de se déchaîner... L'ancien patron de la TF470 devant le Kosovo, Alain Coldefy rappelait cependant, encore vendredi, que cette deuxième base aérienne mobile n'en était que plus incontournable.

La BA, le B-A-BA

Un Mirage 2000D à Solenzara. Notez la GBU-49 sous le fuselage (crédit : Jean-Marc Tanguy).

Pour la première fois depuis... 1940, des avions de combat de l'armée de l'air ont été engagés outremer, depuis leurs bases d'origine même (1). Quoiqu'on ne dispose pas de la distance parcourue, l'armée de l'air a projeté sa capacité d'intervention à plus de 1.500 km de ses bases.
Une façon de signer une capacité de frappe à longue distance désormais dans le catalogue de l'armée de l'air pour les avions tactiques. C'est, notamment, une des conséquences de l'introduction du Scalp EG. A au moins une reprise, un exercice Iroquois avait permis de démontrer la réalité de cette capacité, en 2010, à bien plus grande distance.
Ce concept d'emploi permettant, de surcroît, la souplesse jusqu'au moment du tir du Scalp EG, à environ 300 km de sa cible.
Les opérations commencées hier démontrent aussi les capacités inhérentes à toutes les bases chasse, qui disposent de leurs propres capacités de préparation opérationnelle, de ravitaillement, de préparation de mission. La numérisation intégrale du cycle opérationnel est pour beaucoup dans ces résultats, même si, évidemment, la réactivité -ou non- de l'homme est, in fine, l'élément déterminant. On l'a vu, un weekend, ce système n'a pas besoin de préavis pour se mettre en route.
Cette primauté de l'humain est nettement visible aussi, avec la règle d'engagement, dont la mise en oeuvre est laissée aux seuls pilotes, dont tous ne sont pas, vraisemblablement, encore trentenaires. Comme c'est aussi le cas en Afghanistan. A chaque jour qui passe, même si la focalisation sur la Libye nous fait oublier, actuellement ce théâtre.

(1) en 1999, des Mirage F1CR avaient été desserrés sur Solenzara, vu l'encombrement sur les bases italiennes, et avaient effectué leurs missions de reconnaissance depuis la base corse. Autre exemple, quand les Transall avaient largué les paras du 8e RPIMa sur le Kosovo, en 2004, lors de l'opération DC04.

Les familles du DC-10 d'UTA réagissent

Le mémorial du DC-10 d'UTA (crédit : association des familles des victimes du vol UT772).

On l'avait presque oublié, depuis que le colonel Kadhafi était redevenu fréquentable, mais son régime a recouru au terrorisme. 170 familles, dont 54 françaises ne l'ont pas oublié : une association défend la mémoire des morts de l'attentat contre le vol UT772 d'UTA, le 19 septembre 1989, et demande justice. 170 personnes, passagers et équipages étaient morts dans l'explosion, au-dessus du désert du Ténéré (Niger).
L'association vient de réagir aux dernières déclarations du colonel Kadhafi, et au vote de la résolution 1973. "Les familles de l'attentat du DC10 relèvent que dans une toute récente intervention, le colonel Kadhafi menace officiellement l’ensemble des pays qui s’opposeront à lui, de reprendre les attentats terroristes contre des cibles civiles, en évoquant en référence ceux du DC10 et de Lockerbie, ce qui représente pour la première fois, un aveu officiel de ces attentats, jusqu’à présent jamais explicitement assumés par le régime libyen. Les familles de l'attentat du DC10 d'UTA espèrent également que les six libyens reconnus coupables et condamnés à perpétuité par un tribunal français en 1999 ne s’échapperont pas et seront bientôt rattrapés par la justice pour purger leur peine.
Nous nous intéressons en particulier au sort d'Abdallah Senoussi, beau-frère du colonel Kadhafi, encore dernièrement chef des services secrets libyens en activité et principal instigateur de l'attentat. Les mandats d'arrêt internationaux qui les concernent sont valables jusqu'en 2019.
Depuis 22 ans, les familles de l'attentat contre le DC10 d'UTA ne cessent de dénoncer et de s’indigner publiquement contre le régime libyen et sa participation active dans différents attentats terroristes".

Propagande libyenne vs communication à l'occidentale

On le voit bien, sans vrais moyens militaires à opposer à la coalition occidentale, le régime du colonel Kadhafi dégaîne un outil vieux comme le monde : la propagande. Après l'avion français virtuellement abattu hier -tous nos aéronefs sont, en fait, rentrés sains et saufs- par la DCA de Tripoli, l'EMA COM libyen a évoqué ce matin la mort des civils, enfants, femmes et religieux, sensés, vraisemblablement, faire lever les foules arabes contre les vilains occidentaux.
Saddam Hussein, en 1990, puis Slobodan Milosevic, en 1999, avaient tenté de gagner la guerre de communication contre les occidentaux, pendant la guerre du Kosovo, en prenant de grandes libertés avec la réalité. Le général Jean Rannou, ancien CEMAA, rappelait à l'instant sur BFM TV qu'à l'époque, la Serbie avait aligné des cadavres pour faire accroire d'importants dommages collatéraux, sur un objectif qui n'avait pas, en fait, été frappé. D'importants moyens de brouillages des médias serbes avaient été mis en oeuvre, notamment avec des Hercules spéciaux, les Commando Solo, outil déjà utilisé dans le Golfe.
Dans cette guerre d'images, le ministère de la défense français tente d'alimenter les médias, pour contrer les images gouvernementales libyennes (1). Mais le débit reste faible, et ce matin, dans une chaîne d'informations continue, on déplorait le manque d'images de l'engagement opérationnel français. De fait, les mêmes images tournent en boucle, depuis hier. Dès hier, le ministère de la défense promettait pourtant une forme de transparence, avec la tenue d'un point presse quotidien, et la possibilité pour les journalistes d'approcher les opérations au plus près.
Hier, encore, quelques rares photos, soigneusement choisies, ont également été diffusées : un artifice destiné à occuper le terrain qui ne compense pas le fait que les journalistes sont donc tenus, pour l'instant, à distance de l'outil militaire engagé par la France.
Depuis hier, il n'a pas été possible à la presse française de pouvoir suivre l'engagement du bon côté des grillages des bases aériennes françaises. A n'en pas douter, le porte-avions devrait bénéficier d'un traitement différent.

(1) et, incidemment, faire la promotion de nos produits les plus récents. Qui, pour le coup, ont été à la hauteur.

samedi 19 mars 2011

Voila le cerveau d'Odyssey Dawn

L'USS Mount Whitney (crédit : US Navy).

Si l'on en croit le Pentagone, c'est depuis le navire de commandement USS Mount Whitney (LCC-20) que sont commandées les opérations contre la Libye, et c'est un Américain qui pilote le tout, l'amiral Samuel J.Locklear (1), patron des forces navales US en Europe.
Odyssey Dawn a déjà engagé des frégates lance-missiles et des sous-marins pour annihiler une partie du réseau militaire de Kadhafi, y compris des circuits logistiques. Des vols de soutien électronique, effectués par l'US Air Force et l'US Navy sont aussi prévus.

(1) il était notamment patron de l'escorte du Nimitz pendant la guerre contre l'Irak, en 2003.

Et la suite d'Harmattan ?

Deux "pétafs", dont un féminin, au travail sur un AASM, sous l'aile d'un Rafale. (crédit : S.Dupont).

Alors que les avions ont cédé la place, en début de soirée à une impressionnante salve de 110 missiles de croisière Tomahawk, britanniques mais surtout américains, le cycle d'engagements se poursuit pour assurer, demain, l'imperméabilité de la zone d'exclusion aérienne, et d'éventuels tirs de close air support (CAS), pour annihiler les ressources de l'armée régulière libyenne, autour de Benghazi.
C'est notre armée de l'air qui devrait, demain, reprendre ce rôle, peut-être, déjà, avec des moyens issus de la ligue arabe, peut-être du Qatar, état dont l'Emir est venu à Paris, cette semaine.
Le fait que l'aviation française reste en première ligne d'Harmattan -c'est le nom de baptême de l'opération- dénote, peut-être, les limites de la génération de force actuelle. Bien des pays -Belgique, Norvège, Danemark, Canada, Espagne- ont annoncé des moyens en chasseurs, excédant, en cumulé, ce que la France a engagé aujourd'hui. Mais, semble-t-il, les délais pour les engager prennent plus de temps que prévu.
Aujourd'hui, selon le décompte annoncé par l'EMA, l'armée de l'air a engagé 19 avions, dont 8 Rafale, 2 Mirage 2000D, 2 Mirage 2000-5, 6 C-135FR et un E-3F. Ce chiffre peut être considéré comme un chiffre plancher de l'engagement français, qui sera démultiplié dans les jours qui viennent. Ne serait-ce que par l'engagement du groupe aéronaval, qui apportera une vingtaine de chasseurs, mais malheureusement, pas assez de Rafale Marine (1), appareils les plus adaptés, du fait de leur caractère multirôle.
On peut considérer que par rapport à ses engagements d'aujourd'hui, l'armée de l'air dispose de quelques réserves, notamment sur la flotte Rafale, encore peu déployée en opex, à l'exception des EAU (3 appareils). Une quinzaine d'appareils, soit un petit tiers de la flotte "Air" peuvent donc être raisonnablement, mobilisés.
Les affaires sont un peu moins simples pour les Mirage 2000, qui sortent d'une énième crise de leurs réacteurs, et sont déployés, pour les Mirage 2000-5 aux EAU, pour les 2000C au Tchad (3 ex) et à Djibouti (7 appareils). Les 2000D sont moblisés à Djibouti, et en Afghanistan (deux plots à trois chasseurs chacun, soit 10% de cette flotte).
Au total, 25 chasseurs étaient déjà déployés en opex, avant que ne commence Harmattan, sans compter les moyens réservés de la permanence opérationnelle (6 chasseurs) en France même. Soit 31 appareils : un peu moins de 10% des quelque 300 appareils de chasse dont dispose encore l'armée de l'air.


(1) Ce sera, peut-être, aussi, un des conséquences de ces opérations : réintéresser les politiques français aux moyens à consacrer à la défense pour permettre d'engager des moyens dans la durée.

Le Transall, ce camion à bombes

Dans l'ordre de bataille présenté ce soir par l'EMA figurait deux escadrons de transport, le 1.61 Touraine et le 1.64 Béarn, sans plus de précision. Ces appareils, habitués des largages de parachutistes ou de fret humanitaire n'ont cependant pas oeuvré dans ce domaine, mais pour transporter des bombes jusqu'aux bases avancées, apparemment, depuis un dépôt situé dans le Cher. Cette mission, évidemment méconnue, est cependant régulière, notamment sur les théâtres d'opérations.
Solenzara dispose naturellement de grandes quantités de certains types de munitions en permanence, pour pouvoir tenir sa mission de base d'entraînement pour les escadrons de chasse, qui disposent, à proximité, du champ de tir Diane.

Libye : après les trois coups...

Le Rafale C112 India Quebec quitte Saint-Dizier peu après 14h, pour une mission de reconnaissance au-dessus de la Libye. Notez le reflet sous le réservoir supplémentaire, qui signale la fenêtre du pod Reco-NG, et le plein chargement de missiles MICA (crédit ECPA/S.Dupont)


La pièce libyenne a donc commencé en début d'après-midi, avec un premier tir à 17h45, suivi d'un deuxième. L'histoire retiendra que la France a assumé ses obligations comme l'a dit lui-même le président français, et que les aviateurs en ont fait autant.
Les héritiers de Michel Croci n'ont pas failli.
Les premiers photos et films lâchés par le ministère permettent de se faire une idée des emports des avions. Les Mirage 2000D sont partis avec des GBU-12, semble-t-il, les Rafale se chargeant en AASM, qui disposent d'une allonge bien supérieure (50 km contre une dizaine pour une GBU).
Les 2000-5 emportent leur plein chargement de missiles Mica (six), avec panachage des autoridrecteurs, électromagnétiques et infrarouge.
A noter, enfin, l'implication d'un "AWACS" étranger de nationalité non définie. Il pourrait s'agir d'un des sept AWACS Britanniques, l'engagement des 17 AWACS de l'OTAN suivant un processus nettement plus complexe.

Un premier tir français vient d'intervenir (17h45)

Un premier tir vient d'intervenir sur un véhicule militaire de type indéterminé, à 17h45, vient d'annoncer, l'EMA. On ignore quel type d'appareil a tiré, et avec quel armement. "Li'dentification a été positive" apprend-on seulement.
La même source vient de détailler les premiers engagements d'une vingtaine d'appareils de l'armée de l'air engagés depuis ce matin au-dessus de la Libye, à 1.500 km de leurs bases pour certains de cs aéronefs. La première patrouille, quatre Rafale, a décollé de Saint-Dizier, à 11 heures, suivie d'une patrouille de deux autres Rafale avec un pod Reco-NG.
A 14h30, deux Mirage 2000-5 et deux Mirage 2000D ont décollé, suivis, à dix minutes, d'un strike de deux Rafale. L'un d'eux était équipé de quatre AASM, l'autre "d'armements air-sol", sans plus de précision. Six vols de C-135FR ont également eu lieu, depuis ce matin.

L'EMA détaille le dispositif

Un Rafale sur la base aérienne de Saint-Dizier, aujourd'hui : peut-être le India Quebec qui a emporté le pod Reco-NG, en début d'après-midi (crédit S.Dupont).

L'EMA vient à l'instant de détailler le dispositif mis en oeuvre dans les opérations en Libye. L'engagement d'un AWACS "depuis plusieurs jours" a été confirmé, tout comme la frégate Jean Bart, qui vient de quitter la zone, remplacer par la FAA Forbin. Les moyens aériens comportent les Mirage 2000D du 3.3 Ardennes, les Rafale du 1.7 Provence, les Mirage 2000-5 du 1.2 Cigognes, les C-135 du GRV Bretagne, ainsi, qu'en soutien, les Transall des escadrons 1.61 Touraine et 1.64 Béarn.

La Défense va communiquer tous les jours

Laurent Teisseire vient d'annoncer que les points de presse du ministère passent en périodicité quotidienne à compter de ce jour. Le premier d'entre eux vient de commencer à l'instant, qui permettra de juger quelle visibilité le ministère et l'EMA entendent donner à cette opération.

Premières photos des Rafale

Le ministère de la Défense diffuse à l'instant les premières photos des Rafale qui sont partis, à 13h, de la base aérienne 113 de Saint-Dizier (crédit S.Dupont)

Après le discours de N.Sarkozy

Les avions français déjà engagés protègent déjà contre des attaques sur la ville de Benghazi, vient d'assurer Nicolas Sarkozy, à la sortie de la réunion qui s'est tenue à Paris. Il n'a pas, par contre, évoqué explicitement les missions de reconnaissance en cours, qui ont été, avant son discours, évoqués par une source militaire non identifiée.
Le président de la République a aussi cité un exemple précis d'usage de la force contre des moyens au sol -une colonne de chars- ajoutant que des avions était placés en astreinte en France pour traiter ce genre de menace.
Pour des raisons évidentes de confidentialité, il n'y pas livré de détail supplémentaire sur les opérations en cours, et n'a pas, non plus, cité de calendrier des évènements qui doivent suivre.

Le show commence avec les Rafale (actualisé)

Une des rares photos du Rafale en configuration Reco-NG (ici un Rafale Marine). On le voit, même dans cette configuration, l'appareil dispose de quoi voir venir d'éventuels opposants, dans le ciel, avec six Mica (crédit V.Almansa/Dassault Aviation).

Les opérations aériennes ont commencé au-dessus de la Libye, avec des vols français qualifiés, pour l'heure, de "reconnaissance". C'est donc, vraisemblablement, l'entrée en scène de Rafale qui est, de fait, reconnue, quoiqu'il ne faille pas exclure, non plus, l'engagement de Mirage F1CR. Ce dernier type d'appareil est, rappelons-le, le seul (1) capable de porter, actuellement, la nacelle ELINT ASTAC.
L'interprétation des données permet alors de disposer d'une cartographie électromagnetique d'un territoire. C'est, cependant, le genre de missions qui a dû déjà être effectué.
Ce qui renforce donc l'hypothèse de missions Rafale, qui vient d'ailleurs d'être reconnue officiellement. Les appareils auraient décollé de Saint-Dizier, et survoleraient la Libye depuis déjà plusieurs heures.
Le Rafale permet d'effectuer des missions de reconnaissance stratégique, du fait de son pod multispectral Reco-NG. L'avantage de cet équipement étant, également, de pouvoir transmettre sa production à portée hertzienne. L'armée de l'air dispose de stations mobiles, qui permettent de recevoir l'imagerie de quasiment n'importe où dans le monde.
L'engagement de Rafale pour ces missions rend incontournable la mise en oeuvre de ravitailleurs en vol, et de chasseurs pour les escorter. Le "show" est donc bel et bien lancé.

(1) une fois les F1CR sortis du service (2014), il n'y aura pas de porteur, si le programme de rétrofit du Mirage 2000D n'est pas lancé.

Un temps trop tard ?

Avec l'entrée des forces gouvernementales libyennes dans les derniers bastions de l'est du pays, Benghazi et Torbrouk, les espoirs d'arrêter les exactions du régime Kadhafi sont en passe de s'effondrer, à chaque minute qui passe. Celà n'a échappé ni au leader libyen, qui n'aura eu de cesse que de gagner du temps depuis quinze jours. Ni aux Occidentaux. Mais rien ne se passe alors que depuis jeudi soir, et le vote à l'ONU, l'action militaire est possible.
On le sait, on ne peut pas effectuer -sans risque de dommages collatéraux- des frappes chirurgicales contre des troupes enkystées au milieu des populations, comme ce sera bientôt le cas à Benghazi et Tobrouk.
Le CAS urbain peut être effectivement réalisé, mais dans des limites bien connues des spécialistes, et toutes les conditions ne sont pas forcément réunies, ici. Pour des raisons évidentes, il n'est pas prudent de détailler plus avant.
Certes, les occidentaux auront -éventuellement, s'ils se pressent- beau jeu de paralyser le système Kadhafi, en ciblant tel ou tel site, mais l'esprit de la résolution 1973 aura vécu.
Car -et même si on peut déplorer les limites du textes- il s'agit bel et bien de protéger, d'abord, les populations libyennes, et non de détruire le régime du colonel.
Certes, et c'est très bien, depuis jeudi soir, la France et la Grande-Bretagne ont réuni autour de leur résolution (à tous les sens du terme) un cercle qui s'aggrandit à chaque heure qui passe. Mais les habitants de Benghazi se moquent de l'épaisseur de la coalition : ils attendent.

Libye : trois sondages webs (actualisé)

Ce blog a mis en ligne trois sondages webs (sur la colonne de droite) relatifs à la Libye, hier soir. Le premier s'interroge sur le bien-fondé de l'engagement français : la tendance est déjà, comme souvent, assez limipide, avec plus de 80% d'adhésion des internautes (1) ayant pris la peine de voter (soit plus de 300 en quelques heures).
La deuxième question porte sur le renforcement du partenariat franco-britannique, avec un score quasi-stalinien qui confirme bien que l'axe binational a bien pris.
La troisième question porte sur les temporisations des occidentaux, depuis le vote de l'ONU, jeudi soir. Je viens de la mettre en ligne, à 13 heures. A une écrasante majorité (91%), les réponses déplorent le temps perdu.
Les sondages restertont en ligne encore six jours, pendant lesquels vous pouvez encore voter.

(1) Une tendance pas si étonnante, alors qu'elle était nettement plus partagée (47%-47%) sur un sondage internet réalisé par M6 hier, sur la base de 50.000 votes. A ce score sur M6, plusieurs explications : l'âge des votants, sans doute majoritairement jeunes, et, à mon sens l'absence de limpidité dans la communication qui rend l'engagement français, et ses objectifs, peu compréhensibles.

La force aérienne lybienne, ou ce qu'il en reste (actualisé)

La chute du MiG-23 ce matin : on distingue le siège éjectable du pilote, à gauche. (doc : DR)
Cette photo est extraite d'une bande vidéo produit par la chaîne d'information Al-Jazeera, et présentée comme l'appareil abattu ce matin même à Benghazi. Il n'est pas possible d'en authentifier l'origine, mais l'avion ressemble à un Mig-23, comme ceux dont Kadhafi dispose. Depuis la fin de matinée, on a appris que cet appareil était, en fait, un avion opéré par les insurgés, et qu'il aurait été abattu par les forces gouvernementales.
Ces appareils constituent, avec les Mirage F1 et les Su-24, les appareils les plus modernes de Kadhafi, même si leur technologie remonte aux années 70.
Seulement quatre Mirage F1, deux monoplaces et deux biplaces, avaient été rétrofités par la France (sur les douze prévus) : deux ont été déposés à Malte par leurs pilotes, le 21 février. Un autre aurait été abattu depuis.
Le dictateur libyen n'aurait donc plus de Mirage F1 modernisés. Et son stock de pilotes formés a du pas mal fondre, aussi, entre ceux qui ont refusé le combat, ceux qui ont été abattus... Et ceux qui ne sont pas en mesure de prendre l'air : une des plaisanteries sur la force aérienne libyenne est qu'elle aligne plus d'avions que de pilotes.
MK a également perdu plusieurs Sukhoï, au moins un -24 et un -22. Un équipage s'était aussi éjecté en vol au début de la crise, pour éviter de bombarder une ville.
Le reliquat de sa force aérienne ne serait donc pas particulièrement redoutable face aux avions occidentaux, même s'ils sont, par contre, capables de faire du dégât contre des civils et des troupes insurgées mal équipées. Ce qui rend d'autant plus incompréhensibles les temporisations des occidentaux.
On ignore l'état exact de Mig-25R Foxbat, qui constitue, de fait, les cibles les plus véloces (Mach 2.8, contre les Mach 1.8 du Rafale...). Leur armement n'est pas forcément, toutefois, au goût du jour.
Les défenses sol-air du colonel, présentées comme assez riches -72 sites annoncés- sont cependant bien connus dans leurs effets, avec les ZSU-23 -bulle d'efficacité réduite- et des missiles sol-air SA-2, SA-3, SA-6 et SA-7 archi-connus. Sans même évoquer les Crotale livrés par la France.
Les avions que les Occidentaux vont engager disposeront donc de quoi les leurrer très efficacement. La question restant posée, par contre, pour les autres autres appareils qui pourraient être, éventuellement, engagés par les pays de la Ligue Arabe.

Pendant ce temps, MK continue à mentir et tuer

A vouloir (sur-)capitaliser leur succès diplomatique de jeudi, les occidentaux sont-ils en train de perdre du temps ? Difficile de ne pas en être persuadé, alors que sur place, la situation continue à se dégrader, et démontre la capacité du régime à mentir à la communauté internationale. Un appareil libyen a été abattu ce matin au-dessus de Benghazi, et les forces du dictateur sont en passe d'entrer dans Tobrouk.
Alors même que Kadhafi prétendait dès hier avoir instauré un cessez-le-feu. Et qu'hier, Français, Britanniques et Américains ont envoyé un nouvel ultimatum particulièrement clair à MK.
Rappelons que depuis jeudi soir, rien n'empêche le recours à la force légitime, et d'autant moins que les moyens militaires, notamment français, préchauffés depuis plus d'une semaine, étaient en mesure de délivrer des tirs sélectifs.
C'est d'autant plus facile avec la résolution 1973, que les règles d'engagement sont pour une fois particulièrement claires. Après avoir brandi des drapeaux français, la rue de Benghazi risque de, légitimement, se poser cette question : qu'attendent-ils ?

Sur le pont du PACDG

Un Rafale, un SEM, prêts au catapultage. (crédit : Jean-Marc Tanguy).


Voici les unités aériennes qui seront mises en oeuvre depuis le portre-avions Charles-de-Gaulle (PACDG) qui appareille dimanche soir pour les côtes libyennes, même si quelques -menues- incertitudes demeurent sur l'ordre de bataille. La 4F alignera deux Hawkeye, incontournable à la fois pour contrôler l'espace aérien libyen, les approches du porte-avions et guider les interceptions et raids liés à l'opération. Travail auquel peut aussi concourir une célèbre frégate antiaérienne.
La 12F est encore la seule, jusqu'à l'été, à opérer des Rafale : c'est donc elle qui constituera l'échelon de pointe de l'aéronavale en matière d'attaque de précision et d'interception des éventuels avions libyens. Le doute perdure sur la flottille d'alerte de SEM : c'est la 17F qui avait "joué" le dernier Agapanthe (novembre-février), elle devrait logiquement rempiler.
En matière d'hélicoptères, c'est la 35F qui devrait assurer le Pedro avec ses Dauphin. Pour le volet CSAR, l'armée de l'air assure, depuis 2000, et la dissolution de la 33F, après le Kosovo. L'incertitude demeure sur le volume du plot armé par l'EH 1.67 Pyrénées : avec un Caracal à Kaboul, et un deuxième englobé à Pau, il ne reste plus que quatre Caracal à Cazaux (1). La moitié devrait donc être mobilisée, avec, peut-être, un renfort de Puma.

(1) d'où l'urgence d'en affecter d'autres, comme je le rappelle dans le numéro d'Air & Cosmos en kiosque depuis hier. A l'origine, le modèle de la loi de programmation prévoyait 14 Caracal dans l'armée de l'air à l'horizon 2015. Cette flotte devait armer plusieurs plots CSAR simultanés, y compris sur le PACDG, et concourrir aux opérations spéciales.

vendredi 18 mars 2011

Libye : des bateaux, mais lesquels ?

La résolution 1973 implique l'entrée en scène de la troisième dimension, mais aussi, même si c'est moins souligné par les commentateurs, de navires. Car le texte fait bel et bien allusion, également, au respect de l'embargo sur les armes, ce qui inclut, donc, un contrôle naval.
De telles opérations ne sont font pas, là encore, sans des aéronefs -de patrouille et de surveillance maritime- mais aussi et plus évidemment encore, sans des navires gris pour, éventuellement, injecter des équipes de visite à bord des navires suspects.
Cette mission, qui peut sembler moins abrasive que les frappes aériennes, pourrait, le cas échéant, permettre d'attirer des nations supplémentaires.
La France ne s'est pas encore prononcée ce volet de la résolution 1973.
La plus grosse unité de la marine, le Charles-de-Gaulle, semble plus directement concernée par le reste des opérations. Une source parisienne faisait état, dès midi, de la disponibilité du porte-avions pour tout type d'opérations.
Jusqu'à maintenant, les missions de guerre du groupe aérien du PACDG se résume à des missions offensives en Afghanistan. La Libye présente un contexte totalement différent, avec des menaces air-air et sol-air, et éventuellement, maritimes. Et la durée des missions aériennes ne serait pas forcément plus courtes qu'en Afghanistan.
Il faudrait au porte-avions moins de 48 heures pour arriver en face de la Libye, un peu plus, éventuellement, pour requalifier les pilotes à l'appontage. Ses Hawkeye peuvent s'avérer précieux pour la zone d'exclusion aérienne.
La difficulté des marins persistant sur le faible nombre de Rafale disponibles : le GAE n'en avait conservé que neuf à bord, après la perte d'un appareil en Mer d'Arabie, à l'automne dernier. Or, de par leur capacité d'emport, et les armements qu'ils peuvent employer (Scalp, AASM, GBU-12, GBU-49 en air-sol, mais aussi les MICA, en air-air, et le pod Reco-NG), ces appareils apparaissent plus adaptés que les SEM au théâtre libyen.
Dont la vocation n'est pas, non plus, de se charger des CAP autour du porte-avions.
On en revient donc à cet état de fait : avec 30 Rafale livrés par Dassault, la marine ne peut qu'en aligner qu'une dizaine à bord du PACDG, du fait des 10 cocons (Rafale F1).
Cela devait-il, pour autant, disqualifier le porte-avions ? Non, comme l'a manifestement estimé le CEMA, qui fut, rappelons-le, le deuxième commandant du PACDG (1).

(1) et non le premier, comme je l'ai incorrectement écrit : le premier fut le CV Richard Wilmot-Roussel.

L'industrie de défense en deuxième ligne

Certains industriels français ne s'en cachent même pas : les opérations aériennes à venir vont constituer une excellente publicité pour leurs matériels, après un annus horribilis en 2010 à l'export (1). Pour autant, évidemment, que ces matériels croisent les caméras de télévision et les focales des appareils photos : or, pour l'instant, rien ne semble aller dans ce sens. Le conseil de sécurité de l'ONU semble avoir pris tout le monde de court, communiquants compris.
Cette confusion ambiante est somme toute logique : tant que le président n'a pas parlé, pas un communiquant sensé n'irait se hasarder à livrer ne serait-ce qu'une bribe d'information. D'autres invoquent la discrétion nécessaire des opérations, argument qui peu s'entendre.
Mais ces débuts inquiètent, car un label "combat proven" (éprouvé au feu) ne suffit pas, s'il n'est pas accompagné du faire savoir. Les industriels le savent, qui nourrissent leur communication avec les photos des matériels engagés en Afghanistan, par exemple.
Mais seulement quand les images existent.
Chez Eurocopter, certains n'ont pas caché avoir souffert de la non-médiatisation de l'engagement du Tigre (2), en Afghanistan, en 2009 et début 2010, ce qui a contribué à handicaper la commercialisation de son hélicoptère. Qui, de fait, n'a enregistré aucun contrat majeur, malgré son bilan afghan. Bien médiatisé, le Caracal s'est par contre bien vendu, au Brésil (50 pièces) et au Mexique.
Ce ressenti n'est pas isolé, dans l'industrie de défense. Il s'est réédité quelques mois plus tard, avec le DRAC.

(1) le missilier européen MBDA constatait ainsi mardi avoir manqué, en 2010, d'un grand contrat.
(2) L'EMA avait, à l'époque interdit la communication autour de l'engin.